Gilets jaunes, acte V : pas grand monde ?

GILETS JAUNES AVIGNON

Une vidéo fait le tour des réseaux sociaux. On y voit un grand-père, apparemment tout ce qu'il y a de plus honorable, en gilet jaune se faire violemment interpeller à un barrage policier. Comme le dit le commentaire d'un "facebooker", nous ne sommes plus très loin de la Corée du Nord ! Violence, aussi, d'une autre vidéo (merci à l'inventeur du smartphone !) montrant des gendarmes matraquant à répétition des motards-gilets-jaunes qui voulaient rejoindre la route de Paris. Et, effectivement, en égrenant Twitter et Facebook, donc les réseaux dits sociaux mais que je qualifierais de réseaux de réinformation (tout en prenant garde aux fausses rumeurs qui y apparaissent au gré des trolls), M. Castaner voudrait prendre le chemin de transformer nos policiers en police politique qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Des policiers qui n'en peuvent plus.

Tout avait donc été fait, durant la semaine, pour que les provinciaux ne remontent pas à Paris ce samedi 15 décembre, pour participer calmement à l'acte V. Injonctions gouvernementales plus ou moins moralisatrices : le Président a répondu à la colère, alors il est temps de rentrer à la maison, les enfants. Et après l'attentat de Strasbourg, la vie devait vite reprendre son cours, donc on rouvre très vite le marché de Noël, mais il ne fallait pas manifester : ce n'était pas responsable...

Et ces porteurs de gilet jaune empêchés de poursuivre leur route. Et puis, comme l'a déclaré au Figaro une jeune gilet jaune parisienne, « ils ont tout fait pour nous empêcher de nous regrouper, alors forcément, on était moins nombreux. Les flics contrôlent tout. » Contrôle dans les trains, aux péages, dans les autobus où, comme dans le Nord, on a vu quatre cars de ch'tis interceptés par les gendarmes, qui les ont obligés de descendre pour contrôle d'identité avant de leur supprimer toutes les pancartes revendicatives ! Vive la liberté d'expression sous le régime macroniste ! À Paris, on pourrait aussi évoquer tout ce qui avait été fait pour entraver la liberté de manifester dans la capitale : fermeture d'une cinquantaine de stations de métro, la réduction au minimum du réseau d'autobus parisien... Bref, il fallait en vouloir !

Bilan ? Quelques milliers de manifestants dans Paris. Et, dans tout le pays, 66.500 manifestants, chiffres abondamment relayés par les journalistes et commentateurs de télévision qui ne se sont même pas donnés la peine de souligner qu'il s'agissait là d'un nombre officiel dont il était impossible de vérifier la véracité, tant ces gilets jaunes sont dispersés à travers toute la France. En face, 69.000 policiers et gendarmes : plus que le nombre « officiel » de manifestants jaunes. Un policier pour un manifestant. La France n'avait pas connu une telle confrontation depuis la guerre d'Algérie...

Franchement, il ne suffit plus de regarder béatement CNews, LCI et BFM TV, qui nous passent en boucle les mêmes images, les mêmes commentateurs. Il est devenu nécessaire de pianoter sur son PC pour aller au devant de l'information. Ainsi, à Avignon, ils étaient peut-être 4.000 à manifester paisiblement sous les remparts de la ville papale. Là aussi, la vidéo tourne sur les réseaux sociaux. Cherchez et vous trouverez ! 4.000 ? Autant qu'à Paris... Mais rien au 20 heures de TF1 !

Cet acte V dont le pouvoir a volontairement, et par tous les moyens, réduit l'importance n'est pas un échec ; bien au contraire. Et ce n'est pas l'ordre donné par Castaner de faire évacuer tous les ronds-points de France qui va abaisser la pression populaire. Il est évident que les réactions vont être de plus en plus fermes car, de toutes les paroles retenues à travers la France, il apparaît une volonté définitive : "Nous ne céderons pas."

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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