Le cinéaste Jean-Pierre Mocky sera-t-il la prochaine victime du féminisme punitif ? La suite le dira. Scène de crime et objet du délit, pour commencer : nous sommes le mercredi 16 janvier, sur le plateau de "Touche pas à mon poste", l’émission animée par Cyril Hanouna. Comme il faut bien meubler, il est demandé à Jean-Pierre Mocky de commenter diverses photos de personnalités. Arrive le tour de Nabilla Benattia. Et là, l’indicible est dit : « Elle est pas mal, elle est baisable aussi… »

Évidemment, Cyril Hanouna, dont on connaît la sensibilité à fleur de peau, est choqué ; lui dont le langage est d’habitude si châtié, un peu comme un Bernard Pivot en moins trivial. On remarquera qu’à sa manière, le metteur en scène est demeuré délicat. Imaginez qu’il ait assuré que « baisable » Nabilla n’était pas… On vous laisse imaginer la farandole.

Sur le plateau, le malaise est palpable. Faut-il rire ou pas ? Cyril Hanouna s’improvise pompier d’un soir, assurant que tout cela n’est guère correct, puisque Nabilla Benattia « va se marier » et qu’il « l’embrasse ». Ensuite, l’une des chroniqueuses, Géraldine Maillet se mêle de la partie. Pour un numéro à la Christine Angot ? Non, bien au contraire : « J’apprécie le franc-parler de notre invité, un véritable bain de jouvence. Je trouve que ce n’est pas du tout dégradant ou humiliant pour la femme. Au contraire, ça fait vraiment du bien. » Si c’est elle qui le dit.

Et Cyril Hanouna d’ajouter : « C’est vrai qu’on ne peut pas parler des femmes comme ça, aujourd’hui. On peut dire qu’une femme est très jolie [quoique… NDLR]. C’est vrai que le personnage de Jean-Pierre Mocky fait du bien, on a de moins en moins de personnages comme ça. » Les temps changeraient-ils ?

En revanche, Jean-Pierre Mocky, lui, ne changera jamais. Éternel franc-tireur du cinéma français, il est tout autant admiré par une certaine presse de gauche, malgré son vieux fond réactionnaire, que par une frange de la presse de droite, nonobstant son anarchisme foncier. Bien sûr, on n’ira pas jusqu’à prétendre que sa sortie était d’une délicatesse de violette. Normal, il a un rang à tenir. C’est Jean-Pierre Mocky, tout de même. D’ailleurs, en avril 2016, dans l’émission "On n’est pas couché", animée par Laurent Ruquier, il avait dressé le même constat physique à propos de Léa Salamé. Laquelle s’était contentée de rigoler.

Nabilla Benattia, elle, n’a pas rigolé du tout. D’où ce tweet en forme d’épigramme : « Bref ne vous prenez pas la tête il y a des personnes qui n’ont aucune éducation, et pour qui il est malheureusement trop tard pour changer je n’accepte pas le manque de respect en général mais encore moins le Machisme. #balancetonporc. » Voilà qui est dit et bien dit, avec ses mots à elle, mais bien dit tout de même. Si, si, comme disait une autre impératrice.

Au fait, qui est Nabilla Benattia ? Une star du petit écran qui a connu la célébrité en 2013, dans "Les Anges de la téléréalité", grâce à cette fameuse réplique, depuis gravée dans le marbre : « Non ! Allô ? T’es une fille et t’as pas de shampooing ? Non mais, allô, quoi ! » C’est vrai, ça. Allô, quoi. Hormis le fait qu’à côté, les tourments de Chimène [celle de Corneille et pas Chimène Badi, NDLR] ont de quoi faire pâle figure, voilà qui donne aussi une assez haute image de la femme. Surtout lorsque la même Nabilla règle ses différends conjugaux à coups de couteau, ce qui lui vaut un bref séjour en prison en novembre 2014. Peut-être que son compagnon, Thomas Vergara, lui avait troussé un compliment à la Jean-Pierre Mocky.

On attend encore la réaction indignée des professionnelles du féminisme. Les temps changeraient-ils, tel qu’écrit plus haut ?

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18 janvier 2019 à 19:27

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