Nantes : le jeune suspect de l’attaque au couteau est-il vraiment d’ultra-droite ?

Médias et politiques de gauche ont accusé très vite. Mais les faits apparaissent bien plus complexes.
Capture écran BFMTV
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Mise à jour : une précision a été apportée à la demande d'Ilan Gabet le 27 avril 2025.

Un mort, trois blessés et, déjà, les raccourcis attendus : à Nantes, au lendemain de l’attaque au couteau perpétrée par un lycéen de 16 ans, plusieurs médias et voix de gauche ont cherché à accuser « l’extrême droite ». Mais les faits connus à ce jour dressent un portrait bien plus complexe de l'assassin présumé et, surtout, très éloigné des fantasmes des médias de gauche.

La gauche militante pointe l’extrême droite

À peine les premières bribes d’informations dévoilées, déjà le verdict idéologique tombait. Ilan Gabet, militant d’extrême gauche suivi par plus de 100.000 personnes sur X, déclare sans détour : « L’extrême droite tue. » A propos de cette même extrême droite, il évoque « la bataille informationnelle qu'elle avait déjà menée lors de l'attentat du marché de Magdebourg » en Allemagne et l'accuse de tenter de « masquer la proximité idéologique qu’elle entretient avec les auteurs de ces deux attaques ».

L'antifa et député LFI Raphaël Arnault, autre figure militante, affirme que « d’après plusieurs sources, le jeune interpellé serait justement proche de la mouvance de l’extrême droite, notamment masculiniste et néo-nazie ».

Des affirmations reprises par certains médias comme France 2. Le Figaro fut le premier à citer une source policière selon laquelle le garçon suspecté serait « plutôt proche de la mouvance d’ultra-droite », en attendant confirmation des éléments de l’enquête. Même ton, dans La Dépêche, qui rapporte également que l’auteur présumé serait « plutôt proche » de cette mouvance, tout en soulignant l’état préliminaire de l’enquête. Les conclusions semblent tomber après que l'AFP a révélé sa fascination pour la figure d'Hitler : il serait donc d’extrême droite. CQFD.

Profil du suspect : isolement, mal-être, fragilité mentale

Mais les propos du procureur Antoine Leroy, ce vendredi soir, en conférence de presse, viennent nuancer, voire contredire, cette lecture exclusivement idéologique. L’auteur présumé, Justin Adar P., 16 ans, est décrit comme extrêmement solitaire, sans amis proches et mentalement instable.

Quelques minutes avant de passer à l’acte, il s’était scarifié le front à l’aide du couteau utilisé pour l’attaque et avait écrit sur les murs des toilettes qu’il souhaitait qu’on lui tranche la gorge. Ses camarades ont décrit un garçon « dépressif » voire « suicidaire », un profil que le procureur confirmera ce vendredi. Lors de l’assaut, il a porté 57 coups de couteau à la victime - la seule avec laquelle il s’entendait bien, selon ses propres dires.

Il sera pris en charge par une unité psychiatrique spécialisée, et le procureur insiste : le garçon ne donne aucun mobile, estime qu’il pourrait en avoir plusieurs, sans qu'aucun ne puisse être retenu de façon certaine. Et si les références à Hitler, rapportées par ses camarades, lui avaient valu d’être convoqué par la direction de l’établissement, aucune affiliation politique claire n’a été mise en évidence par les enquêteurs à ce stade, encore moins une prétendue proximité avec « l’ultra-droite ».

Un manifeste radical mais idéologiquement confus

Au contraire : le fameux manifeste envoyé par le suspect à tous les élèves, quelques minutes avant l’attaque, est révélateur. Ce texte de treize pages, intitulé L’Action immunitaire, au ton décousu, mêle références écologistes extrêmes, appels à la révolte contre la technique et dénonciation de la modernité. Il y est question d’un monde « programmable », d’un « écocide globalisé », de « perte de savoirs écologiques » et d’un rejet de la technologie, dans une critique généralisée du mondialisme et de la propriété, mettant en cause une certaine « caste privilégiée ».

Plutôt qu’un manifeste d’ultra-droite, il s’agit plutôt d’un mélange de pensées radicales, teintées d’angoisse existentielle et d’écologie catastrophiste. Si l’on pourrait y voir un écho des fascinations pour le retour à la nature et à la révolution présentes dans le national-socialisme historique, en l’état, aucun élément ne permet de rattacher ce texte à un courant politique français structuré d'extrême droite. Erreur ou manipulation, chacun jugera...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/04/2025 à 15:06.

Vos commentaires

133 commentaires

  1. Merci à Jef pour ce « petit » rappel ! La propagande communiste a très bien fonctionné, aidée par les mouvements gaullistes, trop contents de pouvoir éliminer politiquement et physiquement leurs adversaires nationaux, patriotes, voire nationalistes. L’étiquette, chargée d’opprobre, de « fâchistes » lancée à tous leurs adversaires par les services de propagande du petit père des peuples, coresponsable de plusieurs dizaines de millions de morts, Joseph Staline, dans les années 30 a fait long feu, les vainqueurs de 1945 ont ainsi réussi à éliminer politiquement, voire physiquement ce qui restait de la droite française ! On nous a même vendu un vieux Maréchal radical, ayant servi le gouvernement issu du Front Populaire, qui a appelé à ses côtés l’ancien Président du Conseil dudit gouvernement, comme un homme de droite, et ça fonctionne toujours 80 ans après !

  2. Ah non, Hitler n’était pas de droite, il était de gauche, socialiste. D’ailleurs, à ses débuts, il admirait B. Mussolini qu’il voulait imiter. B. Mussolini était de gauche, proche des communistes. Le nazisme et le fascisme sont teintés de mesures typiquement de gauche (collectivisme, agir pour le peuple, etc.), tout comme leur frère triplé, le communisme, l’autre dictature d’extrême gauche née elle aussi au début du 20° siècle.
    Quant à « ultra- « , c’est un notion relative, quand on souhaite parler correctement français. C’est donc un cran en dessous d’extrême, si je puis dire, car il n’y a rien au-delà de l’extrémité

  3. De la doxa du covid à la menace russe : la statégie de l’apeurement : nexus mai-juin 2025. Tout est dit.
    Comment les ados peuvent t ‘ils se construirent dans ce monde de cinglés ou tout a été détruit, même dans un milieu familial stable.

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