Macron et la théorie du catalyseur, révélateur des bons ou des mauvais côtés des foules

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Dans les démocraties, on ne porte guère d’attention aux traits de caractère des personnes qui ont un pouvoir sur les autres. Pourtant...

Dans un collège, tout se passe admirablement. Les parents se battent pour inscrire leur enfant. Le principal prend sa retraite et est remplacé par un autre et tout va à vau-l’eau, les parents retirent leurs enfants de l’établissement. Dans un lycée, les professeurs arrivent en retard, font de l’à-peu-près, les élèves se tiennent mal… Et puis le proviseur change. Les mêmes enseignants arrivent en avance, leurs cours sont appréciés et les élèves n’ont plus le goût de se comporter comme des malappris.

On retrouve un peu partout ce phénomène. Les gens font n’importe quoi quand ils savent que le chef ne dira rien, le chef laisse faire (n’importe quoi), quand c’est un imbécile ou lorsqu’on redoute d’être désavoué par son propre chef… Et ainsi de suite. Un peu, en partant du chef des chefs, comme avec la théorie du… ruissellement.

Bref, le chef est souvent un catalyseur*. Un catalyseur à bonnes choses, ou bien, selon l’expression un peu abrupte entendue dans le corps enseignant, « un catalyseur à m… ». Catalyseur qui, dans le premier cas, permet aux bons côtés des êtres humains de se révéler et de rendre service. Ou, dans le second cas, qui réveille et fait prospérer les mauvais côtés des mêmes personnes, dont le comportement portera préjudice aux autres et au fonctionnement de leur service.

Ce n’est pas la formation, les diplômes, le recrutement, le statut qui permettent de ranger le chef dans l’une ou l’autre des catégories de catalyseurs. Puisque, comme dans l’exemple des proviseurs, le prédécesseur et son successeur ont la même formation, le même grade, ont passé le même concours et jouissent du même statut et disposent des mêmes prérogatives.

Il est probable qu’il en va de même avec les chefs d’État*.

Aujourd’hui, on a le sentiment que rien ne va comme il faut. Nulle part. Que les décisions qui sont prises ne sont pas réfléchies. Que la situation de la France dans le monde fait de plus en plus sourire. Que les gouvernants sont peu capables de concevoir autre chose que des argumentaires… pour durer. Ou pour suivre une ligne de route qu’ils camouflent.

Du « temps » du général de Gaulle, la France était respectée, il n’était pas question que la politique de la nation soit arrêtée à la Bourse ou par des organismes étrangers incontrôlables ; il était exclu que les soldats français suivent les Américains dans leurs opérations guerrières comme les enfants suivaient le joueur de flute de Hamelin. La France était présente en Afrique et ne s’en faisait pas chasser. On faisait en sorte, par une politique industrielle réfléchie et programmée, que les plus humbles aient un vrai travail et vivent dans des conditions décentes. Et quand le chef de l’État s’adressait aux Français, c’était pour leur proposer d’avancer et non pour leur faire part de son envie de les « emmerder ».

Autrement dit, les chefs d’État de jadis et de maintenant ne seraient pas, selon cette théorie, des « catalyseurs », de la même espèce. Ce qui expliquerait l’état de la France et le fonctionnement des institutions à ces différents moments. État de la France que les analyses institutionnelles classiques auraient du mal à expliquer.

Il serait en effet intéressant de rechercher si, à une époque donnée (en commençant par aujourd’hui), le rôle et l’activité concrète d’un ministre, d’un parlementaire, de telle ou telle portion de magistrats, de hauts fonctionnaires, d’une partie des journalistes, etc… ne s’expliqueraient pas par l’appartenance du président de la République à la première ou à la deuxième catégorie de catalyseurs...

(*) C’est ce que soutient, en tout cas, l’école dite de Nanterre, qui comprend d’éminents publicistes. Le présent article s’inspire de leurs travaux.

 

Marcel Monin
Marcel Monin
Maître de conférences honoraire des universités

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