Wikipédia, cheval de Troie du féminisme postmoderne
Cette semaine, Libé publiait un article intitulé « Sur Wikipédia, les féministes défrichent les fiches ». Une facette peu connue, à vrai dire insoupçonnée, du féminisme postmoderne qui consiste à faire de l’entrisme féminin dans l’immense population de contributeurs de l’encyclopédie en ligne Wikipédia.
Un phénomène minoritaire et donc sans importance ? Pas totalement, quand on sait que l’encyclopédie en ligne, participative et gratuite, peut, en théorie être rédigée par à peu près n’importe qui, et reçoit près de 500 millions de visiteurs par mois. On peut donc aussi la considérer comme un formidable outil de propagande. Et les militantes du nouveau féminisme, celles-là mêmes qui s’apparentent à ce qu’on nomme la cancel culture - on lui préférera l’antique expression latine tabula rasa - s’en emparent progressivement.
Ainsi, raconte Libé, des associations comme Affs (Ateliers femmes et féminisme) ou sans pagEs ont créé des ateliers Wikipédia où l’on pratique une sorte de rééducation au féminisme : dans ces nouvelles réunions Tupperware, on apprend à choisir soigneusement de nouvelles fiches biographiques exclusivement consacrées aux femmes dans le but de leur donner une plus grande visibilité historique. Pourquoi pas ? Sauf que, pour cela, il faut les rédiger selon les canons du nouveau féminisme. L’objectif : « faciliter la contribution pour les femmes » et, « en écrivant sur le féminisme ou des biographies de femmes, de nous approprier un savoir invisible, récupéré par les hommes ».
Ah, voilà l’ennemi tôt désigné, l’homme, voué non pas aux gémonies mais à l’effacement pur et simple. Et pour cela, tous les moyens sont bons. La présidente de l’association sans pagEs le dit sans détours : « Le but du projet est de diminuer le biais de genre. Si on se cantonne à des démarches quantitatives (augmenter la proportion féminine de contributeurs), on ne va pas produire d’articles de qualité. » Et aller donc plus loin que la simple logique des quotas, dont la pratique est déjà acquise, à rebours de la sélection par la compétence. « On essaie d’encourager des femmes, des personnes non binaires et trans à participer. On tente aussi de diminuer les représentations stéréotypées, par exemple ne pas décrire les femmes selon leurs relations affectives et familiales avec des hommes puissants, notamment dans le résumé introductif. »
Le pas est ainsi franchi, on a glissé dans l’idéologie pure, aux antipodes de la méthode de la recherche historique : la réalité des êtres devient virtuelle, elle doit s’adapter aux prismes idéologiques de notre époque. Et l’anachronisme est devenu une vertu.
La femme est atomisée, déracinée, loin de toute réalité, même sociale, même anthropologique : comment refuser d’approcher la réalité, la vie d’un être humain, « animal politique » et donc social, sans évoquer ses relations, sa filiation et sa descendance, alors que ce sont les éléments essentiels et constitutifs de la construction d’une personnalité, de son génie et de son destin ?
Dès lors, tous les fruits pourris, et faillis, de la modernité y passent : « Certains membres s’engagent aussi sur les sujets LGBT+ […] et au mégenrage pour les personnes ayant fait leur coming out non binaire ou trans. » Ainsi, le group Noircir Wikipédia travaille sur la décolonisation « avec une attention portée aux personnes afro-descendantes, particulièrement aux femmes ».
On aboutit alors, au moins sur le plan historique, à une variante de notre cher Absurdistan, où l’ignorance le dispute à la stupidité : « Le pire, ce sont les professions militaires et religieuses. Mais si on n’a pas de femmes prêtres catholiques, on ne va pas pouvoir écrire dessus. »
« De vains combats entretenus par l’obscurantisme moderne et guidés par le faux jour », écrivait Jean-Edern Hallier sur la liberté des modernes.
Décidément, « not in my name! »
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