Emmanuelle Cosse réélue à la présidence de l’USH

41 % des occupants des HLM sont immigrés ou descendants d’immigrés de première génération.
Emmanuelle Cosse. Capture écran Assemblée nationale
Emmanuelle Cosse. Capture écran Assemblée nationale

Mercredi 16 octobre dernier, Emmanuelle Cosse a été réélue à la présidence de l’Union sociale pour l’habitat (USH), une institution de 95 ans créée en 1929 sous le nom d’Union nationale des fédérations d’organismes HLM.

Cette institution est moins connue du grand public sur les enjeux logement que la fondation Abbé-Pierre (en attendant son nouveau nom…) et n’a pas sa puissance de feu médiatique. Il n’en demeure pas moins que l’USH, qui se définit justement comme « l’organisation représentative du secteur HLM qui représente 593 organismes HLM à travers 5 fédérations », coordonne et oriente une composante majeure de l’écosystème logement français : 5,4 millions de logements locatifs sociaux occupés par 11 millions de personnes (soit 16 % des résidences principales, et bien davantage, si on exclut les pavillons et maisons individuelles), 22 milliards d’euros de loyers perçus, 7 milliards d’euros d’APL versés aux locataire… L’USH organise également chaque année, en septembre, dans une grande ville de France, le congrès HLM, qui est le plus grand congrès itinérant du pays.

Un bastion socialiste

Quelle est donc la gouvernance de l’USH ? Pendant des décennies, l’Union nationale des fédérations d’organismes HLM (renommée USH en 2002) a eu des liens organiques très puissants avec le Parti socialiste du fait de la puissance de ce parti qui était, de sa création en 1971 à 2017, soit le parti au pouvoir, soit le premier parti d’opposition avec, en permanence, une forte présence dans les principales villes de France où le développement du logement social est historiquement l’une des composantes principales du socialisme municipal. Les quatre prédécesseurs d’Emmanuel Cosse ont tous été ministres du Logement ou parlementaires PS, que l’on parle de Roger Quilliot (1985-1999), Michel Delebarre (1999-2008), Thierry Repentin (2008-2012) ou Jean-Louis Dumont (2012-2020). Ces présidents conservaient leurs mandats électifs (ou les émoluments associés) durant la présidence de l’USH, qui est une fonction non rémunérée.

La première élection d’Emmanuelle Cosse en 2020 constitue donc une rupture par rapport à cette stabilité, en lien avec l’affaiblissement du PS qui perd son statut de parti de gouvernement en 2017, suite à l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et la victoire de son parti aux élections législatives. Mais il ne faut pas oublier qu’Emmanuelle Cosse a été ministre du Logement en 2016-2017 dans le gouvernement Valls lors du quinquennat de François Hollande. De toute façon, le PS reste largement représenté dans les instances puisque la présidence des offices HLM (organismes HLM dépendant des collectivités territoriales) est tenu par Marcel Rogemont, ancien député PS, et la présidence des coopératives HLM par Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice jusqu’en 2023 après une longue carrière politique dans ou à côté du PS.

De fait, la forte présence du PS, en particulier, et de la gauche, en général, à l’USH renvoie à une situation générale hexagonale où l’affaiblissement du PS n’empêche pas des hauts dirigeants de ce parti d’occuper des places éminentes dans les institutions clés de la République, que l’on pense au Conseil constitutionnel présidé par Laurent Fabius, à la Cour des comptes présidée par Pierre Moscovici ou au Conseil d’État dont le dirigeant (le vice-président Didier Taureau) a fait une grande partie de sa carrière dans les cabinets des gouvernements de gauche.

La nature de cette gouvernance USH et ce contrôle institutionnel conduisent naturellement les politiques françaises du logement vers des orientations de gauche : augmentation continue de la taille du secteur du logement social et des moyens publics qu’il nécessite, évolution tendancielle vers un modèle résiduel centré sur le « mal-logement » et excluant de fait les classes moyennes du parc HLM, politique de la ville et du renouvellement urbain.

