Florian Philippot : « Éteignez vos télés, rallumez vos cerveaux, vous vous libérerez vous-mêmes ! »

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Dimanche soir, le parti de Florian Philippot, Les Patriotes, a recueilli près de 7 % des voix dans le Grand Est. Une élection placée sous le signe de l'abstention massive des Français. Quelle leçon en tirer pour l'élection présidentielle ?

Réponses de Florian Philippot.

Vous êtes le président des Patriotes et vous sortez du premier tour des régionales avec 7 % des voix.

Comment expliquez-vous l’abstention massive ?

 

Premièrement, c’est un phénomène structurel. Il n’y a pas de raison que les gens se mettent d’un coup à voter, alors que cela fait plusieurs décennies que ce phénomène ne fait qu’augmenter. Certaines personnes considèrent que le vote ne les intéresse pas et que ce n’est pas pour eux. Je pense qu’ils font une erreur. Lorsque l’on ne s’intéresse pas à l’avenir de son pays, il y a toujours des gens qui s’y intéressent pour vous. Cela a aussi un impact sur votre vie quotidienne. J’appelle donc les gens à bien réfléchir.

Deuxièmement, tout a été fait dans cette campagne pour ne pas intéresser les gens. Le fait d’avoir deux élections départementales et régionales le même jour a compliqué et dissuadé les gens d’y aller.

Troisièmement, il y a un problème de souveraineté. Un pays dans lequel il n’y a plus de souveraineté nationale ni populaire, les gens se demandent à quoi cela sert d’aller voter puisque, de toute façon, cela ne change jamais. Ils ont bien compris qu’ils élisaient des pantins qui obéissent à des gens au-dessus d’eux. Il faut que les Français comprennent que ce programme est celui de Bruxelles. J’ajoute une petite hypothèse personnelle. Je pense qu’il y a une rupture depuis 2005, lorsque le vote du référendum sur la Constitution européenne a été trahi. Les gens se sont dit, à ce moment-là, que cela ne servait plus à rien de voter. Ceux qui ont participé à cette trahison sont extrêmement responsables de ce qu’il se passe.

 

 

On vous a vu occuper le terrain médiatique sur la question de l’épidémie de Covid 19. Vous êtes un fervent défenseur de la liberté contre les précautions sanitaires. Vous avez multiplié les manifestations contre le port du masque. Vous avez alerté sur la fermeture des lits en hôpital. Cette épidémie est-elle aussi responsable de l’abstention massive ?

Annuler la fin du port du masque trois jours avant le scrutin était peut-être une manœuvre politique pour inciter les gens à être reconnaissants.

 

 

Les quelques miettes de liberté jetées par Castex quelques jours avant le premier tour avaient pour but de contenter les gens. Avant les élections, on avait plutôt tendance à donner des primes aux fonctionnaires pour les acheter, maintenant ils n’ont même plus besoin de faire cela, il suffit de nous rendre deux trois libertés qu’ils nous ont eux-mêmes volées. Cela leur coûte moins cher et donne le sentiment qu’ils sont très gentils. Nous n’avons donc pas à les remercier de cela. J’appelle les gens à ne pas être naïfs sur ce genre de manipulation. Peu de monde a refusé d’aller voter par peur de la contamination. Je crois, plutôt, que c’est fondamentalement pour des raisons politiques. Voir des grands partis politiques en permanence changer de programme selon les sondages dégoûte les gens. Ce n’est pas un désintérêt pour la politique, c’est un dégoût profond.

Vous avez rappelé que ma liste a fait 7 % aux régionales dans le Grand Est. Dans ce contexte, nous sommes les seuls à connaître une progression. Dans le même Grand Est, aux européennes, nous faisions 1 %, en 2019, avec la même tête de liste et la même étiquette patriote. Incontestablement, il s’est passé quelque chose. D’ailleurs, nos candidats aux départementales ont connu des progressions très significatives par rapport aux européennes, en 2019. Nous avions un discours clair, net, précis et intransigeant sur les libertés, sur la souveraineté et sur le Covid.

 

 

Les deux perdants de ces élections sont La République en marche et le Rassemblement national.

Ils ont eu des scores extrêmement inférieurs à ce qui été annoncé dans les sondages. Il y a évidemment l’abstention, mais est-ce que cela explique tout ?

