USA : pour Jane Fonda, Trump « a fait un pacte avec le diable » !

Pour le camp du Bien, Trump ne peut être que le démon. La preuve par le livre de l’Apocalypse !
© Ksenia Chernaya / Pexels
© Ksenia Chernaya / Pexels

Lors d’une conférence de presse de l'organisation environnementaliste Greenpeace, la mythique actrice Jane Fonda a déclaré que « Trump a passé un pacte avec le diable ». Manière de parler… ou certitude religieuse ?

Pacifiste lors de la guerre du Vietnam, féministe, engagée pour le climat, Jane Fonda s’est aussi revendiquée woke : « Être "woke" signifie simplement que vous vous souciez des autres ». Le message, un peu court car il fait abstraction du caractère violemment iconoclaste et anti-occidental du wokisme, s’adressait en filigrane à Donald Trump. Ce 23 avril, elle a fait dans l’explicite. « Trump a passé un pacte avec le diable. » Le diable étant, pour cette militante écologiste, les industries pétrolières.

De la métaphore à l’exégèse

Une métaphore ? En 2019, un professeur de Harvard (cette université aujourd’hui en conflit frontal avec le président américain), Jeffrey R. Wilson, affirmait que « Trump est Satan ». Son affirmation se basait sur Le Paradis perdu, de John Milton. « Donald Trump est Satan » et les républicains qui l’ont suivi dès 2016 sont « les autres anges déchus ». D’ailleurs, on verrait un jour les soutiens républicains de Trump « tomber comme les étoiles de l’Apocalypse », dont s’est inspiré Milton. Récusant toute exagération dans la méthode, le professeur de Harvard poussait le parallèle dans le poème épique : Satan est un « orateur puissant, mais peu enclin à la vérité » — comme Trump ! CQFD.

Dans un pays façonné par les références scripturaires de la « Bible Belt », ce genre de comparaison est-il à minorer ou, au contraire, à prendre au sérieux ? Un pasteur des Églises baptistes américaines, Nathaniel Manderson, a écrit une longue comparaison où sont mis en parallèle le diable tentant le Christ dans le désert et Trump trompant la confiance de l’Église évangélique américaine. Trump, qu’il soit le diable lui-même ou bien son émissaire, a proposé à cette Église le confort, la sécurité, le pouvoir — toutes choses matérielles, sinon matérialistes. Conclusion : « L'Église évangélique se rapproche du diable. Elle s'est soumise à Donald Trump. »

Apocalypse… now!

Même méthode du côté de l’Église chrétienne réformée. Martin de Boer, Américano-Néerlandais et enseignant au séminaire théologique de Princeton, s’appuie sur Apocalypse, chapitre 13, versets 1 à 10, pour établir que Trump est, sinon l’Antéchrist final, du moins un de ses avatars qui apparaissent régulièrement dans l’Histoire. Trump n’a qu’une tête, l’Antéchrist sept — mais l’une de ces sept têtes est blessée, mortellement semble-t-il, et pourtant elle « fut guérie, et toute la Terre, saisie d'étonnement, suivit la bête ». Cela ne fait-il pas penser à la balle qui toucha l’oreille de Trump à Butler, en Pennsylvanie, et à la ferveur trumpiste qui s’ensuivit ? Prudent, Martin de Boer admet que cela est peut-être « purement fortuit ».

Mais notre théologien tient pour acquis que, comme « il fut donné à la bête une bouche prononçant des paroles hautaines et blasphématoires », Trump blasphème à longueur de discours. Il ne donne pas d’exemple, mais il est clair que « Trump est un Antéchrist parce qu'il cherche à se substituer au Christ ». Les chrétiens réformés qui suivent Trump sont de grands coupables. Sans eux il ne serait « qu'un ancien président âgé passant son temps à jouer au golf en Floride ». À quoi ça tient, de devenir l’Antéchrist!

Robert De Niro en exorciste

Exagération de pasteurs exaltés, direz-vous. Revenons à Hollywood où le non moins prestigieux confrère de Jane Fonda, Robert De Niro, a pu dire, en 2023 : « J'ai passé beaucoup de temps à étudier les hommes mauvais […] Donald Trump a quelque chose de différent. Quand je le regarde, je ne vois pas un homme mauvais. Vraiment. Je vois un homme maléfique ("an evil one"). » Jamais le camp du Bien n’aura aussi bien porté son nom, ajoutant une dimension religieuse à sa base moralisatrice. Mais si Trump est le Mal, l’Antéchrist ou Satan lui-même, on se demande ce qu’il reste à Hitler, Staline et Mao.

Picture of Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Il serait bien que Jane Fonda nous donne son avis sur le « mandat » de BIDEN !…..On s’en fout que TRUMP fasse un pacte avec le diable , ce qui compte c’est le résultat , le reste ce n’est que de la littérature . En FRANCE ,nous avons le pire du pire des pires avec Macron ce « fameux « Mozart » de la finance . Celui qui aura mis la FRANCE dans la fosse avec une faillite de plus de 3300 milliards de dette ,et qui prend des décisions sans concerter le peuple concernant la guerre en Ukraine dont nous ne savons QUE la partie immergée de l’iceberg . Alors ,toutes ces fameuses « starts » feraient bien mieux de s’abstenir de faire des commentaires du haut de leur tour d’ivoire .

  2. Effectivement, il est important de soutenir les artistes du monde entier qui mettent leur notoriété au service de la lutte contre les mouvements populistes et complotistes d’extrême droite.
    Les luttes contre l’extrême gauche et l’extrême droite qui menacent nos démocraties constitueront les enjeux principaux de nos sociétés pour les années à venir.
    Soyons vigilants …

  3. Encore une qui parle de trop ! inordinate talker ! N’était-ce pas elle qui faisait, en son temps, la propagande du Viêt-Cong ? Quand on a servit le diable à sa table, on est mal placée pour discourir et le reconnaitre chez autrui ! On se tait et fait profil bas !

  4. Je crois que cette dame-là ne sait pas qu’on ne peut être et avoir été, elle a eu ses heures de gloire, il est temps maintenant qu’elle s’occupe de ses petits enfants si elle en a ou qu’elle retourne à l’EPÄD, moi aussi je suis vieux mais j’ai la sagesse de le savoir.

  5. Elle semble bien connaitre Donald, elle est sans doute une confidente pour savoir de telles choses. Idem que pour Attali, l’age n’apporte rien de bon au-delà d’un certain seuil. Pendant un certain temps il aide à mieux comprendre, se méfier, analyser avec documentation et expérience, mais ensuite, tout se brouille, on ne sait plus ce qu’on vient chercher dans telle pièce

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il y a un fort état d’esprit anti-propriétaires
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois