Emmanuelle Mignon, Marlène Schiappa : les cervelles de nos Présidents s’expriment…

SCHIAPPA

Quelle idée de réunir Emmanuelle Mignon et Marlène Schiappa. Deux profils politiques apparemment si différents. L'une fut la tête pensante de Sarkozy en 2007, l'autre est une des boîtes à idées d'Emmanuel Macron. Et pourtant, l'actualité politique les pousse l'une et l'autre à nous dire ce qu'elles pensent de la situation actuelle. Avant, on parlait des « cerveaux » de nos Présidents. Aujourd'hui, l'heure est aux cervelles. Marlène Schiappa appréciera ce féminin tout prêt.

Emmanuelle Mignon, donc : Versailles, scoutisme, ESSEC, Sciences Po, major de l'ENA, conseillère de Nicolas Sarkozy, coordinatrice de son projet puis directrice de cabinet après son élection en 2007. La François-Xavier Bellamy de l'époque, quoi. Et, donc, ceci explique peut-être que cette femme à la parole rare sorte de sa réserve pour donner un entretien, dans Le point, sur la recomposition politique. D'ailleurs, elle ne l'accable guère, ce pauvre Bellamy, reconnaissant que les maux de la droite viennent de plus loin. Et elle va même jusqu'à identifier le coupable.
« Je le dis avec beaucoup de franchise : cela vient du quinquennat de Nicolas Sarkozy, qui avait beaucoup promis en 2007, sans doute trop, et sur ce point, j'ai ma part de responsabilité, mais qui n'a pas été à la hauteur des promesses faites, tant sur le plan économique que sur le régalien. »

C'est ce qui est touchant, avec ces « cathos versaillais » surdiplômés, c'est cet esprit confessionnal. Entendu pour la faute de la mère Mignon. L'électeur n'est pas, pour autant, disposé à lui donner l'absolution, surtout quand elle persiste à dérouler le catéchisme qui a si bien réussi à sa famille politique. Une alliance entre le RN et les restes LR ? « Je ne vois pas comment une alliance pourrait être possible. ». Les sujets sociétaux ? « Il faut clairement abandonner les sujets de mœurs. Les Français sont devenus libéraux : les gens vivent comme ils veulent. » Oui, et ils votent aussi comme ils veulent.

D'ailleurs, Mme Mignon sait se faire prophétesse : « C'est le vrai vertige parce qu'à force de dire aux Français, c'est moi ou le RN, on finira par avoir le RN. » Une dernière fulgurance de l'ex-maîtresse à penser de Sarkozy ? « Emmanuel Macron est le meilleur président de la République de droite. » En effet, il n'y a pas photo.

Écoutons donc Marlène Schiappa qui, elle, signe une tribune dans Le Journal du dimanche. Pour celle qui est officiellement « responsable du débat d'idées » de LREM, la réflexion est plus courte. Pas de problème de conscience ni de circonvolution à la versaillaise : « Que vous veniez de LR, d’EELV, du PS ou du Parti animaliste, tout ce qui nous intéresse, c’est : êtes-vous prêts à faire passer votre pays avant votre parti ? Êtes-vous prêts à porter et défendre des idées, peu importe leur provenance, au service des Français ? » Grande opération racolage. Chantage aux idées, au pays, au service des Français. Avec de tels atours, qui pourrait résister ? Ne vous faites pas trop de films, électeurs lambda, les charmes de Schiappa sont déployés à destination des élus, des maires, ceux qui n'ont pas encore craqué. « Venez marcher avec nous. Nous ne serons pas d’accord sur tout : c’est ce qui fait (encore) la beauté du débat d’idées. Mais nous serons rassemblés sur une destination. »

Destination Macron.

Vous ne vous reconnaissez ni dans la droite Mignon, ni dans la droite Macron, qui n'en font qu'une seule, en fait ? Rassurez-vous, vous êtes des millions.

Alors, la prochaine fois, pourquoi ne pas tenter la suprême transgression : voter pour quelqu'un qui ait un cerveau et qui l'ait en lui ? Sans cervelle portative à ses côtés.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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