Saint-Ouen : faute de chasser les dealers, on va déménager l’école maternelle

Les parents de l'école voteront ce jeudi pour accepter ou non l'alternative. Comme à Nîmes, Arles ou Marseille.
écoliers enfants genre

Au cœur de la cité Arago, à Saint-Ouen (93), il faut franchir la barrière de péage des dealers pour conduire son enfant à la maternelle. Mardi, on a réuni les parents pour leur annoncer que les classes allaient « migrer ». C’était le 1er avril, mais ce n’est pas un poisson.

« Plus jamais ça », « La fermeté va s’imposer », « Nous serons intraitables », coups de menton et rodomontades, etc. et bla-bla-bla. On connaît la chanson, c’est « paroles, paroles », pour reprendre Dalida.

La réalité, c’est que la force revient aux dealers et que ce sont les honnêtes gens qui doivent battre en retraite. C’est tout ce qu’on est capable de proposer aux parents des petits de la maternelle située au 15, passage Élisabeth, à Saint-Ouen. Ils voteront ce jeudi pour accepter – ou non – l’alternative qui leur est proposée : déménager les quatre classes dès le retour des vacances de Pâques, le 28 avril, et répartir les enfants entre l’école Émile-Zola et la crèche Monmousseau. Plus loin, moins pratique, certes, mais « à l’abri des dealers », nous dit Le Parisien.

À l’abri pour combien de temps ?

La peur au ventre, les parents qui témoignent auprès du quotidien réclament l’anonymat. Ils ont peur des représailles. « Dès le premier jour à la rentrée de septembre, j’ai vu des guetteurs partout », dit l’un, avant d’ajouter : « Très souvent, le soir, il y a des courses-poursuites entre les dealers et la police quand on vient chercher nos enfants. » Plus grave encore, il arrive que les dealers se « débarrassent », pour éviter le flagrant délit. Alors, pour que les petits enfants ne soient pas tentés de ramasser ce qui a atterri dans la cour de l’école, on a installé un filet de sécurité. Dans les beaux quartiers, on aurait songé à un court de tennis ; ici, « on avait quand même l’impression de mettre nos enfants dans un zoo », dit un parent.

Alors, il y a fort à parier qu’ils voteront tous, ou presque, en faveur de l’exil de leurs enfants. Un éloignement qui devrait, en principe, durer jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pourquoi ? Parce que « fermer définitivement cette école aurait été vécu comme un recul par rapport au trafic », déclare, sur X, l’ineffable Éric Coquerel, député LFI de la circonscription.

« La méthode Saint-Ouen, c’est qu’on rénove le quartier, on l’aménage et on lutte contre l’impact des dealer », a déclaré, sur Public Sénat, le maire PS Karim Bouamrane. Il pense que la création d’un terrain de sport multi-jeux va régler la question. Et peut-être, aussi, une médiathèque à brûler, comme à Dijon, ou une bibliothèque, comme à Grenoble, les deux, le mois dernier, « sur fond de trafic de drogue » ?

Oser la bonne question

Bien qu’on eût préféré qu’il soit question d’État et de gouvernement plutôt que de République, Le Figaro pose la bonne question : « C’est quoi, cette République qui laisse les enfants face aux dealers ? »

Saint-Ouen n’est qu’un énième cas - un de plus - dans la marche de la France vers un narco-État. En 2020, déjà, à Nîmes, deux écoles avaient été délocalisées dans un quartier gangrené par le trafic : tirs à l’arme de guerre, un mort, une alerte attentat-intrusion dans l’école… « Est-ce qu’on peut tranquillement faire réciter leurs conjugaisons à des enfants alors qu’un homme s’est fait abattre à quelques pas de là ? », demandait le directeur.

En 2022, à Arles, on a construit un mur devant l’école Jules-Vallès, au sein du quartier prioritaire de Griffeuille, pour protéger les enfants des tirs. L’adjointe chargée de la sécurité déplore, sur BFM : « La proximité du trafic, qui a lieu malheureusement (sic) très près de cette école, fait que le fait de faire ce mur sert à la préserver et dire que ce qui se passe dans cette école reste dans cette école. » Difficile de faire de la langue de bois plus filandreuse.

On apprend que l’initiative en revient, pour moitié, au rectorat d’Aix-Marseille, lequel va sans doute proposer, aussi, d’ériger un mur devant l’école élémentaire du quartier de Saint-Mauront, à Marseille ? Le maire supplie le préfet de faire au moins installer une caméra de vidéosurveillance, pour l’instant sans succès.

Quant à savoir ce qu’est « cette République qui laisse les enfants face aux dealers », c’est un État failli qui préfère organiser la chasse à une extrême droite fantasmée plutôt que de se préoccuper de la sécurité de ses citoyens.

Au train où vont les choses, et si les Français veulent avoir une idée de leur (proche) avenir, on leur suggère de regarder l’excellente série suédoise Paradis City. Après les murs devant les écoles, l'enceinte autour de la ville pour riches. C’est la prochaine étape.

