Merkel dicte sa solidarité

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Cette crise pandémique exceptionnelle fait jaillir à nos yeux les fissures béantes de la solidarité européenne. L'Allemagne, puissance économique continentale, demeure intransigeante.

Non, pas de corona bonds ! Merkel l'a répété, la semaine dernière, affirmant que la cohésion européenne devait être renforcée, mais sur le plan financier, elle ne franchirait pas cette rote Linie (ligne rouge). Cela signifie que Berlin refuse de mutualiser la dette de l'ensemble des pays de l'Union européenne engendrée par cette crise sanitaire.

Emprunter sur les marchés financiers au nom des 27 pays membres aurait pour effet - bénéfique - d'abaisser les taux. Cette mesure symbolique pourrait, enfin, concrétiser le projet politique si cher à notre président de la République. Il ne tarit pas d'éloges, depuis le début de la crise, sur la coopération entre les États.

En effet, près de 80 patients français furent hospitalisés au Luxembourg, en Allemagne ou en Suisse. Cette aide, glorifiée par notre exécutif, représente 0,28 % des cas d'hospitalisation (chiffres au 26/4). Il faut être franc, c'est une goutte d'eau dans l'océan pandémique. Emmanuel Macron ne cesse pourtant de le mentionner à chaque intervention publique. Cette méthode Coué ne fonctionne qu'aux yeux ébahis des macronlâtres qui demeurent de moins en moins nombreux dans notre pays.

Les Européens se rendent bien compte que la solidarité continentale vole en éclats face aux risques d'effondrement économique et sanitaire. Personne n'est dupe, sauf le pensionnaire de l’Élysée.

L'Allemagne continue son chemin en compagnie des Hollandais. L'axe Berlin-Amsterdam demeure intransigeant, ils veulent continuer à jouir des avantages du marché unique, notamment en délocalisant massivement les industries peu rémunératrices en Europe de l'Est, et souhaitent, en outre, prolonger l'accueil des populations de cette même Europe de l'Est pour occuper des postes que les nationaux ne veulent plus exercer. C'est fromage et dessert au menu berlinois.

Il est nécessaire d'arrêter ce jeu de dupes dont nous sommes les seuls à pâtir. Personne ne répondra présent pour aider, notamment, le sud de l'Europe à se relever de cette crise sans précédent. Les États n'agiront que si un intérêt saillant pour leur économie devait poindre. On comprend, désormais, bien mieux, a posteriori, la volonté d'accueil de plusieurs millions de migrants par la chancelière allemande ; cette décision prise sous les oripeaux humanitaires n'avait qu'un seul but : renforcer la puissance de l'économie allemande en manque de main-d’œuvre flexible et quasi gratuite.

L'Histoire retiendra que Merkel préféra ouvrir les frontières de l'Europe aux Irakiens, Syriens et Afghans à des fins économiques - avec leurs conséquences sociales et religieuses - et suspendre la solidarité financière aux Espagnols et aux Italiens. Le projet politique de l'Union est mort sur l'autel du profit et du mark roi.

Nicolas Brabis
Nicolas Brabis
Professeur d'histoire

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