Vraiment inquiétants, ces curés en soutane ! En tout cas, si on lit Libé

soutane

Libération publiait, le 20 mars, un long article de Bernadette Sauvaget, spécialiste des questions religieuses, sur la communauté Saint-Martin, une association de prêtres catholiques qualifiée, par facilité - pour ne pas dire paresse - intellectuelle, d'« ultraconservatrice » et d’« identitaire ». L’accroche de cet article est l’implantation de cette communauté au Mont-Saint-Michel, au lieu emblématique et… touristique. Un petit chef-d’œuvre de parti pris. Ce qu’on fait de mieux dans le genre, actuellement, sur le marché.

Déjà, le titre : « Dérive [en rouge, bien entendu] Les cathos identitaires de la communauté Saint-Martin à la conquête de la France ». D’emblée, on est dans l’ambiance. C’est d’ailleurs le côté pratique de Libé : les étiquettes sont collées à l’avance. Faut dire que la communauté Saint-Martin facilite le travail : les prêtres de la communauté Saint-Martin portent la soutane ! La soutane, c’est évidemment un signe de « catholicisme identitaire ». Et le pape ? Le pape, lui, c’est différent : d’abord, il est gentil parce qu’il aime les migrants et les musulmans, et puis c’est pour mieux le reconnaître de loin. D’accord. Un petit mot quand même sur le mot « dérive ». Dériver, c’est par rapport, en principe, à une direction, à un cap. Alors, qui fixe le cap ? L’Église catholique, Libé ou ces dames qui se prennent pour des curés depuis bientôt un demi-siècle dans nombre de paroisses ? On se demande, parfois. Je dis ça car je me souviens de ce qu’un prêtre de la communauté Saint-Martin, il y a un trentaine d'années, m’avait raconté. À peine installé dans une paroisse de Tours, l'une de ces dames patronnesses postconciliaires lui avait lâché une phrase du genre : « Votre soutane, croyez-moi, vous n’allez pas la garder bien longtemps ! » Mais on dérive. « Dérive », toujours : à ce mot, on peut accrocher tous les petits qualificatifs qui achèvent l’étiquetage : « identitaire », « sectaire », etc.

Finalement, cet article est particulièrement intéressant, pas tant sur le fond que par le champ lexical employé pour bien souligner le caractère guerrier de l'apostolat de cette communauté. Le prêtre est « sanglé » dans sa soutane, tel un militaire dans son uniforme. Là aussi, il faut dire que la communauté y met du sien : c’est justement un ancien militaire ! Un prêtre ancien milouf, ça sent la croisade, ça. Ce prêtre est « sans doute autoritaire », d'ailleurs, « on le voit à la manière dont il traite un jeune homme qui lui apporte les clés de l’église ». On n’en saura pas plus. « La communauté campe sur des positions [camper sur des positions : toujours la guerre, et en plus, tout le contraire du progressisme] ultraconservatrices. » On aurait pu dire plus simplement « conservatrices », mais « ultraconservatrices », c’est mieux. La preuve ? « Ses séminaristes ont participé aux défilés de la Manif pour tous. » Cette communauté a désormais « pris pied » dans une trentaine de diocèses en France : la conquête progresse. Une conquête qui joue des rapports de force : « Confrontés à la chute drastique de prêtres, de religieux et de religieuses, les évêques actuels, saisis de panique, sont prêts à composer avec cette communauté au recrutement très efficace, souvent dans des milieux proches des scouts d’Europe. » Pauvres évêques, prêts à rendre les armes ou leur crosse !

Pour revenir à cet abbé « autoritaire », « envoyé en éclaireur » au Mont-Saint-Michel, la journaliste nous explique qu’« il a fixé une plaque » sur la porte de la maison où il exerce son ministère, « comme on marque son territoire, où est inscrit en grand “rectorat”, une façon aussi de camper fermement son autorité ». Je sais pas chez vous, mais par chez moi, il y a tout un tas de professionnels qui apposent leur plaque sur leur porte ou à côté de la sonnette : du psychologue au proctologue en passant par le toiletteur pour chiens. Et les curés, ils ne pourraient pas ?

Que retenir de ce petit bijou journalistique ? Que, finalement, il faut s’inquiéter sérieusement de l’implantation de prêtres catholiques obéissant à la discipline et à la doctrine de l’Église catholique. Qu’il faut craindre le développement de cette communauté car elle pourrait « constituer 30 à 40 % du clergé catholique français dans les trente ans à venir ». Qu’au fond, cette croissance insolente est tout aussi inquiétante – on ne le dit pas mais on doit y penser très fort – que celle d’une autre religion…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Moi ça ne ne me gêne pas de voir des prêtres en soutane !
    Être proche des fondamentalistes… chacun a le droit de penser ce qu’il veut, n’en déplaise à ce quotidien Libération écœurant.
    Ah vous avez aussi « L’immonde » (Ex Le Monde) et pendant que j’y suis de parler à bâtons rompus, si on rebaptisé le Conseil Constitutionnel « Conseil destitutionnel » en envoyant Fabius à l’ANPE… Pardon je me suis éloigné du sujet de l’article

  2. C’est grâce à la complicité de certains prêtres que tous ces musulmans restent chez nous. Il en était ainsi déjà à la fin des années 60, quand les algériens sont arrivées en France. C’est normal que les chrétiens se soient détournés de leur religion. Le Pape il faut le virer, c’est un fossoyeur de la Chrétienneté

  3. Il ne faut pas oublier que les prêtres, les Eglises de France aident tous les musulmans, tous les africains, là ils y rentrent dans les Eglises, pour aller chercher de l’aide, l’hospitalité, tout ce qu’ils leur faut pour vivre bien. Les braderies organisées par les Eglises, tous ces gens ne paient rien. Par contre les chrétiens paient, même les plus pauvres, même ceux qui ont temporairement des difficultés, c’est comme ça, les blancs, les chrétiens on ne les aident pas.

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