[REPORTAGE] Procession de la Sanch, l’immuable Passion du Christ à Perpignan

Ce Vendredi saint, plus de six siècles de tradition religieuse et populaire processionnaient dans les rues de Perpignan.
Un pénitent veille sur le Dévôt Christ de Perpignan. (Photo BV)
Un pénitent veille sur le Dévôt Christ de Perpignan. (Photo BV)

Sous d’étonnantes cagoules coniques, des Perpignanais portent des statues représentant le Christ ou la Vierge Marie. En ce Vendredi saint, Perpignan, où nous nous sommes rendu, vibre au son des tambours et du récit de la Passion. C’est la procession de la Sanch, spectaculaire, qui se déroule dans l’ancienne capitale des rois de Majorque. Pas moins de 900 pénitents de l’Archiconfrérie de la Sanch, pieds nus pour certains, portent d’imposants misteris, ces scènes sculptées de la Passion.

Combien étaient-ils dans les rues pour assister à cet événement ? Des milliers, comme chaque année depuis des siècles, plus exactement depuis le XVe siècle.

Les jeunes générations présentes à la Sanch

Car c'est plus de 600 ans de tradition qui défilent sous nos yeux. Inspirée par saint Vincent Ferrier (1350-1419), prêtre dominicain né à Valence (Espagne), des confréries sillonnent le Roussillon depuis la fin du Moyen Âge. La plus ancienne, la confrérie de la Sanch, reçoit sa lettre d'approbation en 1417 de l'évêque d’Elne. Pour assister les condamnés à mort dans leurs derniers instants et leur offrir une sépulture religieuse - leur vocation première -, les pénitents revêtaient le même habit et masquaient leur visage. Ils le firent jusqu'en 1846. Au fait, que signifie le mot « Sanch » ? « Sanch », en catalan, c'est le sang. Le sang du Christ. Le nom complet de la confrérie est « Confraria de la Preciosissima Sanch de Nostre Senyor Jesus Christ » (la Confrérie du sang précieux de Jésus-Christ notre Seigneur).

Le Vendredi Saint : une procession populaire à Perpignan

Jusqu'en 1956, la procession avait lieu le Jeudi saint. Elle passa au Vendredi saint pour se conformer aux prescriptions de Rome sur la célébration de la Semaine sainte. En 2016 eurent lieu les célébrations du 600e anniversaire de la fondation de la confrérie en Roussillon.

Ce 18 avril 2025, c'est donc à 15 heures, l'heure de la mort du Christ, que la procession s'est élancée depuis l'église Saint-Jacques, là même où fut fondée la confrérie de la Sanch en 1416.

 

L'évêque de Perpignan-Elne, Mgr Thierry Scherrer, mitré et en chape, s'adresse à la foule, avant le départ de la procession.

 

 

La foule ? Compacte, respectueuse, souvent venant de très loin, curieuse aussi de voir une cérémonie venue du fond des siècles. Les pénitents ? « On trouve des gens très engagés dans la religion, mais aussi des athées », nous explique François, pénitent depuis quarante ans, vêtu de sa caparuxte. « Ici, on croise toutes les générations », poursuit-il. Coiffée d’une mantille, Taloula, jeune femme de 18 ans, est venue avec son père : « Cela nous permet de vivre le Vendredi saint », confie-t-elle.

La procession a duré plus de deux heures - une véritable épreuve physique sous ce soleil d'avril et, pour tout dire, une pénitence au sens propre du terme pour les porteurs de misteris - ce qui n’a pas empêché certains participants de rejoindre Collioure à la nuit tombée pour vivre une procession à la lueur des flambeaux.

Depuis 2023, la procession de la Sanch, à la fois religieuse et populaire, profondément enracinée dans l'identité catalane, est inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel et immatériel de la France.

 

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Jean Bexon
Journaliste

Vos commentaires

16 commentaires

  1. C’est encore un miracle de plus…les racailles n’ont pas tire dans le cortège ou égorgés quelques pénitents.

  2. Nos politiciens qui ont participé activement au ramadan , vont-ils participer activement à la Pâques chrétienne et juive ?

  3. Quel circus que ces processions… Mais bon, on sait que d’aucuns ont besoin de « spirituel » pour se sentir bien.
    « Dieu » est leur confident, leur réconfort, leur refuge. Ça ne fait pas de mal. Les « religions » par contre ont mené l’humanité au chaos depuis des millénaires.

    • Pas les religions, mais les clergés qui ont toujours manifesté leur appétit pour le pouvoir, religieux et politique.

    • Chacun son truc, il semble que vous préférez le Circus des processions Woko-islamo-gauchiste de Melenchon et sa copine la Tondelier. Que de la violence, encore de la violence, toujours de la violence…de la barbarie en somme……

  4. En France, mais pas partout, malheureusement !
    En revanche, en Italie… Espagne… Pologne… En Grèce Orthodoxe… En Amérique du Sud… Etc.,
    Le Vendredi Saint est une soirée très sombre ou les chrétiens pleurent, chacun à leur manière, le Christ !
    Je suis en Grèce, hier soir « toutes » les générations se retrouvaient à l’église, chants, prières, encens, bougies, unité…
    Puis du haut de la colline où est perchée cette belle et ancienne église, départ en fanfare des icônes les plus précieuses sur un arche fleuri par les femmes, transporté par les hommes, les enfants émerveillés, des jets d’eau bénite depuis des maisons sur le passage ou brûle de l’encens, marche vers le cimetière éclairé de milliers de bougies, prières en famille autour de ses morts, et retour vers l’église…
    Quelqu’un a-t-il un jour assisté à la Semaine Sainte en Espagne ? Celle de Séville étant la plus célèbre. Une succession de moments extraordinaires.
    La présence des pénitents portant « capirote », cet énorme chapeau pointu qui effraie les enfants…
    Beaucoup d’émotions !

  5. C’est cela afficher son identité dans un pays qui perd la sienne avec des « élites » mondialisées.
    Il faut compter sur les terroirs, les populations et les municipalités désireuses de contrer ceux qui voudraient gommer nos racines : ceux d’ici contre ceux de nulle part.
    C’est aussi ce que signifie cette procession : la force de l’enracinement dans le temps et sur les territoires

  6. Pourquoi se cacher le visage ?
    Pourquoi le jeudi dans la pure tradition ? et pourquoi changer cette tradition? « Rome  » tient à garder sa tradition impériale ?

  7. c’est un article qui réchauffe le cœur ; quand nous comprendrons que le christianisme est la religion de le vérité, quand les français retrouveront les vraies valeurs de la France, quand la France redeviendra la fille aînée de l’Eglise, alors nous retrouverons l’espérance et le vrai sens de la vie

  8. On peut être non croyants, athée, agnostique, laïc, ou du autre religion voir conquérante mais on ne peux éviter de renier nos traditions surtout quant elle sont, telle celle ci, pacifique et belle. Ceux qui seraient contre soit ils sont d’une autre culture parfois ayant choisi pour venir vivre dans un pays qui respecte ses traditions donc ses ancêtres alors ces migrants font une erreur de choix a remédier au plus vite soit d’une intolérance haineuse et agressive a mettre dans les fascistes qu’ils se plaisent tant a dénoncer.

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