[MEDIAS] TF1, une « chaîne pro-gouvernementale », affirme Xavier Niel

Xavier_Niel

C’est peu dire que La France insoumise aura fait chou blanc avec sa commission d'enquête sur le renouvellement des fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Alors que leur objectif initial était de couler CNews, ces auditions auront permis, au contraire, de montrer sous un jour flatteur Vincent Bolloré, le patron honni, tout en exposant l’intolérance mâtinée de bêtise des députés insoumis. La cabale lancée contre la chaîne jugée de droite se sera finalement retournée contre ses initiateurs, éclaboussant au passage d’autres médias rangés pourtant du côté progressiste.

TF1 rhabillée pour l’hiver

Dernier épisode de cette pantalonnade - en attendant la convocation de Yann Barthès, qui s’annonce déjà savoureuse -, l’audition de Xavier Niel, le 21 mars dernier. Le fondateur de Free et actionnaire du Monde n’a pas mâché ses mots envers ses concurrents, et notamment Martin Bouygues, propriétaire des chaînes du groupe TF1. « Regardez ses chaînes. Ce sont des chaînes pro-gouvernementales, a lâché Xavier Niel, devant des députés médusés. Ce sont des chaînes par essence qui vont être toujours du côté du fort, du pouvoir, parce que, potentiellement, elles vont pouvoir obtenir des intérêts ou des avantages. C'est leur modèle. Personne n'est dupe de cela. Ce qui fait que, sur l'information, il y a d'autres informations sur les réseaux et sur d'autres types de chaînes. C'est consanguin à ce qu'elles font et les raisons pour lesquelles elles existent. » TF1, chaîne pro-Macron ? Ce n’était pas la réponse attendue par le rapporteur insoumis Aurélien Saintoul, qui souhaitait plutôt mettre en lumière la dépendance de médias au service de leurs actionnaires. « Je n'ai pas dit au service de leurs actionnaires, mais des dirigeants d'un pays, l’a alors corrigé Xavier Niel, bien décidé à enfoncer la première chaîne. C'est une activité hyper régulée, ils savent à qui ils doivent rendre des comptes… » Voilà qui a le mérite d’être clair.

Durant son audition, le magnat des télécoms et des médias s’en est également pris à M6, décrite comme une vulgaire pompe à fric aux contenus à la limite de l’indigence. « Ils ont clairement choisi leur combat : faire de l'argent, peut-être pas toujours l'intérêt principal du téléspectateur. […] Si vous prenez M6, vous avez une chaîne dont l'audience baisse, mais pas les profits. Je suis un capitaliste, cela ne me choque pas par essence. Seulement, on parle d'une fréquence dans le domaine public. Si l'audience baisse en général, c'est parce que les programmes intéressent moins, c'est parce que ce qui est produit n'est pas de qualité. Quel est le seul secret pour avoir une audience qui baisse et des profits qui montent ? C'est simple : produire moins cher, maximaliser la diffusion d'écrans publicitaires, chercher des publics de cible et non plus des publics larges. Des recettes qui ne sont pas dans l'intérêt direct du téléspectateur. »

Amertume

Se pourrait-il que Xavier Niel fasse partie de ces rares entrepreneurs philanthropes, animés par le seul bien-être de leurs semblables ? Il est permis d’en douter. Sa critique acerbe des dirigeants de M6 cache, en réalité, une vive amertume personnelle. Il se trouve que l’homme d’affaires nourrissait, il y a peu, l’espoir de faire main basse sur le canal 6 de la TNT. Espoir que l’Arcom a définitivement réduit à néant, en février 2023, en écartant d’une pichenette l’offre de reprise de Xavier Niel. « L'Arcom a flippé. Elle a eu peur de la nouveauté. Elle a eu peur du dialogue et surtout de la compétition, a commenté le milliardaire, ce 21 mars, revenant sur sa mésaventure. Cette procédure n'a jamais été pensée que comme un renouvellement de fréquences. Cela a toujours été pensé pour garder les cinq mêmes acteurs de manière historique et ne pas permettre la compétition. Pourtant, la compétition, c'est sain. Si on veut du renouveau, il faut mieux organiser les conditions d'accès des nouveaux entrants. »

