Cette « trend » qui fait croire que l’immigration est indispensable

Plus de dix millions de vues en trois jours. Postée à la fois sur X et Instagram, une courte vidéo fait actuellement le buzz, sur les réseaux sociaux. Le message qui l’accompagne explicite son objet sans détour : « Cette trend consiste à rassembler plusieurs employés de la même entreprise et, ensuite, de retirer ceux qui sont issus de l’immigration. L’idée est de montrer que sans l’immigration, certains métiers seraient vraiment dans la merde. » Voilà qui est clairement énoncé.

Il s’agit, en réalité, d’une initiative allemande lancée, on peut s’en douter, afin de contrer la montée de l’AfD et redorer le blason d’une immigration de masse dont l’image a été ternie, ces derniers mois, outre-Rhin par plusieurs attentats sanglants. « À quoi ressemblerait réellement notre hôpital sans migration ?, questionne la vidéo, dans la langue de Goethe. Sans diversité, il n'y a pas de soin. »

Cette trend consiste à rassembler plusieurs employés de la même entreprise et ensuite de retirer ceux qui sont issus de l’immigration.

L’idée est de montrer que sans l’immigration, certains métiers seraient vraiment dans la merde. pic.twitter.com/Cmp86lUcRw

— Youri (@Youridefou) February 25, 2025

Sur les réseaux français, de nombreux enfants de l’immigration se sont félicités de cette « trend », suggérant même qu’elle devrait être diffusée « sur toutes les chaînes d’information ». « Faisons grève, juste une semaine, toutes les personnes issues de l’immigration, juste pour voir ce que ça va donner », invite l’un d’entre eux. « Sans l’immigration, les systèmes de santé s’effondrent littéralement », ajoute un autre, rapidement approuvé par un troisième : « Sans l’immigration, les pays qui la détestent et la combattent n’existent plus. » Ben voyons !

Un argumentaire fallacieux

Sur X, des internautes vigilants ont « débunké » ladite vidéo en soulignant son illogisme évident. « C'est complétement con, s’agace une Française. Sans immigration, y a beaucoup moins de monde à soigner, à surveiller, à défendre, à nourrir, à loger. Faut réfléchir, des fois. »

Une partie de l’immigration travaille et se rend utile, notamment dans le secteur de la santé. C’est exact. Personne ne dit le contraire, personne ne prétend que l’intégralité des immigrés et de leurs descendants sont au chômage et se tournent les pouces du matin au soir. Mais ce n’est pas pour autant que notre pays ne saurait survivre sans eux. La France s’en sortait fort bien, il y a 50 ans, avant l’arrivée de cette immigration de masse. Aujourd’hui encore, de nombreux pays fonctionnent parfaitement sans recourir à une main-d’œuvre venue d’ailleurs. Voyez la Chine, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, le Luxembourg, etc.

Vous vous êtes déjà demandé à quoi pourrait ressembler un pays sans immigration massive❓

Découvrez la Pologne, un exemple fascinant de cette réalité. Dans notre vidéo, plongez au cœur d’une nation qui préserve son identité culturelle‼️ pic.twitter.com/21xNzSEwaV

— Wolf (@PsyGuy007) August 31, 2024

En France, les territoires à forte concentration de populations immigrées ne sont d’ailleurs pas ceux qui s’en sortent économiquement le mieux. C’est le moins que l’on puisse dire. Comme la fameuse « trend » nous y invite, retirons « ceux qui sont issus de l’immigration » et voyons qui est vraiment « dans la merde ». Chiche ! Sur X, Pierre Sautarel, le fondateur du site Fdesouche, a noté avec une pointe d’ironie que l’expérience a été tentée dernièrement à Paris, non sans succès : « L'opération a été tentée à grande échelle à Paris pendant les JO, ça a bien marché... » Pas faux.

L’angle mort de la comptabilité ethnique

Par ailleurs, si l’apport de l’immigration est substantiel dans certains domaines, il est encore plus remarquable dans d’autres. Pourquoi ne pas tourner une même séquence au sein d’une prison, par exemple ? Retirons les personnes issues de l’immigration, pour voir. Il y a fort à parier que le problème de surpopulation carcérale disparaisse d’un même coup de baguette magique.

« Faisons pareil dans les chambres d’hôpitaux, aux urgences, à la CAF, à la CPAM, dans les transports en commun... Suis pas certain que cette trend soit, au final, à l'avantage des progressistes », a fort justement ajouté un autre Français, en commentaire de la vidéo virale. Il se trouve, en effet, que si les enfants de l’immigration contribuent au bon fonctionnement du service public, ils en sont aussi de grands consommateurs. Il y a deux jours à peine, l’INSEE confirmait ainsi le surcoût que font peser les habitants des cités sur le reste de la population en termes de prestations sociales.

#QPV | Plus de sept résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sur dix bénéficient d’au moins une prestation versée par les caisses d’allocations familiales, contre environ quatre sur dix sur l’ensemble du territoire.
https://t.co/YySSM4TSy6 pic.twitter.com/vrFswTGStm

— Insee (@InseeFr) February 25, 2025

Au-delà des petits sketchs manipulateurs dont la gauche inonde les réseaux sociaux, il faudrait calculer le coût réel de l’immigration afin de mettre tout le monde d’accord. Coup de chance, cela a déjà été fait. En prenant en compte les immigrés et leurs enfants, le coût serait estimé à 1,4 % du PIB, soit 35 milliards par an, selon Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'Observatoire de l’immigration et de la démographie, qui s'appuie notamment sur des chiffres de l'OCDE. En y ajoutant encore les frais de santé et de logement, les dépenses induites par l’insécurité, la délinquance et le terrorisme, certains estiment même le déficit de l’immigration en France à la somme de 40 milliards d’euros par an.

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