Procès des braqueurs de Kim Kardashian : les truands, c’était mieux avant !

Plus de huit ans après les faits, survenus dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, la dizaine de voyous ayant soulagé Kim Kardashian, vedette de la télé-réalité, d’autant de millions d’euros en bijoux est enfin jugée. À cette occasion, les chroniqueurs judiciaires n’ont pas fini de se régaler, tant ce procès paraît être celui d’une sorte de bulle spatio-temporelle, égarée en ce troisième millénaire. En effet, ceux qui sont là pour répondre de leurs méfaits semblent surgir du siècle passé. Comme s’ils parlaient en noir et blanc, façon Tontons flingueurs dépassés par la modernité.
Ils ne savaient même pas qui était Kim Kardashian…
La preuve en est qu’ils ne savent même pas, au moment de leur larcin, qui est Kim Kardashian. À leurs âges – ils ont tous, largement, dépassé la soixantaine –, les malfrats en sont encore à Sylvie Vartan et Rina Ketty et ignorent probablement tout du monde des influenceuses à QI de 125 C. C’est une créature made in TikTok ; eux en sont encore à l’époque des Scopitone™. Tout juste savent-ils qu’elle est l’épouse d’un rappeur [Kanye West, NDLR] ; soit, pour eux, une sorte de nouveau chanteur yéyé.
Quant à leur équipée nocturne dans un hôtel huppé du VIIIe arrondissement parisien, sis rue Tronchet, elle vaut son poids de bananes flambées. Une fois entrés par effraction dans la suite de la vedette, leur anglais est si misérable qu’ils ne peuvent que hurler « Ring ! Ring ! » Terrorisée, la pauvre Kardashian doit se demander pourquoi on lui demander de « sonner ». En fait, c’est sa bague de fiançailles, estimée à quatre millions de dollars, qu’ils exigent. La victime a beau mobiliser tous ses neurones, elle n’y entrave que pouic. Heureusement pour eux, la bague en question se trouve là, en évidence, sur la table de nuit. Et c’est par hasard qu’ils tombent sur le coffre à bijoux contenant quelque six millions de dollars de verroterie. Bref, on est assez loin du casse du siècle, surtout à en juger de la suite, quand trois des braqueurs s’enfuient à bicyclette, comme dans la chanson d’Yves Montand. L’un d’eux se vautre comme un flan, quelques dizaines de mètre plus loin, laissant ainsi échapper la bagouze à quatre millions. Une passante la retrouvera le lendemain dans le caniveau et la rapportera illico au commissariat de police le plus proche. Il y a encore des gens honnêtes en France. Ça fait chaud au cœur.
Une belle brochette de vedettes…
Puis, l’enquête avance vite, nos zigotos ayant laissé leur ADN sur le scotch leur ayant servi à bâillonner Kim Kardashian afin de la réduire au silence ; ce que l’on ne saurait décemment leur reprocher. Le cerveau de la bande ? Un certain Aomar Aït Khedache. Ses complices ? Des comparses d’autrefois, dont Yunice Abbas, qui pourrait bien être son second. Les autres ? Un patron de bistrot et un chauffeur de taxi. Pour filer la métaphore cinématographique, nous sommes donc plus proches de La septième compagnie au clair de Lune que d’Ocean’s Eleven. Aomar Aït Khedache, 69 ans ? Il est sourd et muet et ne peut suivre son propre procès qu’en déchiffrant les notes de deux sténotypistes. Yunice Abbas (72 ans) ? Il n’est guère mieux portant, comme dans la chanson de Gaston Ouvrard, puisque victime de la maladie de Parkinson.
Les autres ? Didier Dubreucq (69 ans), dit « Yeux bleus », est en pleine chimiothérapie, suite à la récidive d’un cancer du poumon. Pierre Bouianere (72 ans), rattrapé, non point par les pandores, mais par Alzheimer, est dispensé de comparution. « Déjà qu’il n’arrivait pas à respecter son contrôle judiciaire parce qu’il ne se souvenait pas qu’il devait pointer au commissariat », explique son avocat, Me Amaury Auzou… Marc Boyer (78 ans) n’est pas non plus au meilleur de sa forme : « J’ai le syndrome de Karpov, non, Karkoff ou Korsakoff, une forme de petit Alzheimer, si vous voulez. Bon, j’ai soixante ans d’alcool derrière moi, en dehors des années de prison. » Et « deux ans au Tchad en tant que parachutiste », complète-t-il, avouant au passage être parti avec la paye du régiment, flingue en pogne.
Des itinéraires plus que cabossés…
La suite de ces premières audiences paraît tirée d’une vieille Série noire, entre Auguste Le Breton et Alphonse Boudard. Yunice Abbas : « À chaque fois que j’avançais d’un pas, je reculais de dix. » Marc Boyer : « J’ai une vie de raté, c’est tout ce que je peux vous dire, monsieur le président. » Didier Dubreucq : « J’ai goûté tout de suite au sirop de la rue. […] À Clichy-sous-Bois, on était une fratrie de douze, y avait pas de contraception à l’époque, j’étais le dernier, on était quatre par lit. C’était la misère. » Et la délinquance, aussi, dès quinze ans : « Ça devient une spirale. |…] Mais je ne suis pas violent par nature. […] Les échanges de coups de feu, c’était pour fuir. J’ai jamais tué qui que ce soit de ma vie et je m’en félicite. »
Sans sombrer dans le déclinisme, on peut néanmoins affirmer que les truands, c’était peut-être mieux avant, surtout quand rattrapés par cette modernité aujourd’hui incarnée par la Mafia DZ, pour ne citer que cette seule organisation mafieuse ; laquelle semble autrement plus dangereuse que cette bande de pieds-nickelés et de bras cassés. Pour la petite histoire, et toujours à propos de modernité, Abderrahmane Ouatiki, l’agent de sécurité qui a vainement tenté de faire l’interprète entre la dévalisée et les prédateurs, en attendant que les poulets n’arrivent sur les lieux du crime, a été expulsé, trois mois après les faits, étant sous le coup d’une OQTF. Le verdict est attendu le 23 mai.
PS : en attendant, Kim Kardashian continue de se pavaner sur les réseaux sociaux, exhibant des chevilles ornées de bijoux dont elle prétend qu’ils « valent plus cher que sa maison ». Incorrigible…

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4 commentaires
Cette affaire date de 2015 ! Lamentable justice Française !
C’est pas sérieux!
Au moins, ils ont pu se rincer l’oeil!
Mr Gauthier vous m’avez bien fait rire! entre les bananes flambées et la description des casseurs, sans compter les chevilles de mme Kardashian….Bien que le sujet soit hautement répréhensible, ces branquignols me sont sympathiques. Il y a un film à tourner, malheureusement sans Gabin, Poiret, Noiret, Bourvil et Rochefort, ça va être compliqué!