Voiture électrique : Ursula von der Leyen fait une première marche arrière

Pour Pierre Chasseray (40 millions d’automobilistes), le recul bruxellois est un signe fort.
@chuttersnap/unsplash
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Lundi 3 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une mesure d’assouplissement des contraintes écologiques imposées aux constructeurs automobiles : l’application d’amendes (très lourdes) en cas de non-respect des niveaux d’émission de CO2 prévus au calendrier va être suspendue pour l’année à venir.

« Aucun constructeur ne paiera d’amende en 2025 », a confirmé Mme von der Leyen, rapporte Le Figaro, qui précise que cette mesure était attendue par « les gouvernements français et allemand, qui souhaitaient desserrer l’étau autour de leurs constructeurs nationaux ». Concrètement, ce système d’amende borde le calendrier de réduction progressive des émissions carbonées de leurs véhicules que Bruxelles impose aux constructeurs automobiles. Chaque année, on calcule la moyenne des émissions moyennes de CO2 des véhicules par chaque constructeur. Alors qu’en 2024, ce niveau maximum était de 95 grammes de CO2 par véhicule et par kilomètre, il a été abaissé de 15 % pour 2025, donc à 81 grammes. Les véhicules électriques, comptant pour zéro dans le calcul, font baisser la moyenne et l’objectif est donc d’obliger les constructeurs à en vendre de plus en plus pour éviter l’amende. Or, les ventes de véhicules électriques étant en chute depuis un an, la plupart des constructeurs, notamment français et allemands, se seraient retrouvés avec des amendes colossales sans cet ajournement des sanctions par Bruxelles pour 2025.

« La Commission européenne ne connaît rien à l'automobile »

Pour bien comprendre le contexte et les enjeux d’un système aussi complexe que technique, nous avons fait appel à Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes : « L'Union européenne, avec à sa tête Ursula von der Leyen, a développé une stratégie de mutation du marché de l'automobile pour aller vers le 100 % électrique. Le problème, c'est qu'en faisant ça, elle fait la part belle à l'Asie, bien plus avancée que nous en ce domaine, ce qui tue donc littéralement l'industrie et la technologie européennes. » Les difficultés actuelles auraient donc dû être anticipées… « Sauf que la Commission européenne ne connaît rien à l'automobile et au développement des nouvelles technologies, elle n’a aucune vision des aspects de recherche et développement, et elle s’est lancée dans ce programme sans compétence et par pure idéologie. »

Malgré les réticences polies de plusieurs constructeurs, dont Carlos Tavarès, ancien PDG du groupe Stellantis, Ursula von der Leyen a gardé le même cap. « Oui, elle a trouvé que politiquement, ça faisait bien, ça faisait "écolo", de dire qu'on allait interdire les ventes de véhicules thermiques. Le problème, c'est qu'en fait, ça ne marche pas et qu'on n’a pas du tout la capacité de tenir l'agenda », nous explique Pierre Chasseray. « Il y a deux failles, dans son projet, continue-t-il. La première, c'est l'interdiction du 100 % thermique, qui condamne inutilement des énergies de transition comme les carburants de synthèse, le GPL et l'éthanol. La seconde, c’est qu’elle s’est appuyée sur les pays les plus développés de l’Union européenne, qui la soutenaient au départ, en méprisant l’opposition des pays de l’Est européens. » Or, aujourd’hui, on se rend compte que nos véhicules électriques n'ont pas l'ascendant sur les technologies chinoises, dont nous sommes en réalité dépendants à 100 %. « La France,notamment, comprend qu'on était en train de se tirer dessus, et même pas une balle dans le pied, mais en pleine tête. » D’où une grosse pression franco-allemande sur Bruxelles. « Et Il faut ajouter à cela que le Parlement français est revenu sur l'interdiction du thermique qu’il avait précédemment programmée à l'horizon 2035 », rappelle Pierre Chasseray à BV.

« Débrancher la voiture électrique de Mme von der Leyen »

Faut-il pour autant crier victoire alors qu’Ursula von der Leyen n’a annoncé qu’une simple année blanche sans amende et a bien précisé que le programme était conservé en l’état ? « Regardez ce qu'il se passe en France avec les ZFE (zones à faibles émissions). On repousse, on repousse, d'année en année. Et là, c'est la première fois que Mme von der Leyen accepte d'infléchir sa position. Ce recul semble être trois fois rien, mais ça y est, c’est un recul, un signal fort. »

D’autres signes incitent-ils à l’optimisme ? « Oui, le temps qui passe, et qui prouve chaque jour un peu plus que ce programme est inapplicable. Ainsi que la pression des pays concernés, qui va croissante. Il faudra bien, un jour prochain, débrancher la voiture électrique de Mme von der Leyen. » Et s’il fallait un argument concret à opposer à son rêve électrique, au-delà de son coût pour une majorité d'usagers, pour Pierre Chasseray, ce serait : « Un Français sur deux ne possède pas de place de stationnement. » Pas de place, pas de recharge. Pas de recharge, pas de véhicule électrique. CQFD.

Vos commentaires

48 commentaires

  1. La chute de l’UE c’est la seule chose qui redonnera de l’espoir aux peuples européens, cette secte néfaste n’a que trop oprimé les peuples vivement la fin…

  2. L’idéologie, surtout verte, finit toujours de la même façon : explosée sur le mur des réalités. Il suffit d’attendre.

  3. Maintenant qu’avec la voiture électrique on a coulé l’industrie automobile, il est un peu tard pour faire machine arrière !

  4. On peut tout de même s’étonner que Madame Von der Leyen puisse avoir une telle main-mise sur l’Europe, elle qui n’a, faut-il le rappeler, aucun droit à imposer des sanctions car non-élue des peuples européens ! Peut-être faudrait-il remettre les choses en place et arrêter de prendre ses paroles comme paroles d’évangiles.

  5. Exemple type, et très pesant, des aberrations bruxelloises. Plaquer sans discernement des mesures très brutales concernant l’électrique autoroutier est en train de coûter des fortunes et d’entraîner beaucoup de chômage. Les Constructeurs avaient pourtant prévenu. Un grand merci à la nouvelle chef de guerre Van der Leyen. Va-t-elle imposer la fabrication urgente de « panzers » électriques ?

  6. >>> « Aucun constructeur ne paiera d’amende en 2025 » !
    Et voilà !
    Madame von der Leyen, qui ne dispose d’aucun mandat au suffrage universel direct en France, plastronne et décide quel constructeur automobile français devra ou non payer des amendes ! De la même façon qu’elle est allée en Amérique du Sud brader nos fromages pour vendre ses automobiles allemandes.
    A part cela, elle vous dira que l’Europe sous sa forme actuelle est une excellent chose à laquelle il serait vraiment dommage de mettre fin.

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