Emmanuel Macron raffole des mea culpa ? Qu’il fasse donc le sien, pas celui (en permanence) de la France

Capture d'écran
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Après le secret de la confession, la contrition. L’actualité de ces dernières semaines est, décidément, trempée dans l’eau bénite. Emmanuel Macron n’en finit plus de faire pénitence, quand il ne demande pas pardon. On remarquera, au passage, que seuls les pays occidentaux connaissent ce mot. Ils y voient de la grandeur d’âme, les autres, le plus souvent, une preuve de faiblesse.

Las - Emmanuel Macron, chez les jésuites d’Amiens, a-t-il séché le caté ? -, la procuration n’est pas prévue dans la confession. Si, d’aventure, agenouillé, en lieu et place des vôtres, vous dénoncez, la tête penchée et l’air piteux, avec force indignation, les péchés… de votre épouse, le curé, éberlué, vous claquera la lucarne quadrillée au nez en pensant que votre moitié est accompagnée d’un drôle de pistolet.

Or, Emmanuel Macron n’aime rien tant qu’aller battre sa coulpe sur la poitrine des Français. Qui, pourtant en cherchant bien, pourraient l’aider aussi à faire son propre examen de conscience. S’il veut absolument faire contrition, répandre des cendres sur sa tête, avouer ses erreurs, qu’à cela ne tienne : gilets jaunes, crise Covid, crise migratoire, sécurité, souveraineté, déclassement ? Ils ont quelques idées…

Ces derniers jours, de la besace de repentir français qu’il arbore en bandoulière, il a tiré le 17 octobre 1961. Un « crime inexcusable pour la République ». Emmanuel Macron, c’est une première pour un président de la République, a même fait le déplacement sur les lieux. Il n’y a pas longtemps, les gouvernants algériens s’étaient émus de la « rente mémorielle » évoquée par Macron. Il ont eu tort d’en prendre ombrage : ce n’était pas, in fine, pour la dénoncer mais pour l’alimenter. Car des deux rentes qui font vivre l’Algérie, seule la rente pétrolière est non renouvelable et donne des motifs d’inquiétude. L’autre est de l’énergie durable, inépuisable, importée directement de l’autre rive de la Méditerranée ; ne nous remerciez pas, c’est cadeau. La France a tellement bon dos. Emmanuel Macron, en soufflant sur les braises, fait tourner la centrale algérienne plus sûrement que tout un champ d’éoliennes.

En revanche, n’attendez pas de mea culpa de la République sur la triste bataille de Bab El Oued, relatée par le journaliste Jean-Pax Méfret dans le récent ouvrage collectif Le Dernier Carré : « 20 morts, dont 5 enfants touchés à l’intérieur des appartements, et 60 blessés du côté civil » ; « Parmi les morts pieds-noirs, trois, seulement, appartenaient à l’OAS ». Après les affrontements, le quartier est totalement bloqué : rationnement, ratissages, humiliations, saccages d’appartement, arrestations en tous genres : « Nicolas Loffredo, le maire de Bab El Oued qui demande de l’aide à un commandant de gardes mobiles pour des bébés qui risquent de mourir d’inanition, s’entend répondre : "Tant mieux ! Plus il en crèvera, mieux ça vaudra ! Il y en aura moins pour nous tirer dessus". » Et lorsqu’il réclament qu’on enlève au moins les morts, veillés chez eux par leur familles, l’officier explose : « Vos cadavres ? Mangez-les ! »
Inutile d'espérer, non plus, l’expression d’un regret ni même d’une quelconque responsabilité pour la fusillade du 26 mars, rue d’Isly, devant la Grande Poste. Une manifestation pacifique, pourtant, avec des drapeaux tricolores, organisée en soutien à la population du quartier de Bab El Oued : « Deux mille cartouches en 12 minutes sur une foule sans armes » ont été tirées par les soldats du 4e régiment de tirailleurs algériens de l’armée française : « 80 morts, 200 blessés chez les civils ».

Mais Emmanuel Macron, objecteront certains, a, « en même temps », récemment demandé pardon aux harkis…

Les harkis - et c’est heureux pour eux,- ont eu le droit à la reconnaissance qu’ils méritaient. Sauf, que par un glissement astucieux, ce ne sont pas les valeureux soldats patriotes et fidèles, massacrés par l’ennemi FLN, qui ont été honorés... mais les Arabes musulmans, une fois de plus maltraités par les Français et victimes de discrimination. Les harkis sont ainsi assignés à leurs origines, enfermés malgré eux dans la grille de lecture antiraciste quand la place qu’ils avaient choisie était à côté des pieds-noirs et des soldats français. Et une fois de plus, c’est la France, rien que la France, toujours la France qui doit expier.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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