Par conséquent, des enjeux puissants du secteur comme la sécurité et l’ordre public passent après, sans oublier la question migratoire, sachant que près d’un occupant sur deux du parc HLM (41 %, exactement) était soit immigré soit descendant d’immigré de première génération, la proportion montant à 57 % dans les quartiers de la politique de la ville.

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Georges Le Breton
Haut fonctionnaire en activité, spécialiste des politiques publiques.

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Dans le 19è, des panneaux sur les bâtiments indiquent la rénovation de nombreux bâtiments. Tout y passe : Ville de Paris, SNCF, etc. Et l’on découvre soudain que la plupart des bâtiments sont aux mains de l’Etat. Les locataires ont des noms lointains. Nous sommes punis deux fois : la rénovation est faite avec nos impôts. On y loge des populations qui ne nous aiment pas.

  2.  » 22 milliards d’euros de loyers perçus, 7 milliards d’euros d’APL versés aux locataires ». Le tiers des loyers repart en APL. Tout le socialisme.
     » l’affaiblissement du PS n’empêche pas des hauts dirigeants de ce parti d’occuper des places éminentes dans les institutions clés de la République ». Pareil, voire pire pour le PC qui les a colonisées depuis 1945.

  3. J’observe une forte présence du PS aussi au niveau de l’occupation des logements, présence des affiches électorales oblige, on a reçu un appart, on vote ps et si en plus on a « reçu » une place à la poste, c’est la totale.

  4. Indigènes de France, demandeurs de logement HLM, allez plutôt acheter des tentes avant que le prix monte, car, avec la demande exponentielle des nouveaux arrivants pour un toit, vous allez vous retrouver en fin de liste.

    • Quand je vous dis que la France d’aujourd’hui c’est CENDRILLON.
      Les étrangers arrivent, prennent possession de votre demeure, et vous êtes condamné à trimer, en payant beaucoup d’impôts, pour les entretenir.

  5. Une enquête sur cette institution HLM serait la bienvenue : financement, fiscalité, recouvrement des loyers, coûts d’entretien, etc …

    • Pour avoir travaillé la-dedans, je faisais des états des lieux avec paiement des dégradations en cas de sortie d’occupation. Mes chiffres étaient systématiquement revus à la baisse par la direction.

  6. L’immigration est logée pas chère en HLM, et à nis frais avec nos impôts qui servent l’APL qui leur est versée.
    Et en plus, toutes les sommes envoyées au bled à la famille sont défiscalisées en France! 41% d’immigrés logés à nos frais … N’y aurait-il pas une certaine connivence politicienne entre ces privilégiés étrangers ou issus de l’étranger et les milliardaires exilés fiscaux, et / ou le MEDEF qui refuse d’invalider l’immigration ?

    • Il n’y a pas que les loyers, il faut aussi leur payer la casse et la destruction. Une société de logement, pour laquelle j’ai travaillé, laissait aller un immeuble où ils étaient le plus possible planqués et ils dégradaient l’immeuble, mais au moins les autres arrivaient encore à fonctionner. Je ne décris pas la situation du bâtiment, portes d’entrées enlevées, cascade d’eau dans la cage d’escalier, ascenseur en panne, vitres cassées …

  7. Merci Boulevard Voltaire,
    Quel politique, quel journaliste s’est intéressé à la masse d’informations dont dispose l’USH ?
    Pour moi un audit (sérieux) sur la vie des hlm pendant les 50 dernières années ferait autant de bruit que tous les « papers  » et autres « leaks » réunis.
    Tous les partis ont été complices de cet omerta scandaleux.
    Je souhaite que BV n’en reste pas là

    • Bien vu et puisque l’Etat cherche à faire des économies, il peut aussi ne plus verser aucune subventions aux trop nombreux bailleurs sociaux, tant que les contrôles ne sont pas effectués logement par logement ( le soir, tard)

  8. C’est sans compter les nombreux sous-locataires occupants les logements en + ou pendant que les locataires sont repartis au bled tout en percevant des prestations sociales. Aucun contrôle n’existe et personne sur le territoire ne sait qui sont ces sous-locataires.

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