Didier Guillaume n’en finit pas de manger son chapeau

Un vrai bonheur, notre ministre de l’Agriculture ! Devant les questions angoissantes de son intervieweur – on est chez Bourdin ! – qui s’inquiétait des risques de rupture de la chaîne alimentaire, il répondit : « Il faut favoriser les circuits courts. Acheter son poireau, ses asperges et son fruit à l’agriculteur du coin ; celui que je connais. » Té… On vous l’avait bien dit. Laissons-le poursuivre : « Je veux saluer le patriotisme alimentaire ! Les grandes surfaces s’y sont engagées. » Un peu dommage qu’elles n’aient songé à mieux rémunérer les producteurs français, dirons-nous. Mais point de mesquinerie. Cette fois, c’est dit : « On mangera français, ma brave dame ! » On mangera français car « il faut nous recentrer sur ce que nous sommes, nous-mêmes. Sur ce que sont nos tripes, notre patrimoine - on a cru entendre Stéphane Bern un instant - sur ce qu’est notre culture et notre agriculture. Elle est belle, elle est bonne. » Bien sûr, nous, on le savait bien, que le bœuf aux hormones, ça vaut pas les tripes à la mode de Caen. Et que l’angus, c’est pas mieux que la limousine et la charolaise. Mais quand même !

Oui, quand même, car le ravi du beau matin est partisan de faire pousser le soja ici-même. Vous ne le croyez pas ? Si, si… Je vous l’assure. « Il ne faut pas que les tourteaux de soja fassent le tour de la Terre ou nous viennent en bateau d’Amérique », poursuivait-il. « Il faut une exception alimentaire dans les traités internationaux », vous dis-je, qu'y disait, not’ ministre. Bon, c’est vrai que le CETA et autres traités contiennent plus d’exceptions culturelles qu’agriculturelles… Le reste devait être écrit dans la version française, seulement, peut-être ?

Notre bon Guillaume poursuivait dans la même veine : au boulot ! Les travailleurs immigrés ne peuvent cueillir des fraises ou butter de l’asperge ? « J’appelle à l’armée de l’ombre », répondait-il. « Aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas. Il y 200.000 emplois directs dans les métiers de l’agriculture. Nous sommes en crise, nous avons besoin d’une solidarité nationale. Allons dans les champs. Dans un acte civique et citoyen ! » Quel lyrisme. Du Jaurès… « Il faut une mobilisation générale de ceux qui ont envie de bosser ! Envie de travailler. Et si je le fais, c’est pour les miens ! Il faut que mes concitoyens fassent ce geste de patriotisme alimentaire : j’achète français ; j’achète des produits français ! je ne veux pas que mes concitoyens – quel délice, ce possessif ! – mangent du poulet brésilien élevé dans des conditions dramatiques. » Il se répète un peu, là, dis ? Mais c’est si bon qu’on lui pardonne…

Les 35 heures ? Bah… On a le droit de s’asseoir dessus : « C’est déjà fait dans la loi travail de Muriel Pénicaud, on peut travailler la nuit, le dimanche. » Faut dire que si y a plus de messe… « C’est quand il y a des grandes crises qu’on se remet en cause », concluait-il. Ben oui, mon camarade. C’est comme tu dis ! Si tant est que ces propos n’étaient pas dus au virus ou au blanc du matin… Rejoins-nous vite car m’est avis que tu n’resteras pas ministre bien longtemps ! Remettre en cause les 35 heures et le chômage et les traités internationaux, et appeler au patriotisme alimentaire ! Tout ça publiquement en vingt minutes d’interview… Quel beau ministre de Marine, Marion, Zemmour ou un autre tu feras !

Bertrand du Boullay
Bertrand du Boullay
Ingénieur à la retraite

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