 

Non, cela n’explique pas tout. Cela commence à devenir une vraie tendance. Les médias ne voulaient surtout pas le voir puisqu’ils voulaient préserver le duo Macron - Marine Le Pen de 2022 pour faire réélire Macron. Ils nous ont donc vendu, pendant des mois, que le RN était plus fort que jamais. Personnellement, lorsque je voyais les journalistes, je leur disais de regarder les choses réellement. Les européennes de 2019 sont déjà en baisse pas rapport aux européennes de 2014. Les municipales de 2020 ont été très mauvaises pour le Rassemblement national. Aujourd’hui, c’est une perte de 9 points au niveau national. Régionales 2015, c’était 28 % au niveau national, et aujourd’hui, c’est 19 %. C’est une baisse très forte. Cela commence donc à dessiner une tendance.

Le duo-duel de 2022 Macron Marine Le Pen que l’on nous présente comme inéluctable est beaucoup plus ouvert que l’on nous le dit. Par conséquent, la réélection de Macron n’est pas garantie.

À force de renoncement sur le Frexit, la sortie de la CEDH, la sortie de Schengen, la sortie de l’OTAN, le ralliement sur la dette aux banquiers, le ralliement sur le discours économique et social, les affadissements sur l’immigration, cela finit par se payer dans les urnes.

Nous, en face, nous avons montré un mouvement intransigeant sur ces questions-là. Nous voulons sortir la France de toutes les instances supranationales et rendre au peuple français sa souveraineté et à la France son avenir. Nous voulons aussi rendre aux Français leur liberté individuelle et collective. On ne veut pas arrêter le bras de fer avec la finance, la banque et l’oligarchie. Je crois que ce discours-là paye et il est sincère.

 

 

Lorsque vous étiez au Rassemblement national, vous étiez représenté comme le monsieur dédiabolisation du RN, celui censé remettre le Front dans le grand jeu démocratique. Aujourd’hui, vous l’accusez de faire trop le jeu du système. On a l’impression que vous regrettez presque le Front national d’avant, celui que vous vouliez dédiaboliser.

 

« Dédiabolisation » n’a jamais été « macronisation ». Nous sommes dans la macronisation, l’entrée dans le système. Cela n’a rien à voir. La dédiabolisation, c’était « il faut être un mouvement très clair ». La ligne Philippot comme on l’appelait, était claire et nette sur la souveraineté. Lorsque j’étais parti, on m’avait dit « Vous allez voir, l’abandon de la ligne Philippot va être le gage d’un succès incroyable pour le Rassemblement national qui va finir par arriver au pouvoir ». Tous les médias, les adversaires du RN, Macron, nous ont vendu cela. Ce qui se passe est exactement l’inverse. Ils ne font que baisser et s’affaiblir. Depuis, ils ont divisé leur nombre d’adhérents par trois, passant de 60.000 à 20.000. Notre parti Les Patriotes est en train de dépasser les 20.000 adhérents. Je ne confonds pas les choses. La dédiabolisation, c’est être un parti respectable et non être dans les dérapages insupportables et indignes qui font peur à tout le monde. Cela ne veut pas dire rentrer dans le système et se rallier à l’Union européenne.

Je ne regrette rien et je suis sur l’avenir. L’avenir,c’est le rassemblement souverainiste, être intransigeant sur les valeurs et sur le projet pour la France. Ce n’est certainement pas le moment de se rallier au système. Au moment où le système nous fait tant de mal, où il est très violent et brutal, nous devrions être doux et soumis ? Je pense exactement l’inverse.

 

 

Je pense que vous serez d’accord que l’objectif aux présidentielles est de battre Emmanuel Macron. Voyez-vous d’autres candidats que Marine Le Pen pour réussir à battre Emmanuel Macron ?

 

Je retire le mythe de tout va se jouer à une élection présidentielle tous les cinq ans. J’y crois de moins en moins. Les urnes sont un élément parmi d’autres. Il faut d’abord que le peuple français soit conscient de ce qui se passe et cela ne passe pas que par les urnes, mais aussi par un travail permanent de rassemblements, de manifestations et d’organisations. C’est aussi important, voire plus. L’important est, bien sûr, de battre Macron. Je suis, d’ailleurs, très heureux qu’il se soit pris une tôle magistrale aux régionales. Cela dépend de ce que l’on veut faire à côté. Si c’est pour avoir un clone de Macron ou alors une espèce de Salvini qui, un an et demi plus tard, se rallie aux banquiers en Italie, quel intérêt ?

Par ailleurs, Marine Le Pen ne peut pas battre Macron. Si Macron pensait une seule seconde que Marine Le Pen pouvait le battre, il ne lui ferait pas la courte échelle depuis deux ans. J’appelle tout le monde à réfléchir. Macron ne va pas aller chercher comme opposant quelqu’un dont il pense qu’il peut le battre. Je ne sais pas comment va se passer la présidentielle. Dans ma réflexion politique, je n'en sais pas plus, mais je pense que le peuple français va imposer un autre scénario. Je pense, aussi, qu’il faut travailler à côté, se mobiliser, résister et pas simplement dans le processus électoral.

