Les Républicains : chronique d’une déconfiture
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"Fluctuat nec mergitur""Il est battu par les flots, mais ne sombre pas") : la devise de Paris conviendrait bien au parti qui fut la grande formation française de centre droit, lorsque la logique politique semblait tendre un peu partout vers le système binaire d'alternance entre deux forces politiques rivales selon le modèle anglo-saxon. Ils avaient les démocrates et les républicains, les conservateurs et les travaillistes.
Cette évolution dépend avant tout du mode de scrutin. Le vote uninominal par circonscription à un tour y conduit. La proportionnelle la freine ou l'empêche suivant l'importance qu'on lui donne. En Allemagne, le mélange des deux types d'élection a maintenu des partis de second rang avec la nécessité de coalitions post-électorales.
En France, l'introduction stupide à droite, perfide à gauche, de la proportionnelle, dans certains scrutins, a permis l'émergence du Front national et a amené une situation choquante où le parti qui réunit depuis longtemps un grand nombre d'électeurs n'a qu'une poignée d'élus dans une Assemblée nationale peuplée d'inconnus portés dans l'Hémicycle par leur lien avec un Président lui-même fruit des circonstances et de l'opération menée contre Fillon.
Pour qu'un système binaire fonctionne bien, il faut que les deux grands partis qui le constituent intègrent une diversité de courants qui leur permettent de s'adapter à la demande des électeurs qui les soutiennent. C'est ainsi que les républicains ont connu, aux États-Unis, une "droitisation" entre l'échec de Goldwater et le succès de Reagan, par exemple.
En France, l'UMP avait les moyens de remplir ce rôle. Elle réunissait les gaullistes du RPR, les centristes, souvent d'origine démocrate-chrétienne, et les libéraux. Si le RPR avait gardé son inspiration d'origine, son patriotisme réservé sur la construction européenne, son conservatisme sociétal, son souci des valeurs nationales, le Front national n'aurait pas connu cette ascension sans accès au pouvoir qui est une impasse démocratique. Or, l'addition des courants réunis dans l'UMP, devenue Les Républicains, s'est révélée une soustraction. Le RPR a été englouti dans un magma progressiste et eurolâtre caractérisé par deux éléments : une conception passive de la politique toujours soucieuse de suivre la pente naturelle des événements et un carriérisme échevelé de politiciens professionnels dénués de toute conviction, hormis celle d'avoir un destin personnel à accomplir. Or, chaque fois que le mouvement a tenté, l'espace d'une élection, d'échapper à cette dérive, le microcosme médiatique à l'extérieur et un certain nombre de personnages narcissiques à l'intérieur se sont ligués pour l'y faire renoncer.
C'est le même phénomène qui se reproduit en ce moment : Laurent Wauquiez sent bien que les pays occidentaux - européens en particulier - connaissent un mouvement puissant de réaction contre une décadence et un déclin, perçus en termes de perte de puissance dans le monde et d'identité à domicile. Qu'un parti, qui est issu notamment du RPR, souhaite que la France reste la France, voilà qui est bien naturel, même si c'est un peu tardif.
Les critiques formulées par Mme Calmels sont des aveux. Elle dénonce une ligne "populiste" et "identitaire", comme si le gaullisme, adepte du référendum, et épris d'indépendance nationale, n'était pas l'un et l'autre. Elle revendique la diversité des sensibilités comme si, depuis des années, celle qu'elle incarne, la confusion entre la pensée politique et la mode médiatique, n'avait pas empêché la droite de penser. Elle renvoie la défense de l'identité nationale au passé révolu, en ne voyant pas à quel point cette préoccupation est devenue principale. Mme Calmels vient du monde de la communication. Elle en porte les stigmates. La politique n'est pas un jeu personnel qui consiste à ciseler de petites phrases pour suivre la pente du moment. Elle doit être un grand effort collectif pour remonter les pentes qu'un pays descend parfois, comme la France "allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin". Cette aspiration devrait rassembler toutes les femmes, tous les hommes, qui des Républicains au Rassemblement national en passant par les Amoureux de la France sont animés par de véritables convictions au premier rang desquelles se situe le patriotisme.
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