Pontarlier : une sortie scolaire dans une mosquée turque fait scandale

La polémique enfle depuis la publication de plusieurs documents mettant en cause la mosquée DITIB de Pontarlier.
Crédit pexels merve arli
Crédit pexels merve arli

Que s’est-il passé, à Pontarlier ? Depuis quelques jours, cette petite commune située à plus de 800 mètres d'altitude, dans le massif du Jura, se retrouve au cœur d’une vive polémique. Tout est parti d’un tweet du lanceur d’alerte Damien Rieu, daté du vendredi 11 avril. Il y révélait que des élèves du collège de Pontarlier avaient été emmenés dans une mosquée locale, dans le cadre d’une visite scolaire. Plus inquiétant, encore : le jeune homme précisait que ladite mosquée n’est pas une salle de prière islamique lambda mais un lieu de culte affilié au très controversé DITIB, organisation émanant directement du ministère des Affaires religieuses de la République de Turquie ! « C’est gravissime », alertait Damien Rieu, en appelant dans son tweet au rectorat de Besançon.

Interrogé par la presse locale, l’imam de la mosquée assure que cette sortie scolaire ne revêt aucun caractère prosélyte. « Il s’agit d’un moment d’échange où les élèves font connaissance avec un imam, où ils peuvent poser des questions. Ils ont demandé à quoi sert un imam, s’il peut se marier, avoir des enfants… », a ainsi justifié Tarik Akkoyun.

L’homme a néanmoins reconnu que sa mosquée est bel et bien affiliée au DITIB, organisation sous tutelle directe d’Ankara, particulièrement active en Allemagne où sa radicalisation est fréquemment pointée du doigt. Mais « ça n’est pas pareil en France », jure le religieux. « Nous ne recevons pas d’ordre du ministère. Nous sommes indépendants. […] Ma fonction, en tant qu’imam, c’est l’intégration sous le drapeau français tout en conservant les valeurs cultuelles et culturelles turques, dans le respect des valeurs d’intégration et de laïcité de la République. » Un sabir qui a manifestement su rassurer les autorités.

L’aveuglement des autorités

Car aux yeux du rectorat, la sortie scolaire organisée les 9 et 10 avril derniers à la mosquée DITIB ne pose absolument aucun problème. « Cette visite fait partie des visites de lieux de culte organisées par les enseignants qui peuvent se saisir de cette modalité pédagogique. Elle a été préparée, encadrée, a ainsi déclaré l’académie de Besançon à nos confrères de L'Est républicain, ajoutant qu’une visite d’église était également au programme. On est en dehors du cultuel, mais bien dans le cadre d’un enseignement global. »

Contacté par BV, Damien Rieu se désole d’une telle naïveté. « Pour le rectorat, c'est juste une simple mosquée. Il ne se rend pas compte... Le rectorat mais aussi la presse et les institutions n’ont pas les compétences pour détecter le radical. » Sur X, le lanceur d’alerte a d’ailleurs partagé d’autres faits pour le moins incriminants. Il a ainsi montré que l’Association des Turcs de Pontarlier - dont dépend la mosquée DITIB – organise des spectacles où est commémorée la victoire militaire des Ottomans contre la France, lors de la bataille des Dardanelles en 1915. Des enfants en armes y endossent le costume des soldats ottomans, qualifiés de « martyrs »... « Les photos font froid dans le dos, observe Damien Rieu. Et c’est là que l’académie de Besançon envoie les enfants du collège Malraux en expliquant à L’Est républicain que c’est parfaitement normal ? »

À l’heure où l’assimilation des immigrés en France est en panne et où l’islam radical fait chaque jour de nouvelles victimes, était-il réellement judicieux d’organiser une sortie scolaire dans une telle mosquée ? « Ça ne me choque pas que des enfants aient un minimum de culture religieuse, mais l'islam doit être traité différemment », estime Damien Rieu, qui rappelle l’existence d’un « double discours » fréquent, au sein de certaines institutions religieuses.

Depuis les dernières révélations sur la mosquée DITIB de Pontarlier et l’association dont elle dépend, les services de l’État n’ont plus communiqué. Sollicitée, la préfecture du Doubs n’a pas encore répondu à nos questions.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

39 commentaires

  1. On ferme une école privée, sans motif, 100% de réussite aux examens, et on fait une visite de mosquée dans une autre, cherchez l’erreur.

Commentaires fermés.

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