Spotlight : les télévisions publiques veulent vérifier la bonne parole

Se désigner fact-checker revient à se décerner un brevet d’objectivité à bon compte et à garder la main sur l'info.
© EUR
© EUR

Non contente d’organiser le concours, parfois sympathique, souvent politisé, de l’Eurovision, l’Union européenne de radio et télévision (UER) lance le réseau Spotlight. Un nouvel outil chargé de « lutter contre la désinformation et soutenir les informations fiables ». Un service de fact-checking international sur fonds publics, un de plus — mais au service de qui, de quoi ?

Des médias publics fiables à 90 % ?

Malgré son intitulé, l’UER n’appartient pas à l’Union européenne. Créé en 1950, c’est un syndicat professionnel de droit suisse et qui regroupe des médias publics européens, africains, asiatiques… La France y est bien représentée, avec Arte, France 24, RFI et tout le groupe France Télévisions : France 2, 3, 4, 5 et France Info. France TV est dirigé par Delphine Ernotte. Elle a donné au groupe une ligne assumée, militante, en faveur de « l’inclusion ». Il se trouve qu'elle est également présidente de l’UER depuis janvier 2021.

Aussi s’interroge-t-on à bon droit sur cet « Eurovision News Spotlight ». Oh, sur le papier, comment ne pas être d’accord dès qu’il s’agit de « contrer les mensonges et la désinformation en ligne » (communiqué) et de vérifier les informations ? Mais lorsque Florent Latrive, directeur adjoint de l’information de Radio France, déclare que « les médias de service public ont la responsabilité unique d'être un havre de vérité dans un océan de contrefaçons et d’incertitudes », on flaire l’entourloupe. Selon un responsable d’Eurovision News, « les médias de service public sont déjà la source d'information la plus fiable dans plus de 90 % des pays européens ». S’ils étaient à ce point fiables, les gens seraient-ils à la recherche d’autres sources d’informations solides telles que BV, par exemple ?

Le fact-checking comme manipulation

Se désigner soi-même fact-checker revient à s’auto-décerner un brevet d’honnêteté et d’objectivité à bon compte. Mais avec un risque de retour de bâton violent. Mark Zuckerberg a expliqué pourquoi il a fermé les services de fact-checking de Meta (Facebook, Instragram) : « Les vérificateurs de faits ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu’ils ne l’ont améliorée, en particulier aux États-Unis. » Et ce 16 avril, Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, a annoncé la fermeture du Counter Foreign Information Manipulation and Interference (« Service de lutte contre la manipulation de l’information et les ingérences étrangères ») afin, justement, de « défendre la liberté d’expression des Américains ».

L'UER, relais de l'UE. Source: https://www.ebu.ch/files/live/sites/ebu/files/Publications/EBU-Creating-Communities_FR.pdf

J.D. Vance a tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la liberté d’expression en Europe et les faits lui donnent raison. La fermeture de C8, évidemment. Mais aussi le scandale des médias arrosés par la Commission européenne dans le cadre de la campagne des élections européennes de juin 2024. Parmi les médias arrosés, selon Il Fatto : la RAI, groupe de télévision publique italienne et qui se trouve être membre de… l’UER. Celle-ci sert d'ailleurs les intérêts de l'Union européenne qui finance certains projets : « Reconnaissant l’exemple que donnent les médias de service public aux pays candidats à l’adhésion à l’UE, la Commission européenne a chargé l’UER de contribuer à préparer le terrain. » Préparer le terrain, comprenez : préparer les esprits... au bonheur qui les attend lorsqu'ils feront partie de l'UE.

L'Open Society en embuscade

Les politiques de DEI (Diversité, Équité, Inclusion), que les Etats-Unis abandonnent, l’UER les cultive soigneusement : elle « ne tolère aucune forme de discrimination ou d'exclusion concernant, entre autres, le sexe, la nationalité, l'origine ethnique, le handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle ». On sait très bien qu’une telle phrase est tout sauf neutre. Elle est synonyme de progressisme sociétal, de destruction des valeurs traditionnelles, de société liquide sans repères identitaires et ouvertes aux migrations.

C’est l’idéal de Soros. Sans surprise, l’UER a, par le passé, proposé des bourses cofinancées par l’Open Society Foundations de George Soros. Et des mentorats, que l’Open Society « parraine aussi généreusement ». Ce lobbying est l’équivalent de l’action télévisuelle de Delphine Ernotte qui expliquait : « On ne représente pas la France telle qu’elle est mais telle qu’on voudrait qu’elle soit. » Le projet Spotlight servira donc, en influant sur l'information, ce projet de société. Avec de l'argent public, puisqu'il s'agit de médias publics : le contribuable paie pour sa propre rééducation. Si le fact-checking avait existé durant la guerre froide, il aurait été inventé par la Pravda.

L'UER liée à l'Open Society Foundations. Source: https://www.ebu.ch/files/live/sites/ebu/files/Publications/EBU-Creating-Communities_FR.pdf

Picture of Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Julien Pain sur Rance unfaux décrypte souvent les arguments du RN et des Nationaux. Les mêmes invités nous vendent leurs salades.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il y a un fort état d’esprit anti-propriétaires
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois