Quand la cigarette du peintre David Hockney fait scandale

Naguère, la vie était plus simple : les sociétés d’affichage dans les transports affichaient. Mais, pour MediaTransports, la principale d’entre elles, c’est devenu plus compliqué puisque, nous assurant sur son site : « MediaTransports, une régie engagée. Face aux défis environnementaux et sociétaux, et soucieux de la maîtrise des impacts de ses activités, le groupe est engagé dans une politique de responsabilité sociétale de l’entreprise qui s’applique à l’ensemble des sociétés du groupe. »
Ça ne veut pas dire grand-chose et, surtout, engage à encore moins, sauf quand il s’agit de refuser de placarder les affiches assurant la promotion du récent ouvrage de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, Ce que je cherche (Fayard). Finalement, les tribunaux en ont décidé autrement, obligeant cette entreprise à faire son métier, ce qui, finalement, n’est tout de même pas trop lui demander.
Mieux vaut se droguer que fumer…
Aujourd’hui, la censure frappe à nouveau, MediaTransports ayant interdit une nouvelle campagne d’affichage, celle de la rétrospective consacrée à David Hockney par la fondation Louis-Vuitton. Le crime de ce peintre anglais ? Une photo de lui sur l’affiche en question, où il tient une cigarette à la main. Comme quoi il n’y a pas que Jordan Bardella qui fasse un tabac. Cité par Télérama, Jean Frémon, fin connaisseur de l’artiste, s’insurge aussitôt : « La cigarette, c’est le repos après l’effort, la détente après la concentration. C’est elle, aussi, qui met en marche l’esprit critique qui va apprécier ou corriger l’image. Fumer, pour David Hockney, c’est se relire. » Il est vrai qu’à 87 ans, ce n’est probablement pas demain qu’il arrêtera l’herbe de ce brave Jean Nicot. Cela n’a d’ailleurs pas l’air de lui avoir si mal réussi que ça, surtout lorsque comparé à un autre peintre, Jean-Michel Basquiat, mort de l’héroïne alors qu’il n’avait pas encore trente ans. Bref, le tabac a l’air de tuer lentement. Voilà qui tombe bien, David Hockney n’a jamais été du genre pressé.
Quant à ces « défis sociétaux » dont MediaTransports semble avoir fait l’une de ses raisons sociales, ils paraissent principalement concerner la lutte contre la cigarette et le populisme tout en négligeant au passage un « défi » plus grand encore : ces piscines devenues la marque de fabrique de David Hockney depuis des décennies. Quel bel exemple, pour la sauvegarde de la planète ! Avec tout ce qu’il ce qu’il a peint comme flotte, on aurait sûrement de quoi ravitailler le Sahara en eau pour au moins un siècle. Sans négliger ces éphèbes languissants et amoureusement dessinés qui se prélassent au bord des mêmes piscines. Voilà qui sent bon l’emprise et le harcèlement à plein nez. Que ne ferait-on pas, pour être couché sur toile ? On espère pour l’artiste qu'il ne les obligeait pas à avaler la fumée.
Stop à la tabacophobie !
À ce train, les nouveaux puritains s’en prendront bientôt à l’homosexualité revendiquée de notre homme, déjà stigmatisé pour une simple cigarette. Pourtant, David Hockney sans son clope, ce ne serait plus David Hockney. Comme Lucky Luke sans son mégot. Comme l’inspecteur Maigret, Sherlock Holmes, Jacques Tati, Georges Brassens et le capitaine Haddock sans leur bouffarde.
Pareillement, imagine-t-on Serge Gainsbourg sans sa Gitanes ou Coco Chanel sans son fume-cigarette ? Non. C’est pourtant ce qui est arrivé aux affiches des deux films retraçant leur vie, ces deux icônes s’étant retrouvées tricardes de perlot pour avoir le droit de s’afficher dans les transports publics.
