Mort de Steve : l’éventail des responsabilités

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Terrible catastrophe que le décès de ce jeune homme... On ne peut s’empêcher de s’associer à la douleur de la famille, si durement éprouvée, et comprendre sa quête de vérité.

En revanche, la médiatisation de ce tragique événement me semble, d'une part, manquer de discernement et ne pas respecter, d’autre part, la fameuse présomption d’innocence ; tout, dans la presse, tend à désigner le coupable en la personne des forces de l’ordre. Le gouvernement, que sa volonté de transparence honore, ne brille pas cependant par sa pertinence et son courage en éludant les questions qui fâchent.

J’eusse aimé que le ministre, sans écarter une responsabilité de la police, signifie avec fermeté, sans attendre le résultat de l’enquête, que les policiers étaient en mission et que la probabilité pour qu’un policier ait poussé volontairement le jeune homme à l’eau est infinitésimale, pour que la présomption d’innocence puisse jouer. L’enquête montrerait certainement qu’il s’agit d’un terrible accident.

Imaginez un instant qu’un policier soit tombé à l’eau, cette nuit-là, alourdi par ses équipements, et qu’il ait eu le même sort que l’infortuné Steve. Il n’aurait pas eu droit à ce battage médiatique ni à des manifestations... Il était en mission, une médaille pour devoir accompli aurait soldé le compte.

Or, en premier lieu, personne n’évoque la responsabilité individuelle : toute personne participant volontairement à un événement, nocturne, après les heures légales festives, au bord d’un quai plus que dangereux, prend des risques élevés.

En second lieu, les organisateurs de cet événement n’ont-ils pas une part de responsabilité dans le choix du site dangereux, compte tenu des mesures de sécurité apparemment absentes, puisque non prévues et non demandées : barrières de sécurité, équipes de la Croix-Rouge, moyen nautique prêt à intervenir pour sauver une personne tombant accidentellement à l’eau de nuit ? Les organisateurs qui laissent la fête continuer au-delà des limites ont une lourde part de responsabilité.

La réaction collective, « résistant » aux injonctions des forces de l’ordre, n’est-elle pas aussi répréhensible ? Toute personne présente après l’heure sur le site a une portion de responsabilité car la somme de tous ces réfractaires au respect du sommeil du voisinage a créé la réaction coercitive, avec la fin horrible qu’on connaît.

Enfin, l’autorisation donnée pour que se joue cet événement, ici, sans la mise en place des moyens de sécurité adaptés n’est pas tolérable, car tous les ingrédients étaient réunis pour qu’un accident survienne.

Rejeter, dans ces conditions, la responsabilité sur les forces de l’ordre revient à condamner l’effet, sans s'interroger sur les causes, avec les responsabilités dédiées. Si nous voulons avoir, demain, une police digne de ce nom, commençons par être digne d’elle. Une opération de maintien de l’ordre, avec des lacrymogènes, des chiens, est une opération, pas une promenade festive avec des petits frères auxquels les grands frères demandent de bien vouloir aller se coucher, en leur tirant l’oreille, pour que les pauvres braves gens puissent dormir (ceux qui se lèvent tôt pour aller travailler...). Que chacun prenne donc sa part de responsabilité !

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