[Humeur] Pénurie de chauffeurs de bus scolaires : les fonctionnaires autorisés à cumuler

CONDUCTEUR DE BUS

C'est bien connu : en France, on n'a pas de pétrole, mais on a… des fonctionnaires ! Beaucoup de fonctionnaires. Énormément de fonctionnaires. Plus que partout ailleurs dans le monde, sauf peut-être en Corée du Nord.

À gauche, on estime que c'est le prix à payer pour les services publics de qualité exceptionnelle dont l'actualité nous démontre chaque jour les brillants résultats en matière de sécurité, de justice, d'éducation, d'accès aux soins, etc.

À droite, de fieffés libéraux osent se demander si, face aux impôts parmi les plus élevés de la planète - autre record -, nous en avons vraiment pour notre argent ; et même si une bonne partie des serviteurs de l'État n'occuperaient pas des emplois quasi fictifs.

Comme s'ils voulaient corroborer cette hypothèse, cinq ministres respectivement chargés de nos fonctions publiques viennent de signer un décret autorisant les fonctionnaires à cumuler avec leur emploi « une activité lucrative de conduite d'un véhicule de transport scolaire ou assimilé ». Fini, donc, le principe selon lequel ils doivent consacrer l'intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées, et l'interdiction d'exercer à titre professionnel une activité privée lucrative.

Et c'est logique : quand les 35 heures hebdomadaires - que les internes de ma génération effectuaient en deux jours - se transforment en 32 ou 33 dans certaines administrations, on s'ennuie vite, et ça laisse des loisirs… Seul hic, les candidats devront obtenir l'accord préalable de leur employeur principal, ce qui devrait poser problème à ceux qui se déclarent chroniquement à la limite du burn-out.

On voudrait être une petite souris pour assister à l'entretien des demandeurs avec leur directeur d'hôpital, leur directeur départemental de la sécurité publique, voire leur commandant de régiment !

Ces futurs collègues d'Émile Louis « en alternance » devront-ils être filtrés par le fichier des pédophiles ? Passer le permis D nécessaire pour les transports de plus de huit personnes ? Passer un test de dépistage de psychotropes ? On n'en sait trop rien pour le moment, mais on l'imagine. On a trois ans pour l'apprendre, puisque c'est la durée de ce dispositif expérimental censé pallier le manque de chauffeurs de nos chères têtes plus ou moins blondes…

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Après les »bus-Macron », un nouveau pan de l’organisation française qui tombe en quenouille. A quand la destitution ?

  2. Sincèrement, je pense que ce dispositif est basé sur d’autres critères. En effet, dû aux horaires scolaires, les collectivités doivent trouver des centaines de chauffeurs de bus scolaires, recrutés sur les mêmes horaires 7h – 9h puis 16h-18h ; soit 4 heures par jour. A part les désespérés, qui accepterait un travail à mi-temps avec une pause inoccupée de 7 heures ? Voici la cause réelle de cette pénurie de chauffeurs.

  3. Pour les anciens routiers (qui connaissent le gabarit des véhicules) celà pose problème car ils sont accusés soit d’être trop vieux, soit de manger le pain de chômeurs (???), mais pour les fonctionnaires qui sont exténués par leur boulot (et qui ne sont pas de la partie) il n’y a aucun problème. On comprend

  4. Souvent, c’est l’inverse : des travailleurs de la Société civile font un 20, 30 % de travail normalement tenu par un fonctionnaire afin de faire un retour sur la réalité; là je pense aux centres de formation pour adultes. Dans le même créneau je placerai la retraite active de l’armée jusqu’à 100 jours par an ou le retour temporaire des retraités à la vie active pour cause de pénurie; quel jeu de chaise musicale, mais l’orchestre gouvernemental joue faux, changeons le chef d’orchestre entre autres, avec bilan rétroactif.

  5. Avec quel personnel Acadomia fonctionne-t-il depuis trente ans ? Même que pendant la crise civid, « l’entreprise les aurait déclarés comme étant au chômage partiel alors qu’ils travaillaient à temps complet. » (Wikipedia)

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