La haine en marche : à quand un geste de Macron pour rétablir la paix sociale ?

manifestation 1er décembre

"Dix ans, ça suffit !" : c’était l’un des slogans de Mai 68. Cette « révolution » de jeunes bourgeois était « fraîche et joyeuse », comme la guerre en dentelles. Lorsqu’on écoute les « anciens combattants » de Mai 68, jamais on n'entend le mot de « haine ». On dressait des barricades, on faisait le coup de poing avec les « CRS-SS » au nom d’une utopie. Au-delà des barricades, il y avait un horizon, certes factice, mais porteur d'un certain espoir. Très différent, me semble-t-il, est le climat des événements actuels.

On enfile un gilet jaune, on occupe un rond-point, on monte à Paris pour manifester, parce qu’on n’a plus rien à manger dans le frigo au 15 du mois, qu’on a le pressentiment que sa retraite sera misérable, que les enfants auront une situation sociale inférieure à la sienne. Bref, on enfile un gilet jaune car on ne voit pas d’horizon. Car on a la haine. Et la haine qui se développe est peut-être plus profonde que celle que l'on perçoit à travers les scènes d'insurrection de samedi. Emmanuel Macron, qui, un temps, envisagea de commémorer Mai 68 perçoit-il ce sentiment ? Un sentiment plus fort que la colère qui, elle, dans une certaine mesure, peut être sainte, saine et juste. Emmanuel Macron, qui se targue de connaître l’Histoire de France, devrait réfléchir à ces moments où tout peut basculer pour un rien plutôt que pérorer depuis l'étranger, comme il le faisait encore vendredi, en Argentine, en déclarant, toujours modeste, que "c'est dans ces moments-là qu'on teste aussi la force d'âme d'un pays, d'un peuple et, en quelques mesures, de ses gouvernants". Et pour l’instant, les banlieues, qui s’enflammèrent en 2005, semblent rester calmes…

La semaine dernière, Valeurs actuelles faisait sa une sur "Macron, l’incendiaire". De retour d’Argentine où, samedi soir, il rendait compte, tel un porte-parole du groupe Bilderberg, en des mots désincarnés, inutiles, creux, satisfaits, de la réunion du G20, à sa descente d’avion, il est allé immédiatement saluer les forces de l’ordre et constater l’ampleur des dégâts. Les mauvais esprits diront que les pyromanes reviennent toujours sur les lieux de commission de leurs actes.

La pire erreur que puisse faire, désormais, Emmanuel Macron – mais le pire n’est jamais sûr, on le constate depuis dix-huit mois – serait de se réfugier derrière un discours exclusivement centré sur la sécurité, cette sécurité qui est une des priorités des Français et que son gouvernement a été incapable de rétablir depuis qu’il est aux affaires et qu’il a, au contraire, contribué à dégrader. À l’évidence, on jetant de l’huile sur le feu depuis plusieurs semaines, Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Christophe Castaner sont comptables de ce qui se passe, aujourd'hui, dans le pays. Face à ce sentiment de haine qui se développe de façon inquiétante pour la paix sociale, la concorde, Emmanuel Macron ne peut pas, ne peut plus tenir des discours hors-sol ou de comptable comme celui du Charles-de-Gaulle, de mardi dernier ou de Buenos Aires. En est-il capable ?

En tout cas, on retiendra que c’est sous le principat d’Emmanuel Macron qu’on dégrada l’Arc de Triomphe sous lequel repose le Soldat inconnu. Tant de haine. Même en mai 68…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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