Enseignement : redoublement, niveaux, Gabriel Attal accusé de conservatisme !

Il ne fait pas bon dévier de la pensée unique et de remettre en cause, un tant soit peu, les dogmes pédagogistes.
GABRIEL ATTAL

« Le retour des bonnes vieilles méthodes de droite envisagées par le ministre de l'Éducation Gabriel Attal n'est pas la solution », écrit Libération, présentant une tribune du sociologue François Dubet sous le titre « Redoublement et classes de niveau : les slogans conservateurs ne font pas une politique efficace ». À peine le ministre a-t-il prononcé les mots de « redoublement » ou de « classes de niveau », osant mettre l'accent sur l'acquisition des « savoirs fondamentaux », que toute la gauche bien-pensante se ligue contre lui.

Le redoublement stigmatise

Avant même qu'il ne présente les pistes retenues, ce mardi 5 décembre, tous les lobbies qui, depuis des décennies, influencent la rue de Grenelle s'émeuvent et cherchent à discréditer ses annonces. Certes, il y a beaucoup de raisons de se méfier d'un ministre habile en communication qui pourrait, comme son maître, pratiquer l'art de l'opportunisme et changer de point de vue du jour au lendemain. Mais quand il énonce quelques vérités de bon sens, on ne peut que souhaiter qu'on ne glisse pas sur son chemin trop de peaux de banane – y compris dans son ministère – pour le faire échouer.

L'un des arguments pour critiquer le redoublement, c'est d'affirmer qu'un élève qui redouble réussit moins bien qu'un élève qui, à niveau égal, n'a pas redoublé. On oublie de prendre en compte les potentialités de chaque élève qui peuvent expliquer les différences de parcours. On dit aussi que le redoublement stigmatise et touche surtout les plus défavorisés, culturellement et socialement, ce qui est sans doute vrai. Mais, précisément, le redoublement, intelligemment aménagé, ne pourrait-il pas leur donner une chance de s'en sortir ?

Des groupes de niveau aux « groupes de besoin »

Il en est de même pour les classes de niveau. Tout professeur qui enseigne sur le terrain sait – mieux que n'importe quel sociologue en chambre – qu'il est impossible, dans une classe trop hétérogène, de répondre aux besoins de tous les élèves. Qu'on peut, au mieux, dispenser un enseignement médiocre où personne ne trouve son compte. Créer des « groupes de niveau » – le ministère évoque, par euphémisme, des « groupes de besoin » – pourrait être une solution raisonnable, mais l'idéologie, dans ce domaine comme dans d'autres, l'emporte sur le bon sens.

François Dubet, bien en cour chez les ministres de gauche comme de droite, est sans doute sincère, mais sa vision de l'école est déformée par ses a priori idéologiques. Il y a quelques années, alors que le baccalauréat était déjà fortement dévalué, il était de ceux qui affirmaient que le niveau des élèves ne baissait pas. Déjà, il défendait l’idée de « socle commun de connaissances et compétences » qu'un ministre de droite mettait en place, prônant et assumant un « SMIC culturel » pour tous. On connaît les résultats désastreux de telles mesures.

Depuis la réforme du collège unique, voulue par Valéry Giscard d'Estaing, avec l'approbation de la plupart des syndicats de gauche, toutes les réformes entreprises n'ont abouti qu'à réduire le niveau d'exigence de l'enseignement, ce qui a nui, en premier lieu, aux élèves des milieux les plus défavorisés qu'on prétendait sauver. Les ministres de droite, pour se donner bonne conscience ou par manque de courage, les ministres de gauche, par idéologie et démagogie, ont agi dans le même sens – en prenant soin, les uns et les autres, de mettre leurs propres enfants à l'abri.

Il ne fait pas bon dévier de la pensée unique et remettre en cause, un tant soit peu, les dogmes pédagogistes. S'il va jusqu'au bout de ses intentions et les traduit en actes – ce qui est loin d'être acquis –, Gabriel Attal pourrait bien en subir les conséquences. Tout laisse à penser qu'il se montrera prudent et que la montagne accouchera d'une souris...

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Il n’y a plus aucune logique ! Il est normal que ceux qui ont le bon niveau accèdent aux études et diplômes, et que les autres ,malgré devoirs et dictées à la maison soient orientés vers des métiers adaptés à leurs capacités…. autrefois ça fonctionnait et à fournit la France en bons professionnels de haut niveau, les autres étant bons mais dans d’autres métiers, utiles aussi.

  2. Il n’y a pas que l’idéologie de l’EN. Les parents jouent un rôle fondamental. Les parents refusent les classes de niveau. Donc Attal a contre lui l’EN et les parents. Il ne se passera rien. La seule solution : augmenter le quota de l’Enseignement Privé. Ce ne sera pas fait évidemment puisque l’EN voudrait sa suppression. C’est sans issue.

  3. Psychologiquement le redoublement peut être pris dans la tête de l’élève comme une nouvelle chance ou bien comme le constat d’un échec. Ecoute t on les enfants avant de prendre cette décision pour eux? Je le souhaite.

    • Tout à fait de votre avis, cette décision peut avoir des conséquences (certes passagères) où pas d’ailleurs, si cela mène à une orientation non souhaitée , qui pouvait se corriger avant mais devenue pratiquement impossible maintenant. Ces jeunes n’ont plus le droit à l’erreur. Il suffit aussi qu’un prof principal ne porte pas l’élève dans son cœur pour qu’un jugement tombe comme un couperet.

