Il est des prénoms qu’on a le droit de dénigrer : Loris Giuliano ironise sur « Philippe »

Sur Canal+, à partir du jeudi 17 avril, on peut voir l’humoriste Loris Giuliano « enfiler une blouse pour accompagner une sage-femme dans son quotidien ». Pour annoncer l’émission, sur Instagram, un extrait donne le ton : « Philippe ? En 2024 ? »
À ce sujet — « Marie », un prénom en voie de disparition
Sur le tableau des naissances, Loris énumère « Philippe, Yangtso, Aymen, Pia, Bayzem » et ne manque pas, goguenard, de donner son avis, sous prétexte d’un pseudo-humour très convenu et socialement correct : « Philippe, moi, j’aurais refusé, si je peux me permettre. » Et au nom de quoi ? Pourquoi le choix des parents de Yangtso, Aymen, Pia et Bayzem serait plus légitime que celui des parents de Philippe ? C’est vrai que les autres prénoms font plus France du XXIe siècle que celle du fils d’Anne de Kiev ou de Philippe IV le Bel ! D’ailleurs, sous la vidéo Instagram, un internaute se demande « pourquoi critiquer le prénom français et pas tous les autres ». Et un autre de lui répondre : « Je vais pas te mentir que le seul Philippe que je connais était roi de France il y a plus de 900 ans. » Raison de plus, non ?
Philippe, objet de moquerie ?
On se souvient de la polémique qu’avait provoquée Éric Zemmour en désignant le choix d’un prénom français comme marqueur d’une volonté d’intégration. Ce que ne démentiraient pas les parents de Catherine qui expliquait, à L’Humanité, que « ses parents voulaient, dit-elle, rester discrets, s’adapter à leur nouvelle vie. Alors, lorsqu’ils débarquent en France, ces pieds-noirs d’Algérie n’ont pas choisi d’appeler leur fille Sarah mais Catherine. "Un prénom passe-partout, sourit cette professeur d’anglais de 58 ans. Je crois qu’ils ont fait comme beaucoup, à l’époque : ils ont trié parmi tous les saints du calendrier !" » Elle-même raconte avoir appelé sa fille Hannah pour se rapprocher de ses racines juives. Depuis le 9 janvier 1993, les parents disposent d’une « liberté quasi totale d'appeler leur enfant comme il leur chante... Et laissent libre court, depuis, à leur fantaisie, choisissant des prénoms toujours plus originaux », expliquait Le Parisien. Autrefois, quand il fallait choisir le prénom du nouveau-né dans le calendrier, celui-ci, non seulement ne risquait pas pour certains de faire les frais des délires d’originalité de leurs parents, mais surtout, cela permettait une homogénéité qui garantissait une certaine égalité, en tout cas empêchait la stigmatisation par le prénom. Retournement des valeurs, retournement du stigmate dans notre société ? Aujourd’hui, choisir un prénom de l’Histoire de France et dans le calendrier grégorien comme Philippe pourrait faire de vous la cible de moquerie ? C’est ce que semble vouloir dire Loris…
Pourtant, le sociologue Baptiste Coulmont, dans son livre Sociologie des prénoms, aux Éditions La Découverte, montrait que les Diane, Adèle et Joseph, par exemple, des prénoms classiques et du calendrier, ont plus de 20 % de chances d’obtenir la mention « Très bien » au baccalauréat, contre à peine 3 % des Cindy, Steven et Dylan, aux origines anglo-saxonnes dont les parents ont été influencés par les séries télé en vogue quand ils sont nés : « En France, donc, il semble bien que les déterminants sociaux restent centraux dans la distribution des prénoms populaires. » On se demande alors en quoi Philippe partirait plus mal dans la vie que Aymen ou Bayzem. Mais aujourd’hui, les parents ne veulent plus inscrire leur progéniture dans une lignée, et si autrefois on donnait le prénom d’un aïeul, maintenant, le choix d’un prénom ne se fait plus verticalement mais horizontalement, et Baptiste Coulmont d’expliquer, à Psychologies Magazine, que « jusqu’au XIXe siècle, les règles étaient simples : le parrain donnait son prénom à son filleul et la marraine le sien à sa filleule. Et pour les parents qui n’arrivaient pas à se décider, l’Église proposait de donner le prénom du saint fêté le jour de la naissance de l’enfant. Aujourd’hui, ces règles ont totalement disparu et la seule qui s’impose, c’est celle du goût. » Et, on pourrait ajouter, pour certains la revendication de ses origines. D’ailleurs, BV analysait récemment la disparition du prénom « Marie », en particulier, et de ceux du calendrier chrétien, en général, rejoignant l’explication de Jérôme Fourquet dans son livre Métamorphoses françaises, paru aux Éditions du Seuil en 2024. Comment s’étonner, alors, qu’un tout petit Philippe, portant le nom de l’un des douze apôtres, soit sujet à moquerie voire aurait été renommé, si Loris avait pu ?
Doit-on rappeler à ce brave Loris que le sien, de prénom, est dérivé de Laurent et signifie « couvert de lauriers » ? Se moquer du prénom d’un bébé en direct à la télé, il n’y a pourtant aucune gloriole à tirer.

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55 commentaires
En tant que Philippe je t’em…de, pauvre idiot chronique !!
» Et laissent libre court, » Qui dit mieux ?
Ceci dit laissons les ânes braire et le » sieur Loris cracher son fiel de gauchiste …
Et encore cet article n’évoque pas Philippe Pétain que ce pseudo humoriste a oublié pour traiter de fachos ceux qui auraient choisi ce prénom. Mon frère que mes parents voulaient appeler Jean-Philippe (pour Smet, ou Johnny sans doute), en sont restés à Philippe. Il ne s’est jamais fait traiter de facho à ma connaissance. J’ai aussi un ami allemand vivant depuis 45 ans en France, né en 1957 Adolf. Je n’ai jamais entendu dire qu’on l’appelait Hitler ni qu’on le traitait de nazi
Il n’évoque pas Petain parce que ses connaissances historiques sont bien trop limitées… après tout Staline s’appelait bien Joseph et ça ne veut pas dire que tous les Joseph sont des communistes sanguinaires
mes parents ont veillés à ce que le prénom de leurs enfants se prononcent pareil dans toutes les langues, nos prénoms sont français, mais ne peuvent se déformer dans la pronociation d’une langue anglo saxonne ou autres ! J’ai fait pareil ! nous avons aussi un second prénom qui est en lien avec nos grand parents – Quand au » gugus » qui prétend vouloir s’opposer à » Philippe » qu’il aille exercer son soit disant » talent » ailleurs, ici en France nous n’avons nulle besoin d’un » loris » débile.
Encore un « humoriste » léger…Bon, qu’il sache tout de même que Loris se rattache à des origines…germaniques !
La cancel culture, ignare, raccoleuse…
Loris Giuliano ??? comme dans toutes les professions il y a des niveaux de compétence, lui est au bas de l’échelle.
Quand j’entends de telles sornettes (je reste poli), je suis heureux et fier qu’aucun de mes petits fils ne se prénomme Loris
Il aurait préféré Josep ou joseph?
C’est le principe même de la soumission pour faire de la discrimination positive c’est pas nécessaire et c’est de la Futilité bien dans l’air du temps
J’ai 3 enfants : Nathalie, Sophie et … Philippe !! Ils en sont fiers et mon épouse et moi, également, n’en déplaise à ce triste sire de « Loris » …..
Vous parlez principalement pour ceux de l’intérieur du boulevard périphérique, complètement chamboulés. Pour la majorité des autres à la tête « bien sur les épaules », ils font le plus souvent comme avant, la famille et les saints patrons.
Bêtes et ignares.
Avez-vous remarqué la similitude entre le processus actuel du choix d’un prénom de nouveau-né, et celui de l’appellation d’un animal de compagnie ?
Les prénoms c’est très important, Zemmour avait raison. Quand on regarde, comme moi, les naissances publiées dans le journal local, on s’aperçoit qu’à côté des prénoms fantaisistes le choix de certains parents pour des prénoms ultra classiques perdure. Et il y en a plus qu’on ne le pense, même dans les milieux modestes, dont certains qu’on croyait disparus, comme Geneviève par exemple.
Philippe, celui qui aime les chevaux. Un beau prénom !
Encore un humoriste minable,et puisqu’on évoque les prénoms, j’aurai donc la décence de ne pas prononcer le sien ni son patronyme qui lui ,quand son porteur ne sera plus de ce monde sera vite oublié, contrairement à celui de Philippe . Individu sans intérêt et ne servant comme d’habitude que les intérêts de l’effacement de notre culture et histoire.
Et encore un humoriste ! Ça pousse plus vite que la mauvaise herbe dans mon jardin! en oubliant bien souvent que l’humour est indissociable du talent, et malheureusement la majorité n’ en a pas.
Bien vu, à notre époque, là où il n’y a pas bassesse, invective grossièreté et lourdeur, il n’y a pas d’humour !
Lamentable et pauvreté de l’esprit !