« Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages », déclarait Jean-Michel Blanquer, sur Europe 1, en octobre dernier. « Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF [Union nationale des étudiants de France] cède à ce type de chose. » Bien consciente de ce phénomène, Frédérique Vidal avait demandé une enquête au CNRS. Mais elle est vite accusée de « police de la pensée » par la députée (LFI) Bénédicte Taurine ou de « polémique stérile » par la Conférence des présidents d’université. Pour le CNRS, « l’islamo-gauchisme, slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ». Finalement, le ministre de l’Enseignement supérieur sera recadré par Emmanuel Macron mercredi, à l’issue du Conseil des ministres. Il n’y aura donc pas d’enquête, le débat est clos.

Mais bien avant d’arriver dans l’enseignement supérieur, l’islamisation est un phénomène qui touche également les écoles, collèges et lycées. Pour mémoire, ce collège du Var que le maire souhaitait rebaptiser Samuel Paty en hommage au professeur décapité mais dont l’initiative, jugée trop risquée, avait été rejetée à 89 % par les professeurs et 69 % par les parents d’élèves. « La peur progresse à vitesse grand V », explique, au Figaro, Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur de l’Éducation nationale.

Omar Youssef Souleimane est écrivain et poète syrien. Il a l’habitude de rencontrer les élèves pour animer des ateliers d’écriture. Il s’est rendu dans une classe de terminale du professeur Didier Lemaire, à Trappes, pour y intervenir pendant six semaines, à raison de deux heures hebdomadaires. Cet atelier avait pour thème « Vos rêves après le bac ». Il témoigne, dans un entretien accordé au Figaro, de ce qu’il a constaté : « J’ai été choqué de retrouver une radicalité islamique qui m’a fait penser à ma propre adolescence en Arabie saoudite. J’avais à peu près leur âge lors des attentats du 11 septembre 2001, et j’ai grandi dans ce discours de glorification de Ben Laden et d’Al-Qaïda. Je ne m’attendais pas à retrouver cela en France. »</em Ces élèves considèrent les terroristes comme des héros et certains sont « très fiers d’avoir la photo de Samuel Paty décapité sur leur téléphone ». L'écrivain décrit l'isolement du professeur, seul à briser ce tabou parmi ses collègues.

Las, entre peur, pusillanimité et refus d’enquêter, on finit par se taire. « À force de tout supporter, on finit par tout tolérer... à force de tout tolérer, on finit par tout accepter... » prévenait saint Augustin. Dans Le Figaro, Me Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, le confirme : « C’est ainsi que tous les fascismes progressent. Une minorité déterminée impose le silence, interdit, par la terreur intellectuelle puis physique, toute opposition. Ensuite vient la soumission et, enfin, la justification de cette soumission avec de beaux arguments. »

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18 février 2021 à 12:15

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