McKinsey, c’est reparti !

MCKINSEY MACRON

Les choses sérieuses reprennent. Au moment où nous écrivons ces lignes, le siège français de McKinsey, le cabinet de conseil américain désormais bien connu pour qui s’intéresse au fonctionnement de l’État macronien, était perquisitionné pour des raisons de fraude fiscale suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire en mars dernier par le parquet national financier (PNF) pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Cette ouverture d’enquête avait fait suite au rapport rendu par la commission d'enquête du Sénat. Mais pour la garde rapprochée du Président, cette affaire n'en était pas une. Surtout pas un scandale d'État, selon Gabriel Attal, alors porte-parole du gouvernement. On se souvient d’Emmanuel Macron, interrogé le 27 mars sur France 3 sur cette affaire : il était apparu passablement agacé : « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », avait lancé le président de la République.

Justement ! Deux jours avant, le Sénat avait annoncé avoir saisi la Justice pour « suspicion de faux témoignage » en application de l’article 40 du Code de procédure pénale. Un dirigeant de la filiale française de McKinsey avait assuré que le cabinet payait bien l’impôt sur les sociétés en France. Faux, selon le rapport de la commission sénatoriale. Un prestataire de l’État ne payant pas l’impôt en France, comme on dit, ça fait désordre ! Un prestataire dont les prestations ne sont pas des moindres... On se souvient que ce cabinet, en toute transparence et dans le respect strict du Code des marchés publics, cela va sans dire, était intervenu au profit de l’État (c’est nous !) sur des sujets aussi variés que la campagne vaccinale contre le Covid (12,33 millions d’euros), sur la réforme du mode de calcul des aides personnalisées au logement (3,88 millions d’euros) ou encore sur « les évolutions du métier d’enseignant » (490.000 euros). Bref, des sujets qui ne peuvent aller que dans le sens de l’amélioration du quotidien des Français en ces temps de crises en tous genres.

Le 30 mars dernier, pour tenter d’éteindre le début d’incendie que cette affaire McKinsey allumait dans la campagne électorale, Amélie de Montchalin et Olivier Dussopt, alors respectivement ministre de la Transformation et de la Fonction publiques et ministre délégué chargé des Comptes publics, avaient tenu une conférence de presse de près d’une heure vingt pour expliquer en long, en large et surtout en travers que tout allait bien, qu’il n’y avait rien à voir et qu’il convenait de circuler au plus vite pour laisser avancer le char de la modernité dans ce pays. Un exercice, il faut bien l’avouer, qui s'était révélé plutôt poussif et laborieux mais qui avait eu le mérite, au moins, de convaincre la Macronie, ce qui est déjà pas mal.

L’affaire - au sens médiatique s’entend - s’était ensuite tassée. Il est vrai que les faits étaient apparemment bien moins graves que ceux que l’on avait pu reprocher à un François Fillon, cinq ans plus tôt, avec ses costards et son épouse payée à rien faire... Il est vrai aussi que la justice va à son rythme, qui n’est pas celui des sénateurs et, plus largement, de la vie politique. Cette affaire n'avait donc que très légèrement percuté la campagne présidentielle. Mais une campagne électorale en cache toujours une autre. Celle qui vient avec l’élection des députés sera-t-elle perturbée par cette nouvelle étape du dossier McKinsey ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Combien de temps, à l’avance, ont-ils été prévenus ?
    C’est sûrement un grand moment de théâtre.
    Cela se terminera-t-il par des excuses. ?

  2. Ces cabinets sont indispensables pour faire connaître aux brillants énarques, surtout ceux sortis dans la botte, passant d’un emploi « public » à une haute fonction (dans la Banque ou aux Assurances notamment) dont ils ce savent rien, d’entrer en concurrence de savoirs avec les gens en place! Le coût financier et humain en est très très cher, le résultat mitigé!

  3. N’ayez crainte ! Comme Dominion aux USA, ils seront sûrement chargés des calculs du dépouillement des Législatives !

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