LFI jubile après le rétablissement du contrat liant le lycée Averroès à l’État

« Victoire contre les islamophobes » : LFI félicite les juges qui ont rétabli le contrat de l’école musulmane.
Averroès

« Victoire du droit et de la justice contre les islamophobes ! » Quelques minutes, seulement, après la publication du délibéré dans l’affaire opposant le lycée Averroès, un établissement musulman de Lille, à la préfecture du Nord, les députés de La France insoumise jubilent, sur X. Ce 23 avril, en milieu d’après-midi, le tribunal administratif de Lille a en effet décidé de rétablir le contrat du lycée Averroès avec l’État. En décembre 2023, suivant l’avis de la commission pour l'enseignement privé, le préfet du Nord avait décidé de mettre fin au contrat d’association qui liait l’établissement à l’État. Dès lors, depuis la rentrée 2024, l’école était privée de subventions publiques.

La décision rendue ce 23 avril « à effet immédiat réattribue de manière rétroactive intégralement le contrat d’association », annonce Me Sefen Guez Guez, avocat du lycée Averroès. Pour Paul Vannier (LFI), ce délibéré « démontre que le traitement aussi exceptionnel que brutal réservé à l’établissement privé musulman par le préfet du Nord était infondé et discriminatoire ». L’élu appelle désormais à « faire toute la lumière sur ce scandale dont les commanditaires ont occupé les plus hautes fonctions de l’appareil d’État ». Son collègue, Aurélien Le Coq, demande « de mettre un terme au deux poids deux mesures que subissent les établissements musulmans ». Et David Guiraud ajoute : « Contre toutes les calomnies, nous avons eu raison de dénoncer un acharnement de la préfecture contre cet établissement, contre l’honneur de ses équipes, et contre l’État de droit. » Dans la foulée, le parti Musulmans de France se « réjouit de l’annonce qui […] reconnaît l’injustice subie par un établissement d’excellence, victime d'un acharnement politique sans fondement ». Aujourd'hui, la direction du lycée Averroès dit réfléchir à faire reconnaître le préjudice moral que le personnel et les élèves auraient subi.

Des rapports pointant les dangers de l’école

Par cette décision, le tribunal administratif de Lille a donc suivi l’avis du rapporteur public qui, lors de l’audience en mars dernier, préconisait de rétablir le contrat entre l’école et l’État. Alors que le représentant de la préfecture avait signalé « une porosité entre la pédagogie Averroès et un certain nombre de courants » liés aux Frères musulmans, le rapporteur public considérait que si des manquements existaient bel et bien, ils n’étaient pas suffisants pour justifier la résiliation du contrat d’association. Par ailleurs, selon lui, il n’existait « aucun élément probant » prouvant l’utilisation des ouvrages contraires aux valeurs de la République.

Pourtant, ce 9 avril encore, devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, Georges-François Leclerc, ancien préfet du Nord, rappelait qu’au moment de résilier le contrat, il disposait « [d’éléments] suffisamment tangibles pour considérer que les élèves étaient en danger » au sein du lycée Averroès. Il en veut pour preuve « la gestion comptable et financière » qui paraissait « déloyale et frauduleuse ». De plus, selon lui, « certains éléments documentaires et enseignements […] relevaient clairement du salafo-frérisme et pouvaient constituer un danger pour des élèves ou des adolescents en plein apprentissage ». En effet, un rapport de la chambre régionale des comptes, datant de juin 2023, évoquait le programme du cours d’éthique musulmane qui « suscite des interrogations ». En cause, un ouvrage dans lequel « il est énoncé l’interdiction pour une femme malade de se faire ausculter par un homme, […] le commandement pour les hommes, comme pour les femmes, d’éviter la mixité sur le lieu de travail, […] la prohibition, sous peine de mort, de l’apostasie ». Autant d’éléments qui « entrent en apparente contradiction avec les principes d’adhésion aux valeurs républicaines », note alors la chambre régionale des comptes. Mais pour la défense, qui a organisé une conférence de presse ce 23 avril, ces « griefs ne sont pas caractérisés ». « Il n'y a aucune financement illicite, tous les enseignements sont conformes aux valeurs de la République. [...] Tout ce qui nous est reproché est faux », précise l'un des avocats. « Averroès est une chance pour la France », ajoute le directeur.

Pour le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudelier (LR), « cette décision est une honte ». « Différents rapports ont pointé du doigt le danger de cet établissement. […] Il est urgent d’utiliser toutes les voix de recours », alerte le sénateur. Le gouvernement peut faire appel de cette décision.

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Je ne vois pas en quoi refuser que des jeunes soient formatés, conditionnés par des propos anti-France, serait de l’islamophobie. C’est dommage que des failles dans la procédure aient permis de faire appel de l’annulation du contrat avec l’Etat. L’Etat n’a pas à contribuer financièrement pour de tels établissements.

  2. Ainsi,,les rapports documentés et circonstanciés de la Cour des Comptes seraient mis en doute et considérés par ce tribunal comme ‘nuls et non advenus’ ???? lE GOUVERNEMENT dispose en effet d’arguments en faveur d’un recours …!

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