 

 

Cette belle surprise pourrait-elle être Éric Zemmour ?

 

Éric Zemmour se présentera s’il estime qu’il a quelque chose à dire et sa candidature sera tout à fait légitime. Manifestement, il a un succès d’audience tous les soirs sur CNews. Il vend beaucoup de livres et a quelque chose à dire. Il faudra voir aussi ce qu’il dit concrètement. Il a manifestement envie d’être candidat et il a toute la légitimité pour l’être.

D’autres choses vont peut-être se produire et d’autres recompositions vont avoir lieu. Je veux que la question de l’indépendance de la France soit dans le débat. J’en ai marre que les candidats à la présidentielle nous fasse le même sketch, tous les cinq ans, en nous promettant plein de choses dont ils savent qu’ils ne pourront pas les appliquer. Ils savent qu’ils font de fausses promesses parce que nous sommes tenus par l’Union européenne, par la CEDH, par Schengen, par l’euro, par l’OTAN, etc. C’est insupportable. Il faut dire la vérité aux Français. Si on veut régler le problème de l’identité, le problème de la réindustrialisation, le problème du chômage, de la pauvreté et de l’insécurité, il faut que l’on soit un pays indépendant et libre.

Une fois que nous aurons cette liberté, nous verrons ce que nous ferons. On peut en faire de mauvaises choses, mais aussi de bonnes choses. Or, aujourd’hui, on ne peut faire que de mauvaises choses, puisqu’on applique le programme de l’oligarchie mondialiste.

 

 

On ne mesure pas la perte de liberté que l’on subit depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron.

Les Français perdent de plus en plus leur liberté, alors que l’insécurité explose. Comment rendre la liberté aux Français ?

 

C’est une vaste question, mais une question essentielle. Aujourd’hui, c’est un phénomène de domestication du peuple français. On nous apprend à être bien dressés, bien domestiqués. Nous avons des injonctions contradictoires permanentes.

Ceux qui pensent qu’ils vont rendre nos libertés par les artifices du tout vaccinal, ils se trompent. Depuis un an, la mécanique Covid, c’est l’inverse. Plus on leur obéit, plus on les suit et plus on se fait avoir. Les gérants de discothèques disent que le pass sanitaire ne leur va pas, il vaudrait mieux des auto-tests à l’entrée des discothèques. Vous rentrez dans leur logique sanitaro-covidiste. Vous acceptez de transformer votre établissement en hôpital.

Si je vais dans un magasin, un festival, un restaurant ou une discothèque, je ne veux pas faire un acte médical. C’est anormal de discriminer les gens en fonction de leur sérologie. On ne doit pas accepter et rentrer dans cet engrenage. Tout est fou. Ce matin, on a appris que, depuis le 1er janvier 2021, Veran avait fermé 1.800 lits d’hôpital. Lorsque la 4e vague arrivera, ils nous diront d’être responsables, sinon on va saturer l’hôpital. Le même Véran est en train de fermer des lits.

Ne rentrez pas là-dedans. Récupérez toutes vos libertés. Ce programme-là ne sera pas mis en place par Macron et Véran. Le RN n’était pas là, non plus, pour le vote sur le pass sanitaire, ils ont devancé des demandes de reconfinement de Macron. En parallèle du combat pour nos libertés, il y a le combat pour la liberté de la France. C’est le même combat et le même ennemi. Le jour où les gens auront pigé cela, tout deviendra possible.

 

 

 

Tout ce que vous dites sur la liberté et sur le Covid peut être taxé de complotisme et de bannissement à vie de toute fréquentabilité. Le complotisme est-il un piège dans lequel vous risquez de tomber ?

 

Je me fiche de ce qu’ils disent. Je dis la vérité et ce que je pense. Ceux qui ont commencé à dénoncer l’immigration massive, dans les années 80, étaient taxés d’extrême droite et de fascistes. Et trente ans plus tard, tout le monde leur a donné raison. Aujourd’hui, que quelques zozos médiatiques qui ne connaissent rien, qui n’ont jamais lu une étude, qui ne savent pas ce que sont les traitements, qui caricaturent tout, qui se réfèrent à saint Salomon, saint Véran et saint Macron nous disent qu’on est complotiste, je m’en fiche complètement. C’est faux sur le fond et c’est surtout la preuve qu’ils n’ont pas d’arguments. Je dis aux gens :éteignez vos télés, rallumez vos cerveaux et vous verrez que vous pigerez plein de choses, vous serez dans le combat et vous vous libérerez vous-mêmes.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 23/06/2021 à 21:24.
Florian Philippot
Florian Philippot
Président des Patriotes

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