Diplomatie médiatique : attention, danger !

G7 BIARRITZ

La situation internationale est entrée dans une période de tensions qui créent de légitimes inquiétudes, la multiplications des crises : le détroit d'Ormuz, la guerre au Yémen, la guerre en Syrie, le conflit persistant israélo-palestinien, l'Afghanistan, Hong Kong, les relations indo-pakistanaises, la Chine et les États-Unis, la Corée du Nord, l'Algérie, les flux migratoires, le Soudan...

C'est dans ce contexte que s'est tenu le G7 de Biarritz sous la présidence d'Emmanuel Macron.

Les perspectives du G7 étaient tellement peu encourageantes, compte tenu des différences d'appréciation des chefs d'État et de gouvernement, qu'il n'était prévu, à l'issue du sommet, ni communiqué commun, ni photo de famille, et cependant le G7 apparaît comme un succès d'Emmanuel Macron, qui a su prendre deux initiatives qui sont à mettre à son crédit, il faut le reconnaître.

La première initiative fut de recevoir Vladimir Poutine au fort de Brégançon avant la tenue du G7 ; il est, en effet, indispensable de faire revenir dans le jeu européen la Russie, que des sanctions européennes inefficaces maintiennent dans un ghetto qui a toutes les chances de la pousser dans les bras de la Chine.

La seconde initiative fut de faire venir à Biarritz le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif.

Certes, les membres du G7 n'ont guère apprécié d'être avertis à la dernière minute de sa venue, mais la France a raison de signifier au président américain que sa dénonciation de l'accord nucléaire accroît dangereusement la situation au Proche et Moyen-Orient, et notamment dans le détroit d'Ormuz où transite le pétrole à destination de l'Europe.

Cela étant dit, il convient de réfléchir et d'analyser cette diplomatie véritablement médiatique dans toutes ses conséquences.

Elle est ostensiblement une diplomatie de l'image et de la communication qui suscite, dans un premier temps, l'intérêt et peut-être l'espoir mais, tel un soufflé, l'ensemble du processus peut retomber très vite, laissant la place aux désillusions amères.

Quant aux embrassades ostentatoires entre Trump et Macron, elles sont risibles, les États n'ont pas d'amis.

De plus, cette diplomatie médiatique pratiquée par les chefs d'État qui « montent » ainsi en première ligne surtout pour exister par rapport à leur opinion publique nationale est dangereuse.

Agir sur le plan international au regard de considérations de politique intérieure n'est pas un gage de réussite, même si cela est parfois inévitable...

En effet, le chef d'État est le dernier et ultime échelon dans les relations internationales, après les diplomates et ambassadeurs, les ministres des Affaires étrangères. Il incarne, comme il était inscrit sur les canons du roi Louis XIV, l'« ultima ratio regum », le dernier argument du roi avant la crise et parfois la guerre !

Le G7 de Biarritz restera l'exemple d'un sommet où les relations, notamment avec le Brésil, traitées directement au niveau des chefs d'État, ont atteint un paroxysme de tension.

Voilà pourquoi l'art de la diplomatie nécessite des courts-circuits qui protègent le Président, chef d'État, qui doit éviter une diplomatie directe, et qui ne doit intervenir que lorsque la négociation est sur le point d'être conclue !

Il est vrai que les G7 ou G20 tournent le dos à cette prudence.

La première qualité d'un chef d'État, aujourd'hui, est de savoir prendre du recul et de ne pas tomber dans l'immédiateté et le narcissisme médiatiques.

Jacques Myard
Jacques Myard
Homme politique - Maire de Maisons-Laffitte

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