  4. Conservateur ? J’assume. Jusqu’à preuve du contraire, les conservateurs ont su mettre sur le marché du travail des adultes qui savaient compter, lire, écrire sans fautes d’orthographe et cerise sur le gâteau, qui comprenaient ce qu’ils lisaient. Toutes ces têtes dites bien pensantes de la gauche réfractaire négligent un paramètre fondamental, ce sont pourtant des spécialistes de « la chose », négligent la notion de « maturité  » de l’élève. Pour une même classe d’âge, les élèves s’adaptent plus au moins bien aux conditions scolaires. Pour cette première raison fondamentale, redoubler peut-être un bien fait. Par ailleurs, la crainte connue d’un redoublement possible, est une condition de se motiver un peu plus à travailler. Enfin, le redoublement est un coup de semonce pour l’élève qui perd son cadre habituel, ses copains, il se croit « humilié » au sein de ses nouveaux compagnons à séduire, « il est le redoublant » . Il comprend qu’il doit se remettre en question et surtout, compte-tenu de l’expérience de l’année précédente, qu’il doit se situer dans les premiers de la classe sous peine d’être un peu plus humilié. Et coup de semonce pour les parents lesquels doivent suivre un peu plus leur enfant. Redoubler est donc un mal nécessaire, remettre le pied à l’étrier. C’est un coût pour la société mais un coût compensé par la suite par les performances de l’adulte. Par exemple, il n’est plus nécessaire aux entrées des grandes écoles de donner des cours de rattrapage en orthographe afin de sauvegarder la dignité de l’élève et de l’école.

  5. ATTAL prépare les présidentielles de 2027 et il y aura assez de bénets pour croire au miracle alors que c’est un 2ème macron juste un peu plus sympathique.

  6. Un redoublement ne peut être valable qu’à condition qu’il se justifie par des notes insuffisantes de plusieurs matières, redoubler équivaut souvent à gagner 1ou 2 points mais peut perturber un enfant qui se sentira dévalorisé vis à vis de ses anciens et nouveaux camarades,, je pense plutôt à l’utilité de cours de soutien, obligeant l’élève à travailler, mais avant tout il faudrait beaucoup de psychologie des enseignants pour déceler si les difficultés d’un élève sont dues à un manque de travail ou à une difficulté d’apprendre. Il n’y a hélas pas de règle, on connaît tous de brillants élèves qui n’ont pas réussi ainsi que l’inverse.

    • « redoubler équivaut souvent à gagner 1 ou 2 points mais peut perturber un enfant qui se sentira dévalorisé vis à vis de ses anciens et nouveaux camarades »
      J’ai eu dans ma famille un cas où la personne a eu besoin de redoubler. Plutôt que de se sentir dévalorisée, elle était très flattée de constater qu’elle en avait plus que ses nouveaux camarades qui la valorisaient, et cela lui a permis de reprendre confiance en elle et de faire ensuite des études intéressantes pour elle. Tout dépend, à mon avis qui vaut ce qu’il vaut sans plus, tout dépend aussi de comment la famille perçoit ce redoublement et comment elle accompagne et tente de revaloriser l’enfant.

  7. N’étant pas d’un milieu « défavorisé », mes enfants, (3) pourtant bons élèves au collège, arrivés dans un lycée prestigieux, ont tous redoublé leur seconde, (redoublement bien expliqué et bien accepté par ces derniers) ont permis de consolider leurs bases, ont fait par la suite de très bonnes études au point qu’ils exercent des professions qui leur permettent de vivre dans l’aisance ! Je suis pour les classes de différents niveaux et pour le redoublement. Comment un élève, qui a des lacunes puisse évoluer dans de bonnes conditions si on refuse le redoublement, du simple bon sens !

  8. L’un des arguments pour critiquer le redoublement, c’est d’affirmer qu’un élève qui redouble réussit moins bien qu’un élève qui, à niveau égal, n’a pas redoublé.

    ==> Simple, faire redoubler les meilleurs et ceux qui redoublent réussiront mieux que les autres !!!
    /// Non, je rigole !
    /// C’est ma façon de répondre à l’affirmation balancée par les pédagos du ministère « les statistiques démontrent que les élèves qui redoublent réussissent moins bien que les autres. » Autrement dit, l’inversion de la cause et de la conséquence… le sophisme transformé en vérité pédagogique !

  9. Je ne l’aime pas avec sa gueule de premier de la classe mais il est le premier à parler clair et fort d’un problème gravissime. Des analphabètes obtiennent le bac. Ils ne sont pas illettrés. Les 3/4 des français dont moi sommes illettrés. Alors, mr le ministre ,chapeau.

  10. Conservatrice ces méthodes? Oui, mais elles ont fait leurs preuves. Contrairement aux méthodes « de progrès »…

  11. La gauche a en horreur la différence. Pourtant elle est la première qui aime en créer. Un coureur de fond n’a pas les mêmes aptitudes qu’un coureur de sprint et on pourrait trouver d’autres distinctions dans bien d’autres disciplines. Vouloir les nier revient à un nivellement vers le bas. On ne cherche plus le dépassement de soi, mais les prébendes prélevées sur le travail de ceux qui osent encore croire que sans effort on n’arrive à rien.

  12. Les expériences probantes des prédécesseurs de ce ministre souvent soutenus par la gauche et leur réussite …95% de quasi illettrés obtenant le bac chaque année
    J’ai une façon de penser et de faire … je prends l’exact opposé des idées des socialistes et surtout du moribond libé….donc idées du ministre de l’éducation à approfondir

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