Manif Sarah Halimi : quand la politique déconstruit la communion

Sarah Halimi

Chacun s’accorde à dire que la France est belle lorsqu’elle est rassemblée. Malheureusement, c’est souvent un drame qui unit les Français ; c’était le cas, dimanche dernier, au Trocadéro, où un magnifique élan de solidarité mais aussi un cri de détresse et de déception étaient venus interpeller l’opinion sur l’absence de procès dans l’affaire Sarah Halimi.

Nous étions tous venus lui rendre hommage, demander que la Justice comprenne que si l’antisémitisme n’exclut pas la folie, comme si d’ailleurs l’antisémitisme n’était déjà pas lui-même folie, la folie ne doit en rien empêcher que l’antisémitisme soit reconnu et puni comme tel, et être sous l’empire d’aucune substance ne peut lui accorder circonstances atténuantes.

Une fois cela dit, une fois toute l’émotion, les larmes, la colère et l’incompréhension versées et déversées, si nous étions tous unis dans cet état de sidération d’une Justice qui sonne comme un crachat au peuple juif, conscients que ce verdict indigne n’était pourtant pas que l’affaire d’une communauté, il y a pourtant à dire des rassemblements organisés par le CRIF qui ont souvent quelque chose de profondément gênant.

Nous nous battons tous pour faire comprendre que lorsque l’on attaque un Juif, c’est l’affaire de tous, mais pourquoi le CRIF, pour en faire prendre conscience à tous, se borne-t-il à transformer tout hommage en meeting politique ?

Le dîner du CRIF ne suffit-il pas pour monnayer le soutien de la communauté ? Quelle était donc l’utilité de cette indécente politisation de l’hommage à Sarah Halimi, qui ressemblait plus à un tour de chauffe de la présidentielle qu’à un moment de communion.

Et que dire du choix des intervenants sans avoir honte, sans se demander si le président du CRIF ne souffre pas d’amnésie en laissant ceux qui ont largement contribué, par leur culture de l’excuse permanente, à décomplexer l’antisémitisme et à quasiment abolir l’État de droit dans notre pays en minimisant des faits inexcusables

Voir se succéder à la tribune tout ce que la politique peut porter de renoncement à l’autorité, tous ceux dont la politique a porté l’antisémitisme à son apogée en faisant le lit du séparatisme, en cautionnant le terreau de l’intégrisme, et ce, au nom du « vivre ensemble » et autres joyeusetés, il faut le dire, et je ne suis pas seule à le penser, a quelque chose de profondément déplacé dans cette orchestration préélectorale qui ne disait pas son nom !

Dans l’assistance, d’autres personnes avaient certainement plus de légitimité que ce casting de la honte : Anne Hidalgo et Christophe Castaner en étaient le coup de poignard de trop…

Si le CRIF ne sait pas faire d’hommage du cœur sans faire de politique, qu’il invite au moins ceux qui ont des convictions, qui défendent nos valeurs et qui, dans leur action, luttent contre les démons qui nous persécutent. Mais, de grâce, que l’on cesse de mettre en avant ceux qui sont dans l’imposture et dans la trahison !

Ella Kelian
Ella Kelian
Communicante et plume politique, fondatrice de l’Agence CrazyWord

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