Il n’a pas encore commencé que les sondages déjà nous plombent : le grand débat, c’est foutu ! Personne n’y croit plus !

Je me méfie terriblement des sondages auxquels on fait dire ce que l’on veut bien. Chacun le sait, les sondages, c’est exactement comme les référendums : tout dépend de la façon dont on pose la question. J’ai eu la faiblesse de répondre, un jour, à un raseur de Médiamétrie qui m’interrogeait sur mes lectures et mes émissions préférées. Le croirez-vous ? Rien de ce que j’aime et qui m’intéresse ne figurait dans son questionnaire. Et il avait, m’assurait-il, "interdiction d’en sortir" !

Qu’importe, on prépare le grand débat qui devrait faire rendre les ronds-points à la circulation et rentrer les gilets jaunes à la maison. Chantal Jouanno, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy, a été affectée à la tâche. Présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), elle confiait, dimanche, au JDD, les modalités d’organisation de son nouveau job. Et le coût de la plaisanterie…

"Pour l'instant, nous avons une enveloppe de 4 millions d'euros pour la mise en place du dispositif", dit-elle, reconnaissant qu’il est bien "difficile de chiffrer un débat d'une telle ampleur". Avec cette certitude, toutefois : "Il sera ressenti comme une opération coûteuse si on ne fait rien des résultats." Monsieur de Lapalisse n’aurait pas dit mieux.

Donc, des réunions d’initiative locale feront remonter les résultats vers une plate-forme numérique et "plein d'outils pour éviter que quelqu'un ne récupère le débat". Bien sûr, "il y aura forcément des réunions ou des initiatives partisanes, mais la méthode retenue nous protège. La consultation passe en effet par cinq ou six canaux différents", dit-elle. C’est "ce pluralisme [qui] rendra impossible le noyautage de l'ensemble". Acceptons-en l’augure…

Toutefois, quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, comme aurait dit Coluche, notamment dans les nouveaux bars à saucisses des ronds-points, on peut se sentir inquiet. Je sais bien que je vais encore fâcher les "giletjaunolâtres", mais force est de constater que c’est, dans ma région, la foire aux slogans débiles et la surenchère dans l’appel au meurtre !

D’où la question qui figure en haut de cette page : et si c’était trop tard ?

Car, à l’évidence, il y a des tas de gens qui n’ont aucune envie de débattre. Pas l’habitude, déjà. Pas les mots, sans doute. Pas d’idées précises, pour finir. Ils veulent « que ça change », un point, c’est tout. Comment ? Pour faire quoi ? Pour mettre qui ou quoi à la place ?

Les thèmes officiellement retenus pour articuler les débats sont : la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté (dont l'immigration), l'organisation de l'État et des services publics. Mais, assure Chantal Jouanno, "vous êtes libres d'ajouter autre chose parce que ces quatre thèmes ne sont pas exclusifs". À condition, toutefois, là encore, que cela ne vienne pas "détricoter" les mesures prises par le gouvernement depuis son arrivée. Ce qu’on appelle une question fermée, en somme…

Pour beaucoup, la revendication est simple. Pas besoin de tergiverser, elle s’écrit en deux mots : « Des sous ! » Par n’importe quel moyen. C’est basique. Concis.

Cette frange-là (si minime soit-elle) est radicale. Elle est influençable, manipulable, ce qui la rend dangereuse et, surtout, inaccessible à la réflexion. C’est elle qui appelle au meurtre des élus ou de la police, elle qui les prend pour cible.

La députée LREM de Vendée, Patricia Gallerneau, a été emmurée avec sa famille dans la nuit de samedi à dimanche. Celle de l’Aude, Mireille Robert, a vu débarquer sur son terrain "quarante hommes casqués et cagoulés". D’autres ont reçu des menaces de mort par courrier…

Pensez-vous que cette frange radicale s’accommodera d’un débat ?

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07 janvier 2019 à 14:49

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