Il est des prénoms qu’on a le droit de dénigrer : Loris Giuliano ironise sur « Philippe »

Loris énumère « Philippe, Yangtso, Aymen, Pia, Bayzem » et donne son avis : « Philippe, moi j’aurais refusé ! »
Saint Philippe par Antoine van Dyck, Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Saint Philippe par Antoine van Dyck, Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Sur Canal+, à partir du jeudi 17 avril, on peut voir l’humoriste Loris Giuliano « enfiler une blouse pour accompagner une sage-femme dans son quotidien ». Pour annoncer l’émission, sur Instagram, un extrait donne le ton : « Philippe ? En 2024 ? »

 

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Sur le tableau des naissances, Loris énumère « Philippe, Yangtso, Aymen, Pia, Bayzem » et ne manque pas, goguenard, de donner son avis, sous prétexte d’un pseudo-humour très convenu et socialement correct : « Philippe, moi, j’aurais refusé, si je peux me permettre. » Et au nom de quoi ? Pourquoi le choix des parents de Yangtso, Aymen, Pia et Bayzem serait plus légitime que celui des parents de Philippe ? C’est vrai que les autres prénoms font plus France du XXIe siècle que celle du fils d’Anne de Kiev ou de Philippe IV le Bel ! D’ailleurs, sous la vidéo Instagram, un internaute se demande « pourquoi critiquer le prénom français et pas tous les autres ». Et un autre de lui répondre : « Je vais pas te mentir que le seul Philippe que je connais était roi de France il y a plus de 900 ans. » Raison de plus, non ?

Philippe, objet de moquerie ?

On se souvient de la polémique qu’avait provoquée Éric Zemmour en désignant le choix d’un prénom français comme marqueur d’une volonté d’intégration. Ce que ne démentiraient pas les parents de Catherine qui expliquait, à L’Humanité, que « ses parents voulaient, dit-elle, rester discrets, s’adapter à leur nouvelle vie. Alors, lorsqu’ils débarquent en France, ces pieds-noirs d’Algérie n’ont pas choisi d’appeler leur fille Sarah mais Catherine. "Un prénom passe-partout, sourit cette professeur d’anglais de 58 ans. Je crois qu’ils ont fait comme beaucoup, à l’époque : ils ont trié parmi tous les saints du calendrier !" » Elle-même raconte avoir appelé sa fille Hannah pour se rapprocher de ses racines juives. Depuis le 9 janvier 1993, les parents disposent d’une « liberté quasi totale d'appeler leur enfant comme il leur chante... Et laissent libre court, depuis, à leur fantaisie, choisissant des prénoms toujours plus originaux », expliquait Le Parisien. Autrefois, quand il fallait choisir le prénom du nouveau-né dans le calendrier, celui-ci, non seulement ne risquait pas pour certains de faire les frais des délires d’originalité de leurs parents, mais surtout, cela permettait une homogénéité qui garantissait une certaine égalité, en tout cas empêchait la stigmatisation par le prénom. Retournement des valeurs, retournement du stigmate dans notre société ? Aujourd’hui, choisir un prénom de l’Histoire de France et dans le calendrier grégorien comme Philippe pourrait faire de vous la cible de moquerie ? C’est ce que semble vouloir dire Loris…

Pourtant, le sociologue Baptiste Coulmont, dans son livre Sociologie des prénoms, aux Éditions La Découverte, montrait que les Diane, Adèle et Joseph, par exemple, des prénoms classiques et du calendrier, ont plus de 20 % de chances d’obtenir la mention « Très bien » au baccalauréat, contre à peine 3 % des Cindy, Steven et Dylan, aux origines anglo-saxonnes dont les parents ont été influencés par les séries télé en vogue quand ils sont nés : « En France, donc, il semble bien que les déterminants sociaux restent centraux dans la distribution des prénoms populaires. » On se demande alors en quoi Philippe partirait plus mal dans la vie que Aymen ou Bayzem. Mais aujourd’hui, les parents ne veulent plus inscrire leur progéniture dans une lignée, et si autrefois on donnait le prénom d’un aïeul, maintenant, le choix d’un prénom ne se fait plus verticalement mais horizontalement, et Baptiste Coulmont d’expliquer, à Psychologies Magazine, que « jusqu’au XIXe siècle, les règles étaient simples : le parrain donnait son prénom à son filleul et la marraine le sien à sa filleule. Et pour les parents qui n’arrivaient pas à se décider, l’Église proposait de donner le prénom du saint fêté le jour de la naissance de l’enfant. Aujourd’hui, ces règles ont totalement disparu et la seule qui s’impose, c’est celle du goût. » Et, on pourrait ajouter, pour certains la revendication de ses origines. D’ailleurs, BV analysait récemment la disparition du prénom « Marie », en particulier, et de ceux du calendrier chrétien, en général, rejoignant l’explication de Jérôme Fourquet dans son livre Métamorphoses françaises, paru aux Éditions du Seuil en 2024. Comment s’étonner, alors, qu’un tout petit Philippe, portant le nom de l’un des douze apôtres, soit sujet à moquerie voire aurait été renommé, si Loris avait pu ?

