Obtention d’un siège au Conseil des droits de l’homme pour le Venezuela : disqualification de l’ONU

MADURO

En juin dernier, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies avait publié un rapport accablant de dix-huit pages sur les nombreuses atteintes aux libertés, les détentions arbitraires, les meurtres et « disparitions forcées » au Venezuela.

Fin septembre, à la suite d’une proposition de résolution sur les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement vénézuélien (approuvée par 19 voix pour, 7 voix contre et 21 abstentions), le Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait décidé de créer une « mission internationale indépendante chargée d’enquêter sur les exécutions extrajudiciaires, les disparitions, les détentions arbitraires, tortures et autres traitements inhumains ou dégradants depuis 2014 ».

De manière confondante, on vient d’apprendre, ce jeudi, que le Venezuela avait obtenu un siège au Conseil des droits de l'Homme après un vote à scrutin secret (105 voix sur 193) lors du renouvellement annuel d’une partie de ses 47 membres !

Il faut savoir que les sièges sont à pourvoir par répartition géographique : il y avait, en l’occurrence, pour la période 2020-2022, deux sièges à pourvoir pour l'Amérique latine (le Brésil a obtenu le deuxième siège, avec 153 voix). La totalité des sièges est répartie de la manière suivante : les États africains ont 13 sièges, ceux d’Asie 13 sièges, 8 sièges pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 7 sièges pour les États d’Europe occidentale et 6 sièges pour ceux de l’Europe de l’Est.

Pour contrer la possible élection d’un représentant du Venezuela jugée scandaleuse par de nombreuses ONG, le Costa Rica avait proposé, en dernière minute, sa candidature mais n’a malheureusement récolté que 96 voix. « C’est le monde à l’envers », s’est exclamé Antonio Ledezma, l’ancien maire de Caracas, qui a ajouté que cette élection était une véritable « profanation pour tous ceux que Maduro et son gang ont tué » !

L’entrée en fonction des nouveaux membres élus pour trois années est effective à compter de janvier 2020. Rappelons que le règlement prévoit une possible suspension d’un ou plusieurs de ses membres en cas de « graves violations » ! Un cas de figure qui a concerné la Libye en 2011.

Selon l’ONG vénézuélienne Foro Penal, il y avait encore, fin septembre, 478 « prisonniers politiques » au Venezuela, dont plus d’une centaine de militaires...

Michelle Bachelet, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, s’était alarmée, dès juin, de « l’érosion de l’État de droit » au Venezuela. Dans le camp Maduro, Jorge Arreaza, le ministre des Affaires étrangères, s’est félicité de cette victoire en dénonçant, au passage, la « campagne ignoble des États-Unis et de ses gouvernements satellites et subordonnés ».

Devant ce qui ressemble à une véritable mascarade, les plus anciens se souviendront de la formule choc prononcée, en septembre 1960, par le général de Gaulle : « Le machin qu’on appelle l’ONU » !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:00.
Jean-Marie Beuzelin
Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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