Un sort semblable est également arrivé à une autre affiche, celle du film Pulp Fiction (1994), de Quentin Tarantino, où Uma Thurman était à son tour privée de cigarette. Là, c’est tout de même fort de tabac. Car cette bouse infâme – quelle mouche a-t-elle bien pu piquer Clint Eastwood, président du jury du Festival de Cannes, de lui remettre la Palme d’or ? – dépeint complaisamment ultra-violence gratuite, consommation d’héroïne, misogynie pénible et tortures sadiques ; ce qui passe comme une lettre à la poste. Mais c’est la clope qui coince. SEITA désespérer.
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17 commentaires
L’absurde fait partie de ce monde. Chaque publicité de voiture nous conseille maintenant de privilégier la marche.
Quand j’entends à longueur de journée « consommez avec modération », j’ai vraiment l’impression qu’on nous prend pour des gamins de cinq ans. Et quand je vois où nous mène ce gouvernement, j’ai une envie irrépressible de le mettre à boire et à fumer.
Il n’y a de jour où l’état ne nous enlève une liberté au prétexte fallacieux de “ notre bien “…
J’en suis venu avec mon goût pour le rire à me dire que si j’avais un enfant, je le nommerai
“ Modération “ pour avoir le droit de boire un verre quand je veux , avec , bien sûr “modération “ …sans qu’on m’enquiquine…
Un vieux de 82 ans passés , pas alcoolique mais amoureux du ou des plaisirs car la vie doit être un plaisir.
A la vôtre!
Bravo Mr. Nicolas Gauthier de vous montrer avec votre…cigarette!..
La pornographie dès la maternelle : bien.
La drogue institutionnalisée : bien.
La cigarette qui, quoi qu’on en dise fait partie du monde du 20ème siècle, pas bien.
Allez comprendre. Ou plutôt, on a bien compris ce qui se cache derrière.
et aussi un ti’coup à boire non ? à la nôtre !
Interdire interdire… c’est tout ce que cette engeance sait faire.
Et si nous leur interdisions de faire de la politique ? On respirerait mieux dans ce pays.
Avec la « Clope » nous avons fait les « 30 glorieuses » !! Avec la « Coke » que sommes nous en train de faire aujourd’hui ???
Ils ont décrété que c’est plus sain de mourir camé à 25 ans qu’être amateur de la cigarette et du petit ballon de blanc et finir sa vie tranquillement à 80 ans .La france est un asile ou les « soignants » sont les fous
Vraiment les emmerdeurs sont au pouvoir en France
Pourtant dans les séries françaises ça fume a tout va et souvent des femmes. Je ne suis pourtant pas misogyne il s’agit simplement d’un constat.
Jacques Tati s’est vu gommer la pipe de Monsieur Hulot, Malraux sa cigarette au bec sur un timbre, au même titre que Sartre.
J’ai arrêté la Gitane il y a bien longtemps, au nom de la course à pied.
Mais bon sang, quel bonheur j’éprouve lorsque je visionne les films de Claude Sautet, notamment. La cibiche est partout, elle fait partie du film, oserai-je dire.
Je n’entends pas prôner le tabac, mais franchement, des substances bien plus nocives sont en circulation.
La cigarette, c’est comme le reste : c’est l’abus qui est nocif. A quand l’interdiction des bonbons car le sucre c’est mauvais ?
En France, aujourd’hui tout devient scandale !
Au secours JD Vance vient faire le ménage chez ses wokistes qui s’accrochent à leur pouvoir de nuisance…
Je suggère que J.D. Vance vienne avec E. Musk, car la tâche à accomplir est énooorme.
L’image d’une cigarette est interdite. Il va donc falloir occulter aussi les bureaux de tabac dans nos rues, en peignant en noir leurs façades, du sol au plafond.
Tiens, je me suis pas mal frité avec mes copains pour avoir osé déclarer que Pulp Fiction était notablement surévalué (en fait j’ai dit que c’était de la daube), mais notre ami Nicot Gauthier ne nous fait pas savoir que ce bon vieux Lucky Luke lui-même a dû troquer son clope contre un brin d’herbe garanti sans THC…
Certes, la censure veille, mais ne mégotons pas: sur Youtube, on trouve encore « Cigarette » (Higelin) et « Smoke on the water ».