Il n’a pas fallu longtemps pour que la débâcle des Républicains révèle au grand jour leurs contradictions substantielles : entre un courant conservateur et souverainiste modéré et un courant mondialiste, libertaire et Macron-compatible, il ne s’agit pas simplement d’une querelle d’ego mais bien d’incompatibilités de fond.

Et il serait fort malhonnête de faire payer au jeune Bellamy les pots cassés de ces contradictions.

Sarkozy avait été élu sur une ligne Buisson anti-soixante-huitarde et les Français ont eu droit à l’ouverture à gauche et à Kouchner, incarnation de cet esprit soixante-huitard. Ces contradictions permanentes finissent pas se payer au prix fort aujourd’hui.

Si la fraction bourgeoise des Républicains s’est ralliée à Emmanuel Macron, pensant y voir l’intérêt, à court terme, de son portefeuille, une partie non négligeable de militants et d’électeurs des Républicains se retrouvent orphelins. Nicolas Dupont-Aignan, qui aurait pu tirer profit de cette débâcle en préemptant une ligne qui avait fait le succès de Philippe de Villiers, a révélé au grand jour, en écartant Emmanuelle Gave et Jean Frédéric Poisson, que non seulement il n’était pas un homme de parole ou de courage, mais que Les Amoureux de la France étaient un marchepied pour son ego.

Comme le dit si bien Marion Maréchal, il est important qu’existe aux côtés du Rassemblement national un espace autonome susceptible de faire des alliances. Cela supposerait de la part du RN un changement de culture : ne plus seulement traiter des alliés comme des vassaux ou des ralliés mais comme des compatriotes de bonne volonté avec leur sensibilité propre, avec lesquels il est possible de composer.

Cette convergence entre populistes et conservateurs est cohérente sur le plan doctrinal : face au nihilisme mondialiste et destructeur, les patriotes enracinés doivent défendre tout à la fois les frontières, leur identité mais également le processus de destruction tant social (travail le dimanche, délocalisations, absorption de notre industrie par les multinationales) qu’anthropologique (PMA, GPA, théorie du genre, etc.) ou encore écologique. Si, sur le plan sociologique, peuvent subsister des divergences, le dénominateur commun est bien l’identité.

Les questions économiques peuvent être un élément clivant, mais elles ne doivent pas primer sur le reste : les civilisations sont mortelles et si un pays peut se remettre d’une crise économique, il se remettra plus difficilement d’un changement de peuple et de culture. Il me semble, également, que s’il l’on peut et doit être attaché à la liberté d’entreprise, hostile à la bureaucratie et à l’asphyxie fiscale, le terme « libéral » est anxiogène pour ceux qui souffrent le plus et recouvre une telle multiplicité de définitions qu’il ajouterait à la confusion. En Angleterre, la ligne libérale conservatrice de Margaret Thatcher a été absorbée par la finance et fut surtout profitable aux traders de la City beaucoup plus qu’au peuple.

Certes, le populisme doit être régulé par la raison et la responsabilité, au risque de ne devenir qu’une réaction épidermique et compulsive, mais une ligne libérale conservatrice aurait un effet repoussoir pour la majorité de nos compatriotes en voie de paupérisation. Il importe donc aux conservateurs d’avoir le sens de cette responsabilité et d’éviter de s’enfermer dans une voie de garage libérale conservatrice inaudible, en France, au-delà de 3 % des Français.

Éric Zemmour avait regretté l’absence de convergence entre les gilets jaunes et la Manif pour tous. Par sa popularité auprès des milieux populaires aussi bien qu’auprès des déçus des Républicains, Marion Maréchal pourrait incarner cette convergence.

Espérons que sa sortie récente providentiellement intervenue le soir de la démission de Laurent Wauquiez soit le début d’une grande amitié française.

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05 juin 2019 à 8:22

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