La ferme des animaux
31 août de l’an de disgrâce 2020.
Comme le chevalier de Lapalisse nous l’a appris, La Fontaine coule toujours de source quand il nous dit que « voler un œuf, c’est voler un bœuf ». Raccourci un peu facile au vu du poids du bestiau. En revanche, ce qui est définitif (pour quelques-uns de nos concitoyens crypto-trotskistes), c’est que voler un œuf, c’est spolier une poule ! D’ailleurs, certaines de ces damnées de la terre battue s’en émeuvent, allant jusqu’à grogner ou piquer de leur bec le ravisseur sans morale. De rares espèces rebelles doivent avoir l’instinct maternel plus développé que d’autres, mauvaises mères, plus indifférentes à leur ponte du jour.
Un acte terroriste de faible intensité vient de frapper la France. Ce n’est juste qu’une petite incivilité. Cette fois-ci, ce n’est pas - et c’est heureux - le sang qui ruisselle sur le trottoir mais la peinture qui coule sur la façade d’une fromagerie à Paris. Elle a été taguée dans la nuit du 31 août au 1er septembre. Les mots font froid dans le dos : « fromage = carnage » et aussi, tant qu’à y être : « éleveurs = violeurs ».
En associant les mots « fromage » et « carnage » et malgré un remue-méninge éreintant, la seule logique que l’on peut y déceler réside en une rime pas très riche (« esclavage » eût été mieux trouvé si on s’était aventuré à suivre leur point de vue). On ne voit pas d’autres liens… à moins que, ayant attaqué un jour un fromager et sa crémière, ils se soient reçus sur leurs caboches de dingos quelques maroilles et autres munster mûrs à point. Alors là ! Se faire entarter d’un « fromage » ? Quel « outrage » !
Ils y vont tout de même un peu fort (ou elles, si on veut être paritairement dément). « Éleveurs = violeurs ». Viols ? Parle-t-on de zoophilie ? Un viol signifie « pénétration non consentie, par force ou par surprise ». Bien sûr, on peut imaginer un pâtre ou un bouvier pervers bien dérangé du ciboulot mais, c’est bien connu, la plupart préfèrent les chèvres (question de compatibilité de conformation entre les deux protagonistes). Alors, en restant raisonnables, contentons-nous de parler d’agression sexuelle. Il faut bien l’admettre, les femelles ruminantes n’ont pas donné leur accord afin qu’on leur tripote les mamelles, mamelles devant être évidemment considérées, ici, comme organes sexuels puisque attributs sexués (jusqu’à nouvel ordre, les mâles arborent tout autre chose). Pourtant, lors d’une enquête dans une ferme laitière, l’une de ces quadrupèdes m’a meuglé délicatement à l’oreille que ce massage très agréable soulage leurs pis turgescents. Que ce soit la main de l’homme, le robot de la traite des blanches, des rousses et des noires ou les lèvres du veau de lait, peu leur chaut. L’essentiel réside dans la succion libératrice de la pression interne de l’organe.
On connaît jusqu’à la trame 1984, de George Orwell. Dans notre époque où les agités du bocal - que sont les véganistes et les antispécistes - se libèrent de leurs camisoles de furieux psychopathes, il est indispensable de lire un ouvrage moins connu de ce célèbre auteur dystopique, La Ferme des animaux, où l’on voit, au sein d’une ferme, se dérouler une révolution menée par les cochons qui finissent, pour le bien de tous et de toutes, par éliminer les paysans pour établir une dictature à leur seul profit… au détriment des idiots utiles qu’étaient veaux, vaches, couvées…
On imagine sans difficulté le sort que nous mijotent les Khmers verts.
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