Chez EELV, il y aura Médine… mais surtout pas de steaks !

Il y a déjà un an (un siècle, une éternité, dirait Joe Dassin), lors des journées d'été d'Europe Écologie Les Verts, Sandrine Rousseau parlait de l'entrecôte cuite au barbecue, dans laquelle elle voyait un « symbole de virilité » qu'il s'agissait, évidemment, de déconstruire. Le programme des journées d'été 2023, pour un parti qui s'apprête à faire du neuf avec du vieux en devenant « Les Écologistes », tout simplement, est en phase avec les options prises l'année dernière. Lors de ces journées (qui ont le bon goût de ne pas s'appeler « universités » : on est dans le « droit à la paresse », après tout), il y aura plein de choses très sympa : des ateliers de cadrage idéologique (ah, ces gauchistes...), la présentation de Marie Toussaint, tête de liste aux futures élections européennes, l'utilisation de « cuichettes » (un couvert réutilisable, mixte de couteau-cuillère-fourchette) qui permettent d'envisager le zéro déchet, mais aussi, au milieu d'un programme déjà très orienté... de la nourriture 100 % sans viande.

Le programme officiel indique tout simplement que « 100 % de la restauration proposée dans les food-trucks sera végétarienne ou végan, en grande partie bio et issue de la filière locale ». Bio et local, très bien : ça fait bosser les agriculteurs français et ça évite de manger des produits chimiques. Rien à dire : l'écologie, la vraie, on l'oublie trop souvent, est de droite. Il est normal que ça se voie de temps en temps. Végétarienne ou vegan... comment dire ? C'est sûr qu'on est loin de la prétendue virilité démonstrative de l'entrecôte au barbecue. Ce sera donc légumes pour tout le monde. En effet, explique la formation politique, une « alimentation non carnée permet de réduire encore un peu plus l'impact environnemental des journées d'été ». Pas de viande, pas de choix à la cantine : une barquette en plastique recyclé, garnie de légumes, vite avalée avec une cuichette, avant d'aller suivre un atelier de cadrage idéologique. Des vacances comme on les aime, quoi.

Il est à noter que cette remarquable cohérence, assez rare en politique, si elle ne plaide pas en faveur de l'art de vivre à la française, n'est malheureusement que partielle. En effet, on sait que, parmi les invités de prestige attendus pour ces journées du mois d'août finissant, EELV attend le rappeur Médine. Connu pour son album Jihad, sa volonté de « crucifier les laïcards comme au Golgotha » et ses prises de position sur lesquelles chacun pourra se faire une opinion grâce à Internet, Médine n'est pas exactement en phase avec les grandes options socio-culturelles prises par les écolos. C'est également le cas de la droite, mais pour inviter Geoffroy Lejeune ou Marion Maréchal, il faudrait un peu plus de cran. Inviter un rappeur dont la moindre phrase, si elle était attribuée à quelqu'un d'autre, vaudrait la correctionnelle, c'est se procurer, à peu de frais, un petit frisson bourgeois. Les dames d'hier frémissaient d'un coupable plaisir en lisant Les Mystères de Paris ; les viragos de 2023 n'aiment pas les barbecues mais elles n'ont, en fin de compte, rien contre la masculinité dite toxique, pour peu qu'elle se revendique de l'autre rive de la Méditerranée. Cela dit, Médine est né au Havre et EELV n'a pas manqué de souligner lourdement qu'il était « chez lui », puisque ce sont les docks du Havre qui accueillent ces journées d'été. Convergence des luttes, dans la ville d'Édouard Philippe, entre le rap islamique, qui plaît au prolétariat des banlieues, et la coercition écolo, qui a les faveurs des bobos riches et déconnectés, il fallait le faire. Après tout, c'est la haine qui les rassemble : la haine de la France et de son Histoire, la haine des Français de souche et de leur culture.

Cet « été indien » qui promet d'être woke et racialiste, tout droit venu des États-Unis, n'est donc plus seulement, pour revenir à Joe Dassin, « une saison qui n'existe que dans le nord de l'Amérique ». Nous avons importé leurs salades. Bon courage !

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