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Quand on se droguait au vin rouge , il y avait moins de problème , mais c’était avant !! Et en plus nous étions des patriotes comme disait COLUCHE !!

    • Hallucinant et traumatisant : voilà que la société française capitule en fuyant devant la violence et le banditisme ! cette honte a un goût de débâcle.
      Et l’autre qui veut que nous attaquions la Russie ! V. Poutine doit en rire encore…

  2. Pourquoi ne pas suggérer aux Français de quitter de suite leur pays ? agissant ainsi, nos politiques feraient (pour une fois) acte d’honnêteté !
    Lamentable.

  3. Mais attention, Macron va aller faire peur à Poutine et lui intimer d’arrêter immédiatement et sans condition la guerre en Ukraine.

  4. De reculades en reculades le bon sens perd pied dans notre pays. Comment accepter qu’une école soit déplacée pour plaire à des toxicos ? Nos dirigeants ont-ils perdu leur bon sens ? Que se passe-t-il pour que de telles décisions soient possible ? Les écoles reculent devant les toxicos, les habitants reculent devant les racailles, les politiciens reculent devant les humiliations, etc… Jusqu’où allons-nous descendre ?

  5. et c’est ainsi qu’on veut lutter contre le narcotrafic ? C’est aux gens corrects, et aux enfants, qu’on demande de s’effacer. On fait vraiment tout à l’envers en France.

  6. Il faut harceler les consommateurs : en cas d’usage en récidive de stupéfiants, pas d’emploi public, pas de logement public, perte de points sur le permis, perte des droits civiques, inscription sur le casier judiciaire, perte des mandats électifs, impossibilité d’exercer certains emplois : chauffeur, chirurgien, educateur, etc…

    • Commençons déjà par virer nos politiques , addicts a la cocaïne et autres chemsex, ça fera le ménage !

  7. Quel manque d’imagination quand il eût suffit d’accueillir nos frérots-dealers au sein même de l’école, afin de former les jeunes élèves à devenir eux-mêmes choufs, dealers ou grand-frères.
    Un plan de carrière tout tracé (de coke)

  8. Seule la dechéance de la nationalité française pour les binationaux délinquants devrait être la norme.
    Et l’expulsion définitive des dealeurs .

  9. En fait ce sont les dealers et les racailles des cités qui font la loi en France…. Mais on tourne pudiquement les yeux et on se réjouit d’une « vraie » justice « forte » pour mettre la France hors du grand danger fasciste en condamnant MLP à l’inéligibilité…. Franchement la France est devenu un pays magnifique gouverné par des bras cassés qui la ruinent et la détruisent….

  10. Bonjour, si je ne m’abuse c’est bien la Gendarmerie Nationale qui s’est vue « enrichie » d’engins blindés pour ses compagnies de Gardes Mobiles ?!? Ces dernières n’ont-elles pas pour vocation de maintenir et rétablir l’ordre public si cher à nos ministres de la « communication »? Ne serait-ce donc pas l’occasion de vérifier grandeur nature sur le terrain que nos impôts ont été correctement investis ou le locataire du 55 du Faubourg Saint Honoré, le « trouillomètre » à zéro, hésite entre les « donner » à son copain de Kiev ou les garder bien au chaud pour pouvoir s’en servir contre nous le jour où nous pourrions bien « péter un plomb » et nous prendre l’idée pas si folle que cela d’aller leur botter le derrière vers la sortie, nous les « sans dents », les « sans costards ni cravate » et les « inutiles qui osons abuser de notre retraite » (à mon instar) ? « Aller les narcotrafiquants, calmez-vous, tout va bien se passer », vos « souteneurs de la ripoublique » sont là pour veiller sur vous et vous protéger au cas où les marmots en viendraient aux mains et vous vireraient avec perte et fracas!
    Marianne, nous sommes de plus en plus en colère de voir ces tristes sires sacrifier tes propres enfants par peur des racailles et pour pouvoir protéger leurs minables petits profits et glorioles!!

  11. Combien celà coute t’il encore aux contribuables ? On rapatrie nos soldats pour remettre de l’ordre partout dans ce pays . Inadmissible que les français vivent la peur au ventre au quotidien pendant que nos élus vont fêter la fin du ramadan sous haute protection . Sortons tous armés pour régler les problèmes serait la seule solution face à la défaillancze de nos politiques incapable de protéger les citoyens et en particulier les enfants . Macron la seukle guerre a mené est ici en France contre ces petits voyous qui à priori font la loi ou j’ai mal compris . Le peuple en a vraiment marre et ça va mal finir .

  12. la France recule partout et ce n’est pas en Seine Saint Denis qu’on va combattre les dealers, avec LFI. Bientôt l’école sera ensuignée dans le Larzac, pour certains écoliers il faudra 10 heures de train, ou les parents abandonneront le pojet scolaire pour leurs enfants, c’est la 6ème république que veut mélenchon que des ignares à manipuler.

  13. Pendant ce temps , les responsables d’une fusillade contre un kebab a Nantes sont relaxés.
    Un mort par balle, et déjà condamnés pour trafics de drogue

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La grève des trains prend les Français en otage
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois