[ANIMAUX] Hiver démographique… été canin ?

Briton Rivière, Fidelity (détail). National Museums Liverpool, Walker Art Gallery / Art UK
Briton Rivière, Fidelity (détail). National Museums Liverpool, Walker Art Gallery / Art UK

Le phénomène n’est pas nouveau, les médias en parlent depuis une dizaine d’années : de jeunes Français préfèrent avoir un animal qu’élever un enfant. Il y a quelques mois, un livre a fait de ce phénomène une tendance sociétale : Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas d’enfant), d’Hélène Gâteau (Albin Michel). C’est tellement à la mode que le pape s’est inquiété, à plusieurs reprises, de cet « hiver démographique » qui s’arrange d’animaux. « Beaucoup de couples n'ont pas d'enfants parce qu'ils ne le veulent pas, ou ils n'en ont qu'un seul parce qu'ils n'en veulent plus, mais ils ont deux chiens, deux chats... Oui, les chiens et les chats prennent la place des enfants. » Le pape y voit un « déni de la paternité et de la maternité » qui « nous rabaisse, nous enlève notre humanité » ; un vieillissement de la civilisation.

Outre un solide individualisme (pourquoi se compliquer la vie ?), ce mode de vie semble bien relever d’une perte de vitalité, en lien peut-être avec une crainte irrationnelle de fin du monde (en gros : l’épuisement des ressources sur fond de réchauffement climatique). Le résultat est bobo à souhait. Pour preuve le portrait, dressé par Le Parisien, d’un couple de trentenaires avec leur chien. Je vous laisse deviner qui est qui, de Canelle, Tanneguy et Paupiette. Un sociologue explique au Parisien que ce mode de vie « illustre la nouvelle place qu’occupent désormais les animaux de compagnie dans la société ». D’ailleurs, selon le quotidien, 85 % des propriétaires de chiens considèrent l’animal « comme un membre de la famille » (sondage CSA de janvier 2022).

L’animal fait partie de la famille et ça n’est pas nouveau

Mais cette considération n’a rien à voir avec le fait d’avoir un animal plutôt qu’un enfant. Que l’animal soit un membre de la famille n’est pas une nouveauté. Marcel Aymé en a tiré un joli récit : Les chiens de notre vie (En arrière, Gallimard), où l’on fait connaissance de Pyrame, Béfort, Oscar et Finaud. Et le chien de Tobie, qui l’accompagna dans son voyage ainsi que l’ange Raphaël, ne faisait-il pas partie de la famille? Et Argos, le chien d’Ulysse ? « Quand il fut de retour enfin/Dans sa patrie le sage Ulysse/Son vieux chien de lui se souvint/Près d’un tapis de haute lisse/Sa femme attendait qu’il revînt »

Ce n’est pas notre relation à l’animal qui change, mais le fait qu’elle devienne telle, chez certains, qu’elle exclut les enfants et qu’elle fonde la famille, dans une sorte de rejet de la cellule familiale « traditionnelle ». Cette infantilisation de l’animal est le signe d’une perte de repères. Une perte parmi tant d'autres ! « Une saine relation entre l’homme et l’animal, explique le père Jean-François Thomas, ne se construit que sous le regard de Dieu ». Canelle, Tanneguy et Paupiette n'en sont pas là...

Le chien comme un pré-enfant pour adulescents ?

Faut-il désespérer de ce nouveau schéma « familial » ? Peut-être, chez quelques adulescents, l’animal de compagnie comme « bébé » est-il une étape de responsabilisation ? Obligations et corvées les prépareraient, en mode mineur, à être père et mère. Reste que certaines décisions sont irréversibles, comme la vasectomie dont France Culture se fait le complaisant relais. Écoutons Romain, 32 ans, qui a fait ce choix : « Un gamin qui naît dans les années 2020, il est adulte en 2050, donc le moment où le GIEC nous dit ça va partir en couille. J'aime beaucoup trop ce "potentiel enfant" pour le faire. » Est-ce à dessein que Romain, dans ce contexte, utilise l’image d’un monde qui « va partir en couille »  ? L’histoire ne dit pas si, à la place, il aura un chien ; ni s’il le fera stériliser… « comme papa ».

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Je suis d’accord que l’animal ne doit pas prendre la place de l’enfant et je ne suis pas sûr que l’on puisse avoir les deux à la fois tellement les soins d’un chien sont élevés et non remboursés . Par contre la présence d’un chien peut nous détourner l’esprit quelques instants lors de la disparition d’un proche ou de la solitude qui pèse … C’est un compagnon fidèle et reconnaissant et nous devons être digne de l’immense confiance qu’il nous accorde . cela n’a pas de prix même si et surtout si cela est inné en lui !

  2. Quand on voit ce qui attend nos pauvres enfants et petits-enfants, il vaut mieux avoir des animaux de compagnie…

  3. Moi qui ais quatre enfants, dix petits enfants et bientôt dix huit arrière petits enfants dont l’ainée va avoir vingt trois ans, je ne sais pas si c’était à refaire maintenant, avec les moyens de contraception qu’il y a actuellement et la société telle qu’elle est, et celle qui arrive à grands pas, si je ne choisirais pas moi aussi de ne pas avoir d’enfants, pas par égoïsme, mais au contraire pour les « protéger », d’un monde que je ne voudrais pas voir, car je subodore, qu’il sera le plus terrifiant qu’aura connu l’humanité.

    • Inquiétude justifiée, mais si l’on veut sauver notre pays, la démographie doit passer par là. Il n’est de force que d’hommes. Nos envahisseurs le savent bien. Ils nous conquereront avec le ventre de leurs femmes.
      Je suis également très inquiète pour l’ avenir de mes petits enfants, mais, ne plus avoir d’enfants, c’est capituler.

  4. Un chien battu est protégé et soigné par la SPA …
    un enfant battu n’a pas cette chance…!
    Réfléchissez…

  5. Comme disait Coluche « Il y a encore des gens qui ont des enfants parce qu’ils ne peuvent pas avoir de chien »

  6. Une fois n’est pas coutume, les propos que vous rapportez du pape me semble baignés de bon sens.

  7. Et alors? Il ne faut pas faciliter l’avortement faciliter le divorce prôner la liberté sexuelle et les changements de sexe liquider le romantisme et la galanterie , libérer l’enfant de toutes contraintes , ne pas assurer la sécurité des biens et des personnes ….pour venir ensuite s’inquiéter du fait qu’on ait guère envie de se reproduire..
    Il faudrait assurer chaleur et soins aux vieillards comme aux enfants et ne pas faire en sorte que la seule présence fidèle et aimante dans la vie soit celle du chien avant d’être euthanasiés.
    Si on a une vie sécurisée et la perspective que pour ses enfants elle soit meilleure on prend la responsabilité
    d’en faire, sinon dans ce monde incertain avec des menaces de guerre de perte de travail dans un environnement vicié et une démographie démentielle la peur programmée au ventre mieux vaut prendre un chien, eux au moins sont l’ ancrage immuable et nécessaire que nous recherchons tous

  8. Il est certain que si l’on trouve des idiots suivant les élucubrations du Giec , on n’est pas sorti de l’auberge, les délégués de greenpeace et autres écolo qui peuplent le Giec sont de sacrés conseillers.

  9. L’avis du pape on s’en moque . Par contre un chien ne vous donnera pas de petits enfants à chérir , ne sera plus là pour vous aider dans vos vieux jours , vous conduire à des rendez vous médicaux etc….Les enfants sont l’avenir d’un pays .

    • Très juste, mais ils sont trop jeunes pour imaginer leurs vieux jours.
      Leur anxiété presque maladive et leur désarroi face au monde futur supposé, les empêche de vivre ce qui devrait être la partie de leur vie la plus insouciante, la plus joyeuse…

      • Oui je suis d’accord avec vous que l »on encourage ce genre de peur maladive , et pendant ce temps d’autres n’ont pas les mêmes états d’âmes et avancent avec détermination à la conquête de nos peuples apeurés .

    • D’accord avec vous, s’ils assument tout ce que vous dites, mais hélas il y en a beaucoup qui « pompent » la retraite des parents et ou attendent l’héritage.

      • Sauf que de nos jours, ce sont plus les petits enfants qui tireront profit des biens de leurs grands parents, si ceux-ci ne prennent pas de dispositions avant leur mort.

  10. Avec le pape rien d’étonnant. Maintenant, tant qu’on virera pas tout ces illuminés d’écolos ça ne changera pas !

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