Doit-on rappeler à ce brave Loris que le sien, de prénom, est dérivé de Laurent et signifie « couvert de lauriers » ? Se moquer du prénom d’un bébé en direct à la télé, il n’y a pourtant aucune gloriole à tirer.

Vos commentaires

55 commentaires

  1. J’ai tout de suite pensé qu’il y voyait une allusion à Philippe Pétain. Le mieux serait de lui poser la question. En tout cas, il n’a pas à faire de commentaires désobligeants.

  2. Ce type est stupide et même méchant. En plus enfonce le clou.
    J’aurait été la Sage-Femme je l’aurais viré !
    A tous les coup il stigmatise le nom de Philippe parce que ça fait trop français.
    Il est tellement bête et inculte que ne suis même pas sûr qu’il ai pensé que cela rappellerait Philippe Pétain !
    Mon deuxième prénom est Philippe car mon parrain s’appelait Philippe… il était né en 1903… était-il pour cela pétainiste collabo ?
    Mon grand père paternel mort pour la France en 1915 s’appelait Adolphe… était-il pour cela hitlérien?
    Et si j’avais appelé un de mes enfants Adolphe en souvenir de lui serais-je pour autant Nazi ?
    On marche sur la tête !!

  3. Le seul intérêt de ces nouveaux prénoms est de pouvoir bénéficier d’un ensemble prénom&nom unique au monde, ce qui est très utile pour éviter les usurpations d’identité. Ayant moi-même un nom de famille rare, je n’ai heureusement pas eu besoin d’un prénom « exotique » pour être tranquille, , mais c’est un mal presque necessaire à notre époque..

  4. J’ai une grande admiration et une grande estime pour Saint Philippe Neri, surnommé le « saint de la joie ». C’était un type formidable, si je puis me permettre cette familiarité.

  5. Il ne faut pas tenter de se cacher derrière son petit doigt, pourquoi Philippe est-il rejeté ? Ce n’est évidemment pas à cause des Rois de France ( 6 ont régné sous le nom de Philippe et un a été « roi des français » sous le nom de Louis-Philippe) que tous ces ignares ne connaissent probablement pas, mais à cause de celui qui fût ministre de la guerre du radical Doumergue, puis chef de l’État français désigné par l’Assemblée Nationale (à 84 ans) : Philippe Pétain, dont le filleul, fils aîné du très admiré Charles De Gaulle a « bénéficié » du prénom . Malgré ce dernier point, ce prénom est honni par le conformisme républicain inculte et sectaire !

  6. Quelle inculture ! Philippe : qui aime les chevaux. Même sans avoir eu la chance d’étudier le Latin, il y a choses que l’on doit savoir. Depuis quand il est proscrit ou ridicule de respecter sa famille ou l’histoire de son pays.
    Pourquoi faudrait-il se coucher devant des modes étrangères et adopter des prénoms qui ne sont pas en harmonie avec les paronymes de l’enfant ? Un jour, un homme inculte a prénommé son fils BALZAC en s’imaginant que c’était le prénom de ce grand auteur connu (sauf suffisamment de lui !). De plus, BALZAC était son pseudonyme. Cet homme avait pensé faire plaisir à un homme de ses relations. Il a appris le jour des obsèques de celui-ci que « BALZAC » était le surnom que lui avait donné ses amis !
    Que dire des bébés féminins que la mère affuble du prénom d’un dessin animé. Je connais un de ces cas-là.

  7. Nouveau héros de l’éphémère.
    Cet individu sans envergure sera comme un effet de mode, passager et passable.
    Guignol plutôt que humoriste .

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