Il y en aura pour tout le monde : maintenant, le racisme anti-asiatique !

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Pas de doute : une sorte de microclimat propre aux crétineries les plus ébouriffées est en train de s’installer en nos contrées, tel qu’en témoigne ce procès ouvert le mercredi 24 mars et relatif au « racisme anti-asiatique ». En effet, coronavirus oblige, il y a un an que les Chinois de France seraient victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux.

D’où l’assez classique « Ça va aller dans le XIIIe chasser du Chinois » ou encore le plus imagé « On arrête les mangas, désormais, c’est la chasse aux Asiatiques, les bridés, là, les jaunes mangeurs de chiens ». Certes, la bande dessinée façon manga est un art spécifiquement japonais ; mais grosso modo, on saisit globalement le concept. Après quatre mois d’enquête, cinq internautes ont donc été déférés devant la XVIIe chambre correctionnelle pour répondre de leurs méfaits.

Daniel Tran, vice-président de l’AJCF (Association des jeunes Chinois de France) – pourquoi les « jeunes » et pas les « vieux ? –, se rappelle : « C’était hyper violent, il y avait des appels au meurtre très explicites. » Et combien de passages à l’acte ? Aucun. Il est vrai que seulement cinq excités du clavier ayant trop lu les aventures de Buck Danny (autre BD dans laquelle on stigmatisait les « faces de citron »), c’est un peu court pour lancer un djihad anti-Chinois. À croire, pourtant, qu’après le CRIF et le CCIF, l’AJCF ait bien retenu la leçon consistant à crier d’abord au loup, à passer par la case tribunal, encaisser la monnaie, quitte à se retrouver ensuite Gros-Jean comme devant.

Hasards et facéties du calendrier, un autre Chinois, et pas des moindres - s’agissant du très pétulant Lu Shaye, ambassadeur de Pékin à Paris -, vient de se faire remarquer par d’autres tweets d’un bon goût assez similaire, puisque traitant Antoine Bondaz, chercheur français en géopolitique, de « petite frappe » et de « hyène folle ». Si l’on s’en réfère aux actuelles élégances humanistes, voilà qui fait au moins quatre insultes en autant de mots et de possibles procès.

Nanophobie pour « petite », homophobie pour « frappe », hyénophobie pour « hyène » et cageofollophobie pour « folle », surtout si Zaza Napoli se porte partie civile. Bref, que fait la brigade des bonnes mœurs ? Ils peignent la girafe ? Font des câlins aux pangolins ? Ou se roulent des rouleaux de printemps sous les bras pendant les heures de bureau ?

Comme toujours, ces avancées sociétales nous viennent du pays où tout est possible : les USA. Là-bas, les homologues américains de l’AJCF se plaignent de la discrimination positive des concours d’entrée aux grandes universités. Et il y a, effectivement, de quoi rire jaune. Ainsi, nous révèle une étude réalisée en 2011 par deux chercheurs de Princeton, « les postulants asiatiques doivent obtenir à l’examen d’entrée de l’université 140 points de plus qu’un postulant blanc, 270 points de plus qu’un Hispanique et 450 points de plus qu’un étudiant afro-américain pour être admis ».

Ou de l’art des ligues de vertu antiracistes de remettre à l’honneur les clichés racistes les plus éculés. Je serais asiatique, je serais flatté. Je serais noir, je le serais déjà moins. Mais en tant que Poitevin de lignée et de cœur, moi dont le cursus universitaire se limite à un simple CAP d’arts graphiques – l’école de la vie et de la rue, celle où l’on reçoit plus de coups que de caresses, ayant fait le reste –, je m’interroge sur cette injustice profonde : pourquoi les Poitevins sont-ils toujours les grands absents des statistiques relatives à ce qu’il faut bien nommer un racisme « systémique » ?

Remarquez bien que je m’en fous à peu près autant que de ma première fille à poil entraperçue au fond d’un verre de mauvais saké. Le Poitou vaincra !

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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