« Murs des cons » : ce procès dont on ne parle pas

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Il y a les comparutions immédiates de gilets jaunes et il y a le procès si tardif du mur des cons. Françoise Martres, ex-patronne du Syndicat de la magistrature, comparaît pour injures publiques, cinq ans après la découverte des faits. Sans éprouver la moindre honte pour avoir épinglé des politiques, tout juste le regret d’avoir desservi la cause syndicaliste avec ce scandale. Elle persiste et signe en audience pour une personne qui mériterait ce qualificatif infamant, mais elle renouvelle ses excuses pour les parents de victimes eux aussi accrochés au tableau de déshonneur. L’expression « minimum syndical » semble ici convenir parfaitement.

Il n’est pas question d’interdire à Françoise Martres le droit de se défendre. Elle aussi a le droit à un procès équitable. Et – peut être que certains le déploreront – ce procès ne doit concerner que le seul fait de l’affichage d’un mur des cons, il n’est pas un réquisitoire contre une Justice idéologisée, instrumentalisée et dévoyée par des marxistes.

Le syndicalisme est gravement malade depuis longtemps en France, mais l’acharnement thérapeutique prodigué par une collusion d’intérêts au pouvoir lui permet de disséminer ses miasmes dans la société. Antidémocratique, corrompu, bénéficiant d’un monopole indu, il a cessé depuis longtemps d’être légitime dans le monde du travail et ne sert plus que ses propres intérêts institutionnels. Lorsque Clément Weill-Raynal est passé en conseil de discipline pour ne pas avoir proposé à la chaîne qui l’employait la primeur et l’exclusivité de ses images, les syndicalistes siégeant au conseil de discipline (sic) ont chargé le salarié au lieu de le défendre.

Un pavé dans la mare : peut-être faudrait-il se poser objectivement la question des avantages et inconvénients de l’existence d’un syndicalisme dans la fonction publique régalienne, sans écarter l’idée d’une interdiction pure et simple ? Il est prohibé dans l’armée, autorisé dans la police et la magistrature. Dans un pays où la revendication d’égalité sert de mantra à tant de ministres, cette distorsion est-elle admissible ? Certes, les syndicats de police servent aussi, parfois, à faire fuiter les informations sur des réalités que les gouvernants et les chaînes de commandement souhaitent occulter : leurs carences, leurs lâchetés, leurs incapacités chroniques à prendre des décisions fermes et à en soutenir l’exécution. En cela, ils sont un contre-pouvoir utile à la démocratie, ou ce qu’il en reste !

Un pouvoir à poigne aurait sauté sur l’occasion pour dissoudre un syndicat qui salit la Justice et immédiatement sanctionné tous ses dirigeants d’une indignité nationale leur interdisant, temporairement au moins, de juger. Françoise Martres a tort de déplorer le préjudice infligé au syndicalisme ; celui qu’elle et son équipe ont imposé à la Justice elle-même est bien plus grave. Le mur des cons n’est certes pas le seul responsable de ce défaut de confiance de la population envers un appareil dépassé.

L’idéologie de certains jugements ne date pas du mur des cons. La complexité et l’instabilité voulue par les législateurs et le manque de moyens chroniques contribuent aussi à cette défiance. Je ne souhaite pas voir la tête d’un juge plantée au bout d’une pique, mais je ne peux pas m’empêcher d’imaginer qu’un magistrat pourrait être, dans un futur pas si lointain, ce genre de bouc émissaire, peut-être pas si innocent que ça. Eh bien, ça me révolte !

Si ma défiance assumée les choque, mes plus plates excuses à Joseph Thouvenel et aux trop rares personnes qui s’investissent dans une démarche syndicale avec sincérité, honnêteté, conviction et détermination.

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