Extrême droite : le piège

extreme droite

Je n’ai pas répondu au sondage de Boulevard Voltaire de la semaine dernière (« Pensez vous que la droite puisse prendre sa revanche aux élections législatives ? »). Cette question a deux implications : la vie politique peut se résumer à un affrontement droite-gauche et la droite a perdu l’élection présidentielle. Cette vision n'est-elle pas simpliste, voire erronée ?

Non, la droite n’a pas perdu. C’est la France qui a perdu, c’est-à-dire le bloc national, bien rangé au second tour derrière la cheffe du « Rassemblement national ». Le vainqueur n’est pas la gauche, qui rêve même d’un troisième tour, mais le camp derrière Macron et « La République en marche », c’est-à-dire le bloc prêt à sacrifier la France à des intérêts supérieurs et en faire un territoire multiculturel.

Bien des électeurs de droite ont voté Macron, retraités et inquiets de la défense de leur patrimoine, notamment. Cette droite a gagné. À l'inverse, bien des électeurs de gauche ont choisi Le Pen pour plus de protection sociale et d’années de loisir après 60 ans. Cette gauche a perdu.

Le bloc vaincu se désigne très simplement comme « national » de lui-même. Le camp vainqueur se reconnaît à sa propension à dénoncer l'extrême droite et à trouver la « France rabougrie », mais son appellation est moins simple. On parle de « bloc élitaire » ou « progressiste », mais ces termes ambigus sonnent faux car ils laissent à penser qu’il ne peut y avoir de progrès dans le cadre national ni une élite attachée plus que tout à la France. Ne serait-il pas juste, par opposition au camp national, de le nommer bloc multinational ou mondialiste ?

Mondialisation et immigration massive menacent l’identité nationale. Les différences entre la France et les États-Unis ou l’Afrique, par exemple, s’effacent. Certains jugent le pronostic vital engagé. La conservation culturelle étant une valeur de droite, les électeurs inquiets du danger pourraient voter davantage à droite. Cela explique que nos médias, portés à gauche, minorent le péril identitaire. Mais la tâche devient trop ardue. Des millions d'électeurs traditionnellement de gauche voient malgré eux l’invasion culturelle et ne peuvent plus voter comme avant.

Ils ne sont pas devenus de droite, ni a fortiori d’extrême droite. Ils ne cherchent pas un chef pour réunir les droites mais tout bonnement un fort candidat de gauche défendant leur nation. Problème : les médias n’ont pas cet article en vitrine. L’irruption de Zemmour a développé le label « droite nationale », en distinction de celle de Pécresse, mais il n’est pas question d'un sérieux candidat de « gauche nationale ».

Ce n’est pas la faute de Roussel, mais ces électeurs de gauche orphelins se jettent en masse dans les bras maternels de Le Pen. Jamais on ne la présentera pourtant comme une candidate de gauche ni même centriste. Si tout le peuple de gauche venait sous son aile, elle resterait labellisée « droite populaire » ou « extrême droite ». Ce terme est devenu une insulte et une imposture : il ne désigne pas, comme il le devrait, les électeurs qui sont très à droite, mais ceux que le camp mondialiste juge trop français.

La lutte droite-gauche se double de celle qui oppose le camp national, désireux de frontières protectrices, et le camp mondialiste-multiculturel. Plutôt que trois blocs, avec un faux centre, ne devrait-on pas voir la symétrie des quatre candidats sur la barre des 5 % au premier tour ? Le Pen et Zemmour dirigent le camp national, madame gardant ses distances à gauche de monsieur (et de sa nièce Marion). En miroir, Macron est en marche à la droite du père Mélenchon dans la famille mondialiste.

Mais l’asymétrie médiatique est totale. Est arrangé un mariage des premiers sous le nom inquiétant d'extrême droite, alors que l’union des seconds est entièrement libre du label d'extrême gauche. Les médias, Macron et Mélenchon ont la même vision de la France : une vieille dame dépassée, plus susceptible d'euthanasie que de réanimation. Avec le terme « extrême droite », ils ont cuisiné une farce hideuse. Pas étonnant que les Français perdent le goût de voter !

Dr Emmanuel Jalladeau
Dr Emmanuel Jalladeau
Médecin neurologue

Vos commentaires

69 commentaires

  1. MLP ne veut pas gagner les législatives c’est aussi simple que ça, tout comme elle ne souhaitait pas remporter la présidentielle. Macron l’avait bien compris, c’est pourquoi il en avait fait son adversaire idéale. Sa rancoeur envers les propos de Zemmour n’est qu’un prétexte. Elle n’a pas digéré Marion. Si RN obtient 10 députés ça servira à quoi, rien, idem pour la merluche même si il en obtient 50, il en fera quoi de ses 50 puisque macron passera ses réformes avec le 49 3 ( un 49 3 par an)

  2. Sur la photo de l’article, avec leur panneau « contre l’extrême droite, un pays solidaire et multicolore » ils ne savent pas que sans Elle n’y a plus de Pays. A ne vouloir appeler « extrême droite » ce qui n’est que la Droite de Zemmour à Le Pen), le Programme abandonné du RPR (La vraie Droite), ils ont complétement trompé les électeurs, dans une Imposture flagrante, qui ne peut que faire tourner le peu de jugeotes de la majorité vers le grand remplacement pour leur idéologie de Loge mondialiste…

  3. suite
    On fait des copier coller avec l’histoire, pour réanimer l’épouvantail nazi, mais rien sur le communisme , tout aussi génocidaire et meurtrier.
    Si on veut s’inspirer de l’histoire , il faut simplement remplacer communisme par islamisme, et on a la situation actuelle, en plus dangereux, car l’islamisme procède d’une religion millénaire , qui est à la fois une spiritualité , une loi (la charia) et une nation suprême.

  4. Tout était dit dans le débat du deuxième tour entre un Emmanuel Macron maitre du jeu et des sujets abordés , et une Marine Le Pen soumise au grand metteur en scène.
    L’mmigration, lislam, la laicité , l’insécurité , tout ce qui dérange repoussé en fin de débat et minimisé au maximum.
    L’UE, Macron et Mélenchon sont en parfait accord sur les sujets de l’immigration et de l’islam.
    à suivre

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