Ils étaient une trentaine de gilets jaunes, le 20 décembre, devant la préfecture de Vesoul. Ils attendaient dans le froid et la nuit le député Christophe Lejeune, parlementaire de LREM. À son arrivée, la discussion s'engage et, très vite, le ton monte, notamment un des gilets jaunes prononce par deux fois à l'intention de l'élu le mot "guillotine". L'échange est filmé et publié sur le site du quotidien L'Est républicain.

Suite à l'altercation et à la vidéo, le député de la deuxième circonscription de Haute-Saône dépose plainte à la gendarmerie de Lure pour "menaces de mort". "La symbolique est très claire : quand on menace quelqu'un de guillotine, c'est lui couper la tête, c'est une condamnation à mort. Il n'y a aucune ambiguïté", souligna M. Lejeune, qualifiant l'incident de "terriblement choquant".

Le 2 janvier, la personne à l'origine de ces menaces est identifiée. L'homme, âgé de 51 ans, habitant une commune du département, est placé en garde à vue pour "menaces contre un élu de la nation". C'est ce qu'indique à l'AFP le procureur de la République à Vesoul, Emmanuel Dupic, tout en précisant : "Je veux mettre fin à ces gestes très éloignés, je crois, d'une manifestation de revendication."

Il fait ainsi allusion au fait qu'il y a quelques semaines, le député avait été l'objet, à son propre domicile, d'une intimidation. Des "gilets jaunes" avaient posé des colliers de serrage sur les portes de sa maison pour l'empêcher de sortir.

Placé en garde à vue, cet ouvrier de profession a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, jeudi 3 janvier, par le tribunal de Vesoul. Il paraît naturel de sévir lorsque des menaces sont prononcées. Certes.

Pourtant, un détail me chiffonne. Il y a un peu plus de trois mois, un clip de plus de neuf minutes d'une violence insoutenable était publié par le rappeur français Nick Conrad sur la plate-forme vidéo de YouTube.

Vous vous souvenez certainement des paroles de la chanson : "Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents !" Avouez que voilà de la barbarie à l'état pur. D'ailleurs, deux scènes sont particulièrement choquantes, l'une dans laquelle un Noir allume une cigarette devant un Blanc pendu au bout d'une corde, l'autre où Nick Conrad lui-même enfonce un revolver dans la bouche d'un Blanc séquestré dans un coffre de voiture, avant de lui tirer dessus.

Suite à ce spectacle, le rappeur avait été simplement entendu dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), porte de Clichy, à Paris. Pour lui, il n'y avait pas eu de placement en garde à vue et, après son audition, il avait pu quitter libre le commissariat. La loi stipule, en effet que "si vous êtes entendu dans le cadre d’une audition libre, vous avez le droit de quitter les lieux à tout moment".

Convoqué au tribunal dans les prochains jours, nous verrons bien ce que valent neuf minutes d'images de menaces de mort adressées à des Blancs au regard du simple cri de "guillotine, guillotine" braillé par un gilet jaune.

Mais il est vrai que, comme l'indique le rappeur, chez lui, nous touchons à l'art : "Je ne peux pas renier ce que j'ai écrit […] c'est la beauté de ce morceau, ça reste de l'art" alors que le cri de rage d'un "sans-dents", devenu par la grâce de Macron un "Gaulois réfractaire", n'est qu'une banale extériorisation de la détresse humaine.

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05 janvier 2019 à 17:13

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