Il y a quelque chose de désespérant à devoir dénoncer, à intervalles réguliers, le développement de l'insécurité et l'augmentation de la violence dans notre pays. Et ce, sans que la moindre solution ne soit esquissée par ceux qui sont au pouvoir. Bien plus, une impression de désintérêt général de la part de ceux qui sont en charge de la paix publique s'installe, laissant à penser que les victimes d'agressions, de coups, de viols et d'autres méfaits ne les concernent même plus.

Il y a quelques heures à peine, c'est un garçon de 12 ans qui succombait sous les coups d'une bande rivale. Les faits se sont passés samedi 13 octobre, aux Lilas, une commune de Seine-Saint-Denis. Deux bandes d'une vingtaine de jeunes se sont affrontées à coups de barres de fer et de bâtons lors d'une escarmouche qui n'a duré que quelques minutes, mais qui a suffi pour que l'adolescent y laisse la vie.

Dans ce département, qui est depuis de nombreuses années, maintenant, considéré comme le plus dangereux de France, ce genre d'expédition punitive entre bandes rivales est devenu courant. Selon certains habitants, chaque semaine, des délinquants venus de différents quartiers se battent au moindre prétexte, contribuant ainsi à faire de la Seine-Saint-Denis un haut lieu de l'insécurité. Rappelons, également, que ce département, pour lequel toutes les politiques publiques de lutte contre la délinquance, payées à prix d'or par les contribuables français, ont échoué, est aussi devenu une place forte du trafic de stupéfiants. Le chiffre d'affaires de la "Seine-Saint-Denis Connection", qui pèse plus d'un milliard d'euros (estimation 2016), est donc devenu, au fil du temps, un secteur d'activité comme un autre sans lequel certains quartiers ne pourraient plus vivre. Quoi d'étonnant, dès lors, à ce que toute une pègre se soit développée, jusqu'à provoquer ces crises de violences paroxysmiques qui aboutissent aujourd'hui à la mort de gamins de 12 ans ?

Cet échec cinglant des politiques de sécurité mises en place depuis plusieurs décennies est le résultats d'un laisser-aller total des élus locaux et des responsables politiques nationaux, qui ont préféré jouer la carte de la démagogie et de la complaisance face à des individus sans scrupules. Ces attitudes ont, ainsi, provoqué des "affaires Théo" ou des "affaires Traoré", pour ne citer que les plus emblématiques et les plus récentes, qui ont achevé de disqualifier et de délégitimer toute action de l’État dans des quartiers désormais perdus. Si l'on ajoute à cela les récentes photos de notre Président prises aux côtés d'individus ou d'artistes pour le moins douteux, il devient facile de comprendre que, dans de nombreux endroits, les valeurs de la République ont disparu pour laisser la place au chaos le plus total.

Sans doute est-ce cette situation qui rend la désignation d'un ministre de l'Intérieur difficile. Et on le comprend. Qui d'autre qu'un carriériste, que Macron finira sans doute par trouver, aura suffisamment de courage et de détermination pour affronter la dramatique situation sécuritaire que connaît notre pays ? Qui aura la force et la volonté de faire face à Macron, qui a d'ores et déjà choisi son camp, celui du laxisme et de la duplicité, pour relever l'immense défi qui l'attend Place Beauvau ? Nous attendons son nom avec impatience, mais sans illusion, il est vrai.

Le drame des Lilas n'est donc que la suite d'un désastre national qui tombera bientôt dans l'oubli. Remplacé par d'autres crimes, d'autres assassinats, d'autre faits divers tous plus sordides les uns que les autres. Les Français sont condamnés à subir, pour longtemps encore, la loi des gangs et l'indifférence de nos dirigeants.

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15 octobre 2018 à 15:11

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