Fiasco des régionales : les erreurs d’Emmanuel Macron

Par lettre ouverte du 12 avril 2021, j’ai demandé à Emmanuel Macron de reporter les élections régionales fixées aux 20 et 27 juin. Cette requête s’appuyait sur l’expérience malheureuse des élections municipales où les discours anxiogènes relatifs au risque sanitaire avaient abouti à une forte abstention et à l’élection d’équipes dont la légalité n’est pas contestable, mais dont la légitimité est amoindrie par le contexte d’exception dans lequel elles se sont déroulées.

Mon principal argument reposait sur la discrimination faite entre listes présentées par les grandes formations politiques déjà bien identifiées par les électeurs et listes proposées par de petites formations, voire par des candidats indépendants, dont les conditions de confinement et les restrictions sanitaires rendaient toute campagne de proximité matériellement impossible. Des élections dans ces circonstances entraînaient un phénomène d’autoreproduction des grands partis.

Accessoirement, alors que les conseillers régionaux sont – en principe – élus pour 6 ans, je faisais valoir la réduction à 5 ans et 3 mois de la durée du mandat 2016-2021, et l’allongement à 6 ans et 9 mois du mandat à venir pour suggérer un rééquilibrage qui aurait évité, par ailleurs, une trop grande proximité des régionales avec les présidentielles de 2022 et l’inévitable influence qu’elles auront sur cette consultation essentielle.

Le premier tour des régionales confirme le phénomène observé lors des municipales et dont je craignais qu’il se reproduise : une abstention élevée et un vote « recours » en direction des équipes sortantes dans un contexte d’inquiétude pour l’avenir sanitaire, mais aussi économique et social.

Dans les Hauts-de-France, l’abstention connue, le 20 juin à 20 heures 30, s’élevait à 62,33 %, ce qui est considérable. À titre de comparaison, elle était de 45,19 %, en 2015. Le vote « recours » en faveur de la majorité sortante a, lui aussi, été confirmé. Ainsi, la liste conduite par le divers droite Xavier Bertrand était donnée à 46,32 %, loin devant celle de Sébastien Chenu pour le RN, qui s’est effondré à 25,31 %, et devant celle de Karima Delli pour l’union de la gauche à 14,39 %. Pris à son piège, le parti du Président Macron n’a pas atteint le seuil de 10 % avec 8,5 % des suffrages seulement.

Au soir du 1er tour de l’élection, on observe donc d’une part la reproduction du scénario des municipales qui présente, dans les Hauts-de-France, une situation inversée de celle que l’on avait connue en 2015 : Xavier Bertrand passe de 25 % à 46 %, entre 2015 et 2021, tandis que le parti de Marine Le Pen tombe de 40,6 %, en 2015, à 25,3 %, en 2021 et que l’union de la gauche continue sa descente de 18 %, en 2015, à 14,4 %, en 2021.

Sauf sursaut de dernière minute, Xavier Bertrand apparaît donc comme le grand vainqueur dans les Hauts-de-France, et Marine Le Pen et Emmanuel Macron comme les grands perdants. Reste à voir si le scrutin national confirmera cette situation jusqu’en mai 2022.

André Murawski
André Murawski
Conseiller régional (Hauts-de-France)

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