2022, ou l’heure des comptes pour Joe Biden, lâché par son propre camp

biden2

Changement d’année oblige, l’heure des comptes a sonné. Les médias américains tirent les conclusions de la première année Biden à la Maison-Blanche. Quand on connaît la complaisance habituelle de la majorité d’entre eux à l’égard du parti démocrate (et surtout leur militantisme anti-Trump), il faut bien avouer que les articles de ces derniers jours sont surprenants. Car, même à gauche, c’est l’inquiétude.

L’hebdomadaire Newsweek titrait, mi-novembre, en une « Joe Biden peut-il sauver sa présidence ? », le tout illustré d’une image en noir et blanc, le président américain assis, l’air très grave, tel le penseur de Rodin. De même, le New York Times, autre magazine de gauche, titrait, mi-décembre, « Mais où est Joe Biden ? » Le florilège pourrait ainsi continuer. Que reproche donc le camp du Bien à sa propre égérie ?

Tout d’abord, les enquêtes d’opinion. Le marasme est tel qu’il est difficile à maquiller, les États-Unis regorgeant, qui plus est, de nombreux instituts de sondages indépendants. Le quarante-sixième président des États-Unis plafonne autour de 40 % d’avis favorables depuis l’été. Tous rejoignent Newsweek : « Aucun président de l'ère moderne, pas Jimmy Carter, pas même Donald Trump, n'est tombé en disgrâce si rapidement et si tôt dans une présidence. » Joe Biden le reconnaît d’ailleurs lui-même. Le 10 décembre, intervenant dans le « Tonight Show » de Jimmy Fallon, alors que le présentateur évoquait les sondages d’opinion, le président répliquait : « À ce niveau, je n’y prête même pas attention. »

Le couperet semble avoir été la politique extérieure, en l’occurrence le retrait des troupes d’Afghanistan et la mauvaise gestion de la frontière mexicaine. Pour l’hebdomadaire, « la sortie calamiteuse d’Afghanistan et la crise à la frontière sud lui ont coûté quarante ans de réputation à Washington ».

Mais là où le bât blesse, pour les habituels soutiens, c’est la double déception de la gestion de la crise Covid et de l’application du programme « Build Back Better ». Le Time Magazine explique que la gestion de la crise sanitaire est sans doute le thème qui marquera le plus les élections de mi-mandat, en 2022. Et qu’il s’agit vraisemblablement du seul levier jouable pour regagner en popularité. Rappelons que, le 8 novembre prochain, se tiendront à la fois les élections sénatoriales et celles de la Chambre des représentants.

Alors que, tout début 2021, Joe Biden s’était attribué les bonnes grâces de Donald Trump quant à la gestion de la crise sanitaire, le retour des variants, des contaminations et l’échec – relatif – de l’engouement pour la politique vaccinale (« seulement » 70 % des Américains ont reçu une dose de vaccin) rebattent les cartes. Biden avait promis de mettre un terme au Covid et, du même coup, de relancer l’économie. Un vœu pieux ou, plutôt, une promesse de campagne battue en brèche par l’inflation record de ces derniers mois outre-Atlantique, impôt caché ressenti par tous.

Autre espoir déçu : le plan national promu lors de la campagne suscitait beaucoup d’attentes sur les sujets infrastructures, dépenses sociales et environnement. Il a fallu plus de dix mois de négociation pour parvenir à des consensus et à la rédaction d’un accord cadre. Reste que beaucoup de promesses ont été amputées du plan, ce dernier s’élevant tout de même à plusieurs trillions de dollars dans un contexte de dette publique abyssale.

Outre la politique menée, l’homme lui-même interroge. The New York Times note, en effet, la très faible présence médiatique de Biden, à l’inverse de ses prédécesseurs. En neuf mois de présidence, il n’a donné que dix entretiens. Au même stade, Obama en comptait cent trente et un, Trump cinquante-sept. D’aucuns s’interrogent : y a-t-il seulement quelqu’un à la Maison-Blanche ?
La très respectable National Review prédit que 2022 verra fleurir les règlements de comptes. L’avenir n’est donc pas au beau fixe pour le parti démocrate qui semble naviguer à vue. Même Hillary Clinton se prend à rêver de son propre retour, pour éclipser « Sleepy Joe ».

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Le parti Démocrate américain n’ a rien à voir avec les partis de gauche français. Les démocrates américains connus vivent en communauté dans un village de multi milliardaires.

  2. Entre la France et les Etats Unis il y a quand même une grande différence : les uns ont un président prépubère, les autres un sénile, mais aussi une grande ressemblance : les dégâts sont considérables des deux côtés de l’océan!

  3. On ne peut même pas dire « Les Américains n’ont que ce qu’ils méritent, puisque c’est ce qu’ils ont voté ». Leurs élections ont été totalement détournées par une des plus grandes tricheries de l’Histoire.
    Nous Français, en revanche, nous avons au pouvoir ce que nous avons voté en 2017.

  4. Quand le propre fils du président trahit son pays en livrant des informations Secret Défense à la Chine, il ne faut pas s’en étonné. Ces hommes devraient être en prison au lieu de diriger le pays, grâce à la plus grande tricherie de l’histoire des USA . Des tricheries c’est courant, mais de cette ampleur c’est du jamais vu !

  5. Ce sleepy joe ne fût qu’un feu de paille ou toute sa campagne ne fût basée que sur le mensonge et la mauvaise foi comme nous avec le machiavel de l’Elysée.
    Espérons que les états-uniens lors des prochaines élections de mi-mandat lui donneront la claque magistrale et que la virulente pelosi s’étouffe dans sa rage.
    Vite le retour de Donald Trump.

    • je l’espère. Car il a fait plus pour les américains qu’on veut nous le faire croire avec les médias français. Trump était donné largement en tête. Mais curieusement chaque fois que les votes par courrier arrivaient, Biden gagnait. La triche aux élections est monnaie courante, ( c’est pareil partout ! la France n’est pas exempte ) mais là les équipes d’Obama se sont surpassées ! Trump avait de gros défaut, plus le fait d’être une grande gueule, mais sa politique intérieure n’est pas si mauvaise.

  6. On ne dira jamais assez que les institutions américaines sont , heureusement , conçues pour limiter la casse quand un pouvoir irresponsable , incapable , est élu . Le Congrès et le Sénat doivent voter les lois dans les mêmes termes , le Sénat doit voter à 60 % à part pour le budget , la liberté d’expression est gravée dans le marbre (1ere amendement à la constitution) , etc…
    Tant que nos institutions ne limiteront pas les pouvoirs des élus nous serons à la merci d’un équivalent de Macron.

  7. On a les présidents que l’on mérite, il fallait y penser avant, alors prudence pour nous français au mois d’Avril, aprés il sera trop tard.

  8. Pour des infos sur le Covid, il faut lire les publications étrangères et surtout ne pas se fier à ce que racontent mes « éminents » collègues patrons parisiens sur BFMTV, c’est la première fois de leur vie qu’ils existent sans compter les conflits d’intérêt, mais ce qu’ils racontent en service commandé arrange bougrement Macron.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois