André Bercoff, après la condamnation de Derek Chauvin : « Le drame George Floyd a été utilisé par les racialistes pour culpabiliser les Blancs »

André Bercoff

Le policier Derek Chauvin a été déclaré coupable du meurtre de George Floyd par le tribunal de Minneapolis, aux États-Unis.

Au micro de Boulevard Voltaire, André Bercoff analyse le contexte de cette affaire et sa récupération par les promoteurs de la cancel culture qui « tombent dans le racisme le plus total ».

Derek Chauvin, le policier le plus célèbre du monde, a été reconnu coupable du meurtre de George Floyd, ce Noir américain qui avait enflammé le monde autour du slogan « Black Lives Matter ». Ce premier verdict vous paraît-il normal ?

Il s’entend et se comprend dans la mesure où ce policier avait appuyé son genou pendant neuf minutes sur le cou de George Floyd. D’après nos informations, ce geste a entraîné la mort de Floyd. Il me paraît tout à fait légitime qu’il y ait une sanction. Ce qui est beaucoup plus préoccupant, c’est ce que cela induit par rapport à ce qui se passe aux États-Unis, et pas seulement aux États-Unis. Je parle de l’incroyable culpabilisation de toute une partie de la population au détriment d’une autre. Cette espèce de lutte des races remplace la lutte des classes.

La mort de George Floyd est devenue un phénomène mondial. On peut expliquer cela par l’espèce d’hégémonie culturelle américaine, au moins en Europe, et surtout en Europe occidentale. Comment expliquer que ce débat devienne mondial ?

L’hégémonie culturelle américaine s’explique dans toutes les phases d’hégémonies culturelles. L’hégémonie de la musique, du cinéma, de tous les arts populaires et des médias de masse est présente depuis des décennies. Aujourd’hui, cette hégémonie de la cancel culture est, elle aussi, partie des États-Unis, après quelques philosophes déconstructionnistes français qui l’ont exportée et qui est revenue en force.

Les mouvements Black Lives Matter consistent à dire qu’il y a une population au goût étrange venue d’ailleurs à qui il s’agit de montrer leur culpabilité permanente : les Blancs. Privilège blanc, suprématie blanche, etc. Ces antiracistes tombent dans le racisme le plus total. Incontestablement, il y a eu l’esclavage américain et des choses terribles sur les traites négrières. Je dis les traites négrières, car il n’y a pas eu uniquement la traite transatlantique. Les traites arabo-musulmane et noire ont joué leur rôle.

Le drame qui s’est produit avec George Floyd est utilisé pour culpabiliser toute une population.

On ne peut pas s’empêcher de se demander : si Derek Chauvin avait été noir et George Floyd blanc, y aurait-il eu un tel battage ?

C’est une question que l’on peut, hélas, se poser. Nous aurions aimé qu’il y ait les mêmes sanctions et le même jugement. Maintenant, y aurait-il eu le même battage ? Je ne sais pas, mais il est vrai que cela découle de ce que je vous ai dit. Il y a, incontestablement, quelque chose de grave pour les Blancs comme pour tout le monde. À partir du moment où vous chosifiez une communauté, on sait ce que cela a donné dans l’Histoire. On est en train de ressusciter les vieux démons qui font faire du mal à tout le monde et pas seulement à une certaine population. Il y a de quoi s’inquiéter !

André Bercoff
André Bercoff
Ecrivain, journaliste - Il fut journaliste à l'Express, directeur de la rédaction de France-Soir et directeur littéraire dans plusieurs maisons d'édition dont Belfond et Robert Laffont. Auteur d'une quarantaine de livres.

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