Rats morts, entrepôt en tôle et Placo® : des députés RN visitent les locaux de l’OFAST

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Un article du Parisien révélait, le 16 mars, les conditions de travail déplorables des treize enquêteurs de l’OFAST (Office anti-stups) qui exercent leurs fonctions dans l’antenne d’Orly. Alertée par ces images, une délégation de députés du Rassemblement national s’est rendue sur place, ce mercredi 20 mars, afin de constater l’ampleur de la situation, « de faire remonter ces problématiques importantes » et d’y apporter une réponse politique, résume Pierre Meurin, député du Gard. L’OFAST a été lancé en 2019 par Christophe Castaner. Il s’agit d'un service de la police judiciaire chargé de la lutte contre le trafic international de stupéfiants. Leur mission : « Traiter les mules pour remonter les réseaux et les démanteler », explique à BV Yves Crespin, sous-directeur du soutien opérationnel. Il poursuit : « La douane cherche le produit ; nous, on cherche les trafiquants. » Les mules interpellées à l’aéroport sont placées en cellule de rétention dans cette antenne de l’OFAST à Orly. La majorité d’entre elles sont en provenance de la Guyane, des Antilles et du Brésil. Le bénéfice est énorme : dans les pays de départ, la cocaïne coûte 1.000 euros le kilogramme en moyenne ; arrivée en France, elle multiplie par trente sa valeur : le coût du billet ne dissuade personne, tant la marge est énorme. Les mules portent leur marchandise dans des valises ou l'incorporent (la mule ingère des ovules de cocaïne). Une nouvelle tendance émerge : dissimuler la drogue dans les dreadlocks des porteurs - jusqu’à 2 kilogrammes par tête.

Les conditions de travail indignes des agents de l’OFAST

La lutte contre ces réseaux est essentielle : « Il s’agit d’une problématique sociale et de santé publique », dénonce Edwige Diaz, députée de Gironde. Mais les moyens mis en place à Orly ne sont pas à la hauteur de la mission que l'office doit mener. Les locaux, un entrepôt en tôle sous vidéosurveillance sans source de lumière ou ventilation, sont supposés être temporaires. Ils le sont depuis quatre ans, maintenant. Freddy Brossard, secrétaire national du SNUIPN (Syndicat national unitaire intérieur police nationale), présent lors de la visite des élus RN, s’indigne de cette précarité : « Il y a un projet de local définitif tous les quatre mois, aucun ne voit le jour. J’ai décidé de quitter l’OFAST. Je suis fonctionnaire de police depuis vingt ans, mais les conditions dans lesquelles on travaille ici sont inadmissibles : dans un entrepôt en tôle, la chaleur en été et le froid en hiver sont impossibles. Il y a des rats dans notre salle de repos qui côtoie directement la cabine de toilettes de chantier mise à la disposition des détenus. » Il poursuit : « Le bureau de 18 mètres carrés est conçu pour deux personnes. Il en accueille cinq, aujourd’hui. » Selon lui, ces conditions ne permettent pas aux treize policiers qui travaillent dans ce service d’optimiser leur travail, alors que la tâche est énorme : selon Yves Crespin, sur les plates-formes aéroportuaires, ce ne sont pas moins de 800 gardes à vue qui ont été prononcées par l’unité en une année. Nicolas Meizonnet, député du Gard, raconte sa visite dans les cellule de détention dont l'accès n’est pas autorisé aux journalistes : il y a des trous dans le sol, les cloisons entre les salles sont tellement fines qu’il est possible de communiquer d’une cellule à l’autre (Pierre Meurin a essayé).

L’omerta s’installe autour du manque de moyens déployés 

L'entrepôt est supposé être le plus discret et confidentiel possible, sûrement pour compenser la pauvreté du dispositif de sécurité dont il dispose. Pourtant, Freddy Brossard l'assure : « Si vous demandez à n’importe qui, dehors, où se trouve la police, ils vous dirigeront vers ici, tout le monde le sait. » Et pour cause : si aucune infraction n’a été à déplorer pour le moment, des « comportements étranges, à surveiller », ont été rapportés par les caméras de surveillance du site. Quant à la sécurité des prises faites sur les mules, elle reste assez relative. En effet, si les hauts fonctionnaires chargés de la visite assurent qu’elles sont protégées dans une armoire sécurisée derrière une porte lourde, Freddy Brossard ironise : « Autour de cette porte, les murs sont en Placo®. »

Une réelle omerta s’est installée autour de cette situation alarmante. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ne s’est jamais rendu dans l’antenne d’Orly. Pourtant, il ne s’est pas privé de rendre visite à l’antenne de l’OFAST située aux Caraïbes. Pour Edwige Diaz, il est temps de « dénoncer l’autocongratulation de certains ministres ». À grands coups de communication, tel que le dernier voyage surprise du président de la République à Marseille, la majorité veut faire croire à sa détermination d’éradiquer les trafics de drogue. Sur le terrain, visiblement, cette lutte n’a pas les moyens de ses ambitions.

https://www.youtube.com/watch?v=LuIhaFx3N5w&feature=youtu.be

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/04/2024 à 9:14.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

46 commentaires

  1. De la cocaïne dans les dreadlocks à Roissy et en même temps des députés veulent faire voter une loi sur la discrimination capillaire. Y aurait-il connivence et complicité?

  2. Quand il manque des moyens pourquoi ne pas les prendre sur ceux des organismes et privilégiés tels que la presse subventionnée,,le ministère de la culture,les hauts commissariats inutiles qui ne rendent des comptes à personne…..À méditer…

  3. Quand on est stagiaire et qu’on a la chance de s’exprimer, on parle et écrit français et non le jargon des écoles de journalistes. Pouvez-vous nous dire ce que sont les « dreadlocks »?

    • Bonjour,
      Est-ce que « boucles de terre ou cadenettes » vous aurait éclairé ?
      Si non, en 2024, rechercher ce mot sur internet vous aurait pris moins de temps.

    • Le soulèvement des banlieues ? Excellent exercice réel pour la Légion avec carte blanche. La méthode Israël, il n’y a que ça de vrai.

  4. C’est la « taule » pour nos policiers ! Mais quelle honte de donner de tels lieux pour ceux qui nous protègent !

  5. C’est avec de tels réalités que nous pouvons vraiment se rendre compte du manque de volonté des gouvernements (hors paroles) de lutter contre la drogue qui a pris une tel ampleur qu’imaginer son éradication ferait dans les cités, et de moindre ampleur ailleurs, l’effet d’une bombe social les privant de revenus conséquents.

  6. En résumé le macronisme c’est de la com encore de la com toujours de la com et derrière le vide.

  7. Et oui, après Marseille, on voit un gouvernement complice, de ces importations. Depuis 2017, on cherche à avachir, faire peur au peuple; pour mieux le dominer, puis par derrière, on établit des lois en douce pour protéger leurs arrières. Le Pays est en perdition.

  8. Entrepôt en tôle (et pas en taule !) certes mais il faudra prendre des mesures très fermes contre les usagers des drogues. Après une consultation médicale obligatoire et sevrage volontaire, si l’usager rechute il faudra prendre des mesures très autoritaires contre les usagers des drogues. Si l’usager rechute : hospitalisation obligatoire dans un service hospitalier de courte durée (ou ambulatoire) pour sevrage , puis dans un service de soins de suite et de réadaptation en addictologie pour consolider l’abstinence, à prévenir la rechute. S’il la consommation diminue le trafic diminuera. Il faudra aussi étudier la possibilité de proposer -sous contrôle de l’hôpital – les stupéfiants à très bas coût pour aider les malades en état de manque et de dépendance financière puis les envoyer en cure fermée.
    On aurait évité le cas Palmade et bine d’autres du show biz des médias, de la politique.

  9. Déchéance de nationalité pour les binationaux délinquants.
    Vous verrez les trafics vont s’arrêter rapidement

  10. Curieusement, il y a pas de dealeurs dans les rues a Riyad ou Dubai.

    Les 30 ans fermes ou la peine de mort sont dissuasives .

    Ce sont surtout des pakistanais ou Afghans qui essayent de rentrer dans ces pays du Golfe avec de la drogue.
    Ils se font prendre a l’aéroport.
    Car les valises sont fouilles ou scannés.

  11. L’état des cellules m’importe peu ce sont des criminels , mais l’état des locaux de fonction et les conditions de travail sont à l’image de ce que fait ce gouvernement pour son peuple . De la maltraitance à tous les niveaux pour les français . Le maximum d’argent est réservé aux racailles et aux migrants au détriment du peuple français . Honte à ces élus qui ne se prvent de rien mais qui en prennent toujours plus aux français . Aforce de tirer sur la corde elle va casser et cela va arriver plus vite qu’ils ne le pensent .

    • En ce qui me concerne, je voterai Bardella, Maréchal-Le Pen , ou Asselineau : A 71 ans, je ne veux pas reposer sous une terre hostile !

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