Lyon, dans le 7e arrondissement. L’association de riverains en colère créée en 2019 pour dénoncer « l’insécurité » et les « incivilités » jette l’éponge. Il faut dire que le quartier de la Guillotière, réputé pour être « cosmopolite », fait régulièrement parler de lui.

Par exemple, et de manière non exhaustive, en mars dernier, les habitants se plaignent de voir des « gens sniffer de la drogue et de la poudre toute la journée », la presse (Actu Lyon, 2 mars) relate « la présence de groupes d’hommes, plusieurs dizaines, voire jusqu’à une centaine l’été, qui sont drogués, alcoolisés, bruyant et violents ». Le même mois, ce sont des tirs à la Guillotière et un homme touché par balle (Actu Lyon, 9 mars). En mai, une habitante se plaint de l’installation d’un urinoir sous son appartement. Cette retraitée raconte à la presse (Actu Lyon, 6 mai) : « La moitié du temps, il sert de poubelle à canette ou autres choses ! Une société vient le vider de temps en temps. Il y a des traînées d'urine par terre, c'est dégueulasse. » Le 2 mai, toujours dans le même quartier, et selon Actu Lyon, « un homme a fait deux victimes au couteau ». Le 31 mai, c’est une boulangerie qui doit fermer en raison de l’insalubrité, Actu Lyon décrit la présence de rats et de cafards. Le 9 juin, Nathalie Balmat, la présidente de l’association La Guillotière en colère, attaque la métropole du Grand Lyon et la ville (pourtant écologiste) devant la justice administrative pour dénoncer la saleté et les dépôts sauvages d’encombrants dans les rues sans la moindre verbalisation. Le 24 juin, c’est une vidéo devenue virale (plus de 100.000 vues) qui montre une bagarre qui dégénère.

Et pas plus tard que ce 20 juillet, toujours à la Guillotière, trois policiers sont lynchés à coups de barre de fer par une foule hostile d’une cinquantaine de personnes. Gérald Darmanin apporte évidemment son soutien aux forces de l'ordre par un tweet qui doit certainement « leur en toucher une sans faire bouger l'autre ».

Dans ce quartier où il fait bon vivre, donc, l’association de riverains en colère ne fait que constater l’inefficacité de la mairie à agir. Epuisée par ces combats incessants, elle a voté sa dissolution le 12 juillet. « Nous avons combattu sans relâche les mensonges et surtout le déni des autorités d’hier ou d’aujourd’hui, face à la situation gravissime d’un quartier qui ne faisait qu’empirer de semaine en semaine », explique le communiqué de l’association qui dénonce la sourde oreille de la municipalité administrée par Grégory Doucet. Le maire est également mis en cause par Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui ironise : « Rassurez-vous, le maire de Lyon réfléchit à la possibilité de lancer un audit sur l'installation de caméras quelque part, un jour, dans la ville. »

Agressions, tags, personnes qui urinent sur la voie publique, tapage nocturne, trafic de drogue ou harcèlement de rue, l’association aura combattu mais fustige aujourd’hui « un vaste système d’enfumage d’ateliers participatifs, donner le semblant aux citoyens que la mairie s’occupe d’eux, qu’elle écoute les problématiques et apporte des solutions ». Un combat qu’elle cesse de mener.

Sur Twitter, une autre association « La Guillotière vraiment en colère » évoque, de son côté, un défaut d’analyse de la part de l’association dissoute. Elle évoque une « intention louable » mais qui se contentait de « rappeler les pouvoirs publics à leur mission fonctionnelle » tout en maintenant « un silence assourdissant sur les causes profondes de la situation dans ce quartier ». Selon elle, l’association récemment dissoute ne nommait pas la corrélation entre incivilités et communautarisme ethno-religieux. Et sans véritable diagnostic, le risque était donc de déplorer les effets dont on chérit les causes. Dans ces conditions, on comprend que le combat ait pu s’annoncer vain…

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22 juillet 2022 à 17:15

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