Nul ne saura jamais ce qu’aurait donné son projet « SIX », ni si Xavier Niel aurait réellement tenu sa promesse de « faire passer les gens avant l'argent ». L’homme éconduit est aujourd’hui amer et n’a pas de mots assez durs envers les dirigeants des chaînes qu’il convoitait. Mais reconnaissons tout de même que son analyse du paysage audiovisuel français est loin d’être dénuée de vérités.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Ce voyou a commencé dans les minitels roses avec Fernand Dewelter. Ce dernier avait ouvert des bordels à Strasbourg.
    Drôle de mentalité. Ensuite, le reste est connu : il achète des sociétés et il obtient aisément des crédits. De là, il prend des journaux de gauche sous sa coupe, journaux qui auraient fait faillite sans son aide. Quel gredin!

  2. Je pense que ce monsieur n’a pas tout à fait tort lorsqu’il parle de chaines progouvernementales car que ce soit le groupe Tf1 ou M6 on peut voir leurs lignes éditorialistes bien orientées , avec leurs présentateurs vedettes qui agissent en ce sens. Là s’arrête mon adhésion à ce patron de l’ Iliad . Quant à parler de totale impartialité je note qu’étant abonné de sa branche opérateur pour le réseau internet, téléphonie et télévision , on bénéficie d’ un service du « replay » où nombre de chaines sont représentées mais où ne figure nulle part celle de Cnews , bizarre comme esprit de pluralisme , NON !!!

  3. Le principal argument des adeptes du vehicule electrique est un mensonge. La voiture electrique pollue mais la pollution n est pad émise au coeur des villes. Cela déplace simplement la pollution. Enfin une technologie est abandonnée au profit d une autre plus efficace et ce n est pas une loi qui le décide. Les technocrates de l ue n ont aucun sens pratique. Dans quel monde vivent ils?

  4. Xavier Niel peut racheter BFM et BFMTV à Patrick Drahi à court d’argent, on verra si c’est le téléspectateur qui y gagne…

  5. Il n’a jamais dit qu’il fallait faire passer les gens avant l’argent. Il a dit qu’il fallait faire de l’argent ET faire de l’audience.
    Ce n’est pas la même chose du tout. Car derrière la logique de M6, il peut légitimement pressentir que ça ne peut pas continuer avec des audiences en baisse et des profit en hausse. Et que c’est un choix stratégique dangereux.

  6. jubilatoire ! les arroseurs arrosés ! une belle blague ! Saintoul va l’avoir dans le baba ! que ça fait du bien ce renversement de vapeur !

  7. Xavier Niel est charmant, il oublie sans doute qu’avec son beau père Bernard Arnault et d’autres patrons , n’est ce pas Bouygues, Dassault etc, il a fait élire Macron, donc ses critiques qui font mouche sont je pense le fruit d’une profonde amertume, quelle belle réussite serait d’être le patron de M6 après avoir commencé dans le Minitel Rose.

  8. Pour ce qui concerne TF 1 la mutation politique des présentateurs des journaux est évidente. Elle s’est faite en 3 ou 4 ans avec une accélération au moment des élections présidentielles. De journalistes ils sont devenus serpillières.

  9. Excellente analyse dont nous aurions été privé s’il avait pu acquérir son canal 6 . Quand à ceux qui ont voulu descendre CNEWS je pense qu’ils s’en mordent les doigts quel plaisir .

  10. Et l’Arcom complice de Mediapart et autres, compte influencer les lecteurs et téléspectateurs !
    Aussi menteurs que nos dirigeants qui encaissent nos impôts … Et où passe tout cet argent ….

  11. Cette affaire devient jouissive. Tout ce que chacun pressentait s’expose au grand jour. Pas sur que cette audition Parlementaire ait réussi le